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n'existaient pas encore au tems de Moïse, ont été substitués, comme plus connus, à des noms anciens et tombés en désuétude, par Esdras ou par l'auteur du canon des Juifs, ou par quelque autre; peut-être, dans les premiers tems, ont-ils été seulement mis en marge par forme d'éclaircissement, puis définitivement insérés au texte à la place des anciens noms, qui n'étaient plus en usage. Ces circonstances et autres semblables sont, comme l'observe Stattler, plutôt propres à confirmer qu'à infirmer l'authenticité du Pentateuque; en effet, l'imposteur qui aurait entrepris de fabriquer le Pentateuque, tâche pour laquelle il lui aurait fallu un savoir, une prudence et une finesse plus qu'ordinaires, n'aurait pas été assez maladroit pour se trahir par cette sorte d'anticipation.

Défense de Moise, comme auteur du Pentateuque.

Mais, 1o, disent les incrédules, du tems de Moïse il n'existait ni papier, ni parchemin, ni caractères alphabétiques; on se bornait à graver sur la pierre des figures hieroglyphiques, destinées à rappeler la substance des choses; ainsi Moïse n'a pu rédiger le Pentateuque par écrit.

2° Moïse, au milieu d'un désert stérile, parmi les Hébreux, dénués de tout, n'aurait jamais pu trouver de quoi faire un livre.

3° L'auteur du Pentateuque, rapporte, dans le plus minutieux détail, toutes les circonstances relatives à des localités voisines de l'Euphrate: or, Moïse n'étant jamais allé dans ce pays, ne pouvait avoir connaissance de tous ces détails géographiques.

4° L'auteur du Pentateuque parle de Moïse à la troisième personne : donc cet auteur et Moïse n'étaient pas le même per

sonnage.

5° Différens passages du Pentateuque contiennent de pompeux éloges de Moïse, et la modestie ne permet pas ordinaire ment à un auteur de se louer ainsi lui-même.

Réponse. 1o Il n'est pas vrai de dire qu'il n'y eût pas de caractères alphabétiques du tems de Moïse : les historiens de l'antiquité attestent que les anciens se servaient d'un stylet ou poinçon, ou d'un pinceau, pour écrire leur histoire sur des tablettes de bois, quelquefois "enduites de cire, ou sur des écorces, de

grandes feuilles d'arbres, du papyrus d'Egypte, des peaux d'animaux, de diverses étoffes, etc. Au lieu d'encre, ils employaient du noir de fumée, du charbon, le suc de certaines plantes, et même des couleurs. On n'a, du reste, aucune donnée sur le procédé dont en particulier Moïse a pu faire usage '.

2° Quant à la pauvreté des Hébreux, les incrédules devraient se rappeler qu'ils entrèrent dans le désert chargés des dépouilles des Egyptiens; qu'ils eurent des métaux, des peaux, etc., pour construire le tabernacle, et qu'ainsi Moïse n'a pu manquer des objets nécessaires pour écrire le Pentateuque.

3. Moïse pouvait tenir ces notions géographiques et topographiques, non-seulement des voyageurs, mais de son aïeul, qui avait vécu avec les enfans de Jacob dans la Mésopotamie, où coule l'Euphrate.

. 4° Xénophon, Jules César, Procope et Fl. Josèphe, dans leurs ouvrages, parlent aussi d'eux-mêmes à la troisième personne ; quelqu'un s'avisera-t-il d'en conclure qu'ils n'en soient pas les auteurs?

50 N'est-il pas possible qu'un historien juif ait ajouté aux écrits de Moïse quelques éloges du législateur de sa nation', sans qu'il s'en suive que Moïse ne soit pas l'auteur du Pentateuque ? Ces éloges, d'ailleurs, sont rares: ils n'excèdent pas les bornes de la modestie, et il ne serait nullement étonnant qu'ils fussent de Moïse lui-même.

Voir Papyrus aussi ancien que Moise, Table générale des matières des 12 volumes.

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Ordres religieux.

RÉSURRECTION DE L'ORDRE DES BÉNÉDICTINS EN FRANCE.

Catholiques! nous venons vous annoncer une grande joie. Les jours d'opprobre vont cesser pour nous. L'esprit divin a de nouveau soufflé sur cette noble terre de France; et cette portion si riche, sipure de l'Eglise, va resplendir d'un nouvel éctat. Voici que le sacerdoce va reprendre son rang dans la société moderne. Alors que l'univers gémissait étouffé sous la tyrannie romaine, le premier il jeta le cri de liberté, le premier it proclama la dignité de l'homme, et il s'avança d'un pas ferme, à travers les haines et le martyre, à l'affranchissement et à la civilisation des peuples. Lui seul, au moyen-âge, arracha le monde à la fureur des, Barbares et à la nuit ténébreuse qui menaçait de l'ensevelir. Et voici encore que de nos jours des prêtres au cœur généreux, aux vastes pensées, brûlans de foi, d'espè rance et de charité, ont entendu le cri de détresse poussé par la science, qui périt chétive et flétrie depuis qu'un honteux divorce a été consommé entre elle et la foi. Ils ont voulu rendre à l'homme de prière un asile où on pût en paix servir son Dieu; à l'âme triste et désenchantée des illusions de la terre, une retraite où elle pût abriter et calmer les orages de son cœur; aux peuples souffrans de la faim, de la misère, des consolateurs et une providence qui ne manque jamais; à l'homme de travail, un désert à défricher, à l'ombre de la croix au pied de laquelle ses recherches et ses conceptions profondes ne seront point troublées; ils ont voulu enfin offrir à la société menacée d'une subversion mortelle, un coin de terre où les idées d'ordre, de

