Page images
PDF
EPUB

de ses nobles efforts, dans la confiance, dans l'amitié si flatteuse dont l'ont honoré des prélats non moins recommandables par leur éminente piété, que par leur science et un zèle infatigable pour la défense de l'orthodoxie et la gloire de l'Église '.

Mais avant de terminer, nous voulons prévenir une objection. N'opposera-t-on point à cette doctrine qu'elle confond la science et la certitude philosophique avec la théologie, puisqu'elle invoque la même autorité pour l'une et pour l'autre ?— Pourquoi donc la pbilosophie et la théologie n'auraient-clles pas le même principe, le même point de départ? Serait-ce à dire que les vérités philosophiques seraient de nature différente des vérités théologiques? Non certes, et si les unes et les autres sont métaphysiques et surnaturelles, pourquoi ne leur reconnaîtrait-on pas une origine commune, un critérium commun? Croyons une bonne fois que la parole du salut pour l'âme est aussi la parole de vérité pour l'intelligence; et puisque Dieu a été assez bon pour nous éclairer de sa lumière, recevons donc cette lumière dans tout notre être, et que notre esprit en profite comme 'notre cœur: sic enim creditur et docetur quod est humanæ salutis caput, non aliam esse philosophiam, id est sapientiæ studium, et aliam religionem'. Oh! restons dans le gouvernement de la Providence, et ne nous renfermons pas dans le cercle étroit et vicieux de notre raison propre; pour moi, je le déclare hautement avec le savant philosophe de Strasbourg, je ne veux pas d'autres livres de philosophie que les Livres saints; car tout est là; j'honore les autres, en tant qu'ils ont des rapports avec cette parole de vérité, et s'ils n'en ont pas, je les repousse. Certes, il y a plus de science et de sagesse dans une seule épitre de S. Paul que dans pas un des philosophes de l'antiquité. L. FOISSET.

Anc. sup. du petit sém. de Dijon.

1 Mgr. de Trévern, vicaire-général et ami du cardinal de la Luzerne, maintenant évêque de Strasbourg, si connu par le livre remarquable intitulé: Discussion amicale avec les Protestans.-S. E. le cardinal de Rohan, homme de cœur et d'action, sitôt enlevé à l'église, avait confié à M. Bautain ce qu'il avait de plus précieux, la direction de son Ecole des hautes études ecclésiastiques.

1 S. Aug. De verá relig., c. v.

[ocr errors]

Astronomie.

PROBABILITÉS DE L'HABITATION DES ASTRES.

Grandeur prodigieuse des corps célestes.

·Probabilités qu'ils sont ha

bités. — Les planètes. — Les étoiles fixes. - Leur nombre prodigieus. —Les nebuleuses. — Réponse à ceux qui disent que la population des astres scrait une objection contre la révélation.

Nous espérons que nos lecteurs nous sauront gré de leur donner les morceaux suivans, extraits de deux sermons du docteur Chalmers, prédicateur très connu en Ecosse, et qui ont eu plusieurs éditions. Ils y trouveront d'ingénieuses probabilités sur la question de savoir si les astres et les planètes sont habités.

« De nombreuses analogies nous conduisent à penser que les astres sont habités comme la terre. Nous savons que notre terre tourne sur elle-même, et nous voyons que tous les corps cèlestes, que nos observations peuvent atteindre, tournent également sur leur axe. Nous savons que notre terre parcourt uné révolution autour du soleil dans le cours d'une année, et nous pouvons observer que toutes les planètes tracent leur révolution autour de cet astre. Sur ces corps, comme sur la terre, la nuit et le jour se succèdent, et les saisons règnent tour à tour.

Dans les grandes dispositions de sa sagesse, Dieu a fait pour les planètes comme il a fait pour la terre. Comment prononcerions-nous sans témérité que les rapports ne vont pas plus Join, parce que nous n'en voyons pas davantage ? dirons-nous que c'est pour l'amusement de quelques astronomes que les cieux ont été revêtus de magnificence ? réduirons-nous les conseils de Dieu à l'étroite mesure de nos vues? prononceronsnous que la plus grande partie de la création n'est qu'une vaine parade, et que dans toutes les régions célestes il n'existe pas un seul adorateur de la Divinité ?

1

Le raisonnement acquiert plus de force encore par les décou vertes que les instrumens perfectionnés nous ont mis à portée de faire sur les points de ressemblance de certains corps célestes avec notre globe. Nous savons maintenant que chacune des planètes a ses jours, ses nuits, et la succession des saisons; que quelques-unes ont des satellites, comme notre lune, pour régler et éclairer les nuits, des montagnes et des vallées, une atmosphère qui peut servir à la respiration, des muages qui peuvent amener des pluies fécondantes. Enfin, l'une de ces planètes nous présente le phénomène d'une teinte blanche, qui augmente dans ses régions septentrionales pendant son hiver, et se dissipe pendant son été, qui s'évapore, retombe en neige pendant la saison froide, et se fond ensuite peu à peu.

Mais notre système planétaire a ses limites, et l'espace n'en connaît pas. Perçons par la pensée dans cet espace sans bornes n'y trouverons-nous qu'une morne solitude? six orbites planétaires seulement sont visibles pour nous sans le secours de l'art. Que sont donc ces corps lumineux, répandus avec profu. sion dans la voûte du firmament ? Les planètes sont dans la dépendance du soleil. Elles rendent hommage à cette puissance qui les retient dans la trace des mêmes révolutions, autour de cet astre. Mais les autres corps célestes ne reconnaissent pas cet empire; ils ne tournent point autour du soleil ; ils restent dans la même situation les uns pour les autres. Que sont donc ces flambeaux sans nombre qui brillent jusque dans les parties les plus reculées de l'univers ? sont-ils destinés à présenter leur faible lueur à l'observateur, sur notre terre, ou bien remplissent-ils des fonctions plus utiles et plus relevées ? éclairent-ils d'autres systèmes planétaires, en nourrissant dans d'autres mondes la végétation et la vie?