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paix et de civilisation ne pussent point périr. L'ordre si célèbre et tant regretté des Bénédictins va renaître de ses ruines, et de nouveau enfanter au milieu de nous ces prodiges de fʊi, d'érudition et de vertus qui durant douze siècles ont été l'honneur de l'Eglise. Dans la province si chrétienne du Maine, sur les bords de la Sarthe, à une légère distance de la jolie petite ville de Sablé, l'antique prieuré de Solèmes vient d'être arraché au marteau des vandales, et rendu à l'étude et à la prière. Honneur au saint zèle de ces prêtres! la France contemporaine leur devra une des plus belles pages de son histoire.

Catholiques! à l'insulte et au sarcasme on a osé mêler la calomnie. On nous a jeté à la face que notre foi était morte, et on n'a pas craint de nous proclamer ennemis de la science et du progrès, nous les disciples de celui qui fut la lumière du monde ". Nos cœurs se sont indignés de tant d'injustice, et de nos rangs se sont levés deux hommes à la puissante parole (MM. de la Mennais et Bautain), et ils ont relevé le gant, et ils ont prouvé au monde ce que pouvait encore la foi dans la vertu de la croix. Voici que les nouveaux enfans de saint Benoît se lèvent à leur tour pour venger notre cause et marcher à l'œuvre de la régénération.

Il n'est pas bon que l'homme soit seul, surtout pour adorer Dieu. Le chrétien a besoin de mêler ses effusions d'amour et d'espérance à celles de ses frères. Il a besoin aussi d'unir ses efforts, ses méditations, ses veilles laborieuses, aux travaux de ceux qui partagent ses pensées et sa foi. Aussi voyez ce qui se passe autour de nous ! comme tout languit et se meurt dans l'isolement! La philosophie profane confesse son impuissance. Pas un de ces sages d'hier qui ait fondé une doctrine, formé un disciple pour continuer son œuvre. La littérature, épuisée de caprices et d'immoralité, a désespéré d'elle-même comme ces jeunes hommes décrépits qui se refugient dans le suicide quand ils ont dévoré leur printems. L'histoire, après avoir remué, assemblé, disposé de vastes matériaux, suecombe de lassitude, et renonce à en soulever le poids. Babel est sous nos yeux : les ou

* Erat lux vera que illuminat omnem hominem venientem in hune mundum. Johan, ch. 1, v. g

vriers, confondus de ne plus s'entendre, ont abandonné leur tache. Quelques-uns encore, çà et là, taillent des blocs isolés, dressent ou cisèlent dans le désert une colonne perdue; tous attendent l'idée-mère qui seule peut se saisir de ces pierres gigantesques dispersées, et les ordonner en édifice. Oh! nous touchons au jour où s'élevera le temple de la science chrétienne, le temple du vrai Dieu. Et ce sera l'ouvrage, non de l'orgueil humain, qui ne comprend rien aux choses du Ciel et ne fait que des ruines, mais bien de l'esprit de foi et de charité, qui seul a le don des miracles. Saluons l'aurore de cette résurrection glorieuse.

Et vous, âmes jeunes et ardentes, pour qui déjà la vie n'a plus de fleurs ni d'illusions, vous à qui le monde pèse par les malheurs et les déceptions amères, vous pour qui la terre n'a plus de joies, plus de consolations, plus d'avenir, il ne vous reste pas que le désespoir. Il ne vous sera point fermé, le lieu propice aux consolations de la prière, aux larmes et aux inspirations du repentir. Qu'ils renaissent, ces pieux asiles, objets de tant de regrets et de tant de vœux, ces longs cloîtres silencieux, où l'âme avide de paix et éprise des charmes de la solitude, s'abîme en Dieu par la pensée, et oublie le monde et ses pompes mensongères pour les biens éternels! et nous verrons encore les landes défrichées et fécondées par des mains couvertes de bure, et le monde redeviendra chrétien! Qu'elles nous soient rendues ces divines psalmodies, ces saintes veilles, cette vie dégagée des sens et de la matière; et nous reverrons ces âmes d'élite, aspirant à la vie des anges, se partager entre les salutaires austérités de la pénitence, les douces extases de la prière, le travail des mains, les graves et fécondes méditations de l'intelligence et du cœur !

Pour vous, qui seriez tentés de croire la piété exilée de la terre de France, et de désespérer de son avenir, nous venons vous annoncer une grande joie! pourquoi tremblez-vous, hommes de peu de foi? Oubliez-vous donc que la croix a vaincu le monde ? oubliez-vous que notre Dieu sait faire servir à l'accomplissement de son œuvre les plus faibles instrumens, et confondre quand il lui plaît le fol orgueil de l'impie? Fecit potentiam in brachio suo, dispersit superbos mente cordis sui..... et exaltavit humiles. (Luc, c. 1.) Oui, les haines du dernier siècle contre le Catholicisme

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