La première chose qui frappe le philosophe, lorsqu'il considère les étoiles fixes, c'est leur distance: elle confond l'imagina. tion. Si tout notre système planétaire était un ballon de feu, ce ballon ne paraîtrait qu'un point à peine visible à l'observateur placé sur l'étoile fixe la moins distante de nous. Un boulet de canon lancé du soleil mettrait des centaines de milliers d'années à parvenir à l'étoile fixe la moins distante de lui. Si notre terre qui, dans son mouvement autour du soleil, parcourt cinq cent

[ocr errors]

mille lieues par jour, sortait de son orbite, et se dirigeait avec la même vitesse sur l'étoile fixe la plus voisine, il faudrait, pour l'atteindre, plus de tems qu'il ne s'en est écoulé depuis la créa tion. Ce sont là des notions effrayantes pour la faiblesse de notre intelligence. Le calcul le plus rigoureux en démontre la vérité; mais l'imagination humaine n'est point assez forte pour embrasser de tels espaces.

Cependant, que peuvent être ces étoiles fixes, placées à de si vastes distances de notre système planétaire ? d'abord leurs masses sont évidemment prodigieuses; sans cela, elles ne se-. raient point aperçues de nous. La lumière scintillante qu'elles jettent leur appartient en propre, car une lueur réfléchie, comme celle des planètes, ne parviendrait pas si loin.... Notre soleil, vu à la distance d'une étoile fixe, n'offre sans doute qu'un point lumineux dans l'espace: il devient lui-même une. étoile ; chacune de ces étoiles est donc un soleil comme le nôtre, et pourquoi chacun de ces soleils ne serait-il pas le centre d'un système planétaire ?

A la distance immense qui nous sépare des étoiles fixes, on ne doit pas s'attendre à saisir divers rapports entre elles et notre seleil. Il y en a un cependant qui n'a pas échappé à nos astronomes. Nous savons que notre soleil tourne sur lui-même, dans un tems donné. Nous savons que sa surface est parsemée de taches sombres, qui sont visibles au télescope. Si l'une de ces faces était couverte d'un plus grand nombre de taches que l'au tre, l'effet de cette différence serait une diminution, et un retour alternatif et régulier de sa lumière. Or, il y a des étoiles fixes qui présentent ce phénomène : nous en voyons de la première grandeur, dont la lumière s'affaiblit peu à peu, jusqu'à ne paraître que des étoiles de la seconde grandeur, puis diminuer encore. Nous en voyons enfin qui disparaissent à nos yeux, et qu'on croirait éteintes, si le télescope ne nous les faisait encore découvrir, et si nous ne pouvions, à l'aide des instrumens, observer le retour graduel de leur éclat. Quelle conclusion tirer de ce phénomène, si ce n'est que les étoiles fixes sont, comme notre soleil, des masses lumineuses, et tournent comme lui sur, leur axe.

Mais dirons-nous donc que ces soleils ont été créés en vain.

Le nôtre gouverne des mondes: pourquoi les autres soleils n'auraient-ils pas la même destination? nous ne les voyons point ces mondes, mais si l'œil de l'homme pouvait percer jusqu'à eux, il perdrait de vue le globe que nous habitons: notre système planétaire tout entier s'évanouirait pour nous, avant que nous eussions franchi l'effrayant abîme qui nous sépare des étoiles fixes.

La contemplation est comme l'espace, elle ne connaît point de bornes. Si nous demandons quel est le nombre de ces soleils, et par conséquent, de ces systèmes de mondes semblables au nôtre, l'observatenr dont l'œil n'est secondé d'aucun instrument, répond environ mille; celui qui s'aide du meilleur télescope, en compte au-delà de quatre-vingts millions; mais que sont les nombres déterminés par la portée de nos organes et l'industrie de nos arts! A mesure que nos instrumens se perfectionnent, le nombre des étoiles augmente: qui empêche que l'imagination ne dépasse le point où le télescope cesse d'aider notre faible vue ? dirons-nous qu'il n'y a rien au-delà ? la portée de nos yeux est-elle la mesure de la puissance divine? les merveilles du Tout-Puissant finissent-elles là où nous cessons de les découvrir? dirons-nous que la force créatrice est épuisée, parce que nos organes se fatiguent, parce que notre imagination même se lasse et s'épouvante, en se plongeant dans le vague des cieux, en traversant dans toutes les directions des espaces sans limites, en s'efforçant vainement de saisir l'idée mystérieuse de l'immensité ?

Les observations des astronomes ont encore étendu nos spéculations sur la structure de l'univers, par la découverte des nėbuleuses. Nous étions disposés à croire que les soleils et leurs systèmes étaient indéfiniment répandus dans l'espace, et à des distances à peu près égales entre elles. Maintenant nous avons des motifs de conjecturer que ces soleils sont disposés en groupes distincts, et qu'ainsi que la prodigieuse distance de l'étoile fixe la plus voisine de nous isole de cette étoile notre système planétaire, de même le groupe de tous les soleils que nous appelons étoiles fixes, est isolé du groupe voisin par des distances suffisantes pour prévenir les perturbations. Les groupes de soleils, indépendans les uns des autres, dans les mouvemens qui

« PreviousContinue »