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pour gagner l'estime de ses compatriotes, sans craindre de s'en voir frustrer par un charlatanisme effronté; ses facultés s'agrandiront par l'espoir de la considération publique, et il s'empressera de suivre les routes tracées à toutes les classes de citoyens pour la plus grande prospérité nationale.

Nous avons déjà vu que c'est par la propagation des lumières que l'on peut parvenir à découvrir successivement ces routes; ainsi la libre circulation de la pensée doit rendre ces deux services à la fois, de faire connaître les meilleures choses et les meilleurs hommes, en tarissant les sources de l'erreur et des intrigues. Tels doivent être les effets naturels de la liberté de la presse; les effets tout contraires auront nécessairement lieu, si elle demeure comprimée.

On cherche une division de pouvoirs, qui, au lieu de se combattre perpé tuellement, s'unissent au contraire pour tendre toujours au même but. Ces pouvoirs seraient le pouvoir d'opinion, et le pouvoir d'action. Le premier cherche les routes qui mènent vers la prospérité; le second dirige par ces routes tous les efforts particuliers, organisés entre ses mains. Qu'importe une légère agitation qui n'a pour objet que de trouver ce qui est utile? L'agitation dangereuse n'est jamais que celle que les factions produisent; et quelle faction peut-il y avoir, si chacun est animé du même esprit, si les distinctions ne sont plus l'ouvrage du caprice, mais celui d'un discernement juste, éclairé par l'analyse des faits; si chacun reconnaît la nécessité d'un pouvoir, et du sacrifice d'une portion de sa liberté? Or, nous sommes assez mûris par l'expérience pour être bien pénétrés de ces maximes; et s'il reste encore quelques individus engoués de vieux préjugés à cet égard, ou heurtés à leurs opinions exagérées, ils se trouveront tellement noyés dans le nombre de ceux qui sont fatigués de révolutions, qu'ils rougiront bientôt de leur rôle absurde. Il ne faut pour cela que la volonté du prince : c'est la mère abeille dans une ruche; on le suivra partout, dès qu'il aura donné le sigual, et qu'on saura qu'il veut le bonheur commun, sans faire acception de personne ; je l'avoue, de semblables principes sont loin de la sombre maxime, divisez pour régner. Puissent donc mes concitoyens ne voir dans ces réflexions rapides que le désir sincère de prévenir toute réaction nouvelle, de leur inspirer ces sentimens nobles, cette bienveillance universelle qui porte à ne pas exiger des autres plus qu'on ne serait, peut-êtrẻ, capable de faire soimême ! Puissent-ils sentir la nécessité d'immoler l'orgueil individuel qui divise tout à l'orgueil national qui réunit tout; de ne pas se croire supérieurs aux autres par leur nature, mais seulement par leur position dans l'ordre social; de comprendre que le vrai but du gouvernement est d'entretenir l'harmonie entre tous les corps; que les distinctions inutiles sont toujours odieuses ou ridicules, et subversives de l'émulation; que c'est à ce même ordre social que doivent se rapporter tous les efforts particuliers; qu'il est susceptible d'une infinité de formes différentes, entre lesquelles les avantages et les défauts sont partagés ; que toutes exigent l'exercice d'un pouvoir quelconque, et par conséquent le sacrifice d'une portion de liberté! Puissent-ils sentir enfin qu'il vaut mieux supporter quelques inconvéniens, que de prétendre à une perfection, qui, dans la pratique est une chimère, et dont la théorie est trop incertaine; que ce qu'il y a de plus utile en morale est d'apprendre à se contenter de son sort, et que la nature, pleine de sagesse, a établi entre les hommes une sorte de compensation qui fait que l'inégalité des conditions est presque toujours plus apparente que réelle.

Quant à vous, ministres, qui jouissez de la confiance de S. Majesté, vous la méritez sans doute par vos lumières et votre dévouement pour sa personne sacrée ; mais vous ne savez pas lui faire des amis : vous travaillez sans cesse à 27*

Ꭲ . XL.

désunir ceux que vous devriez chercher à rapprocher; vous exaspérez de plus en plus des hommes qui ne veulent que la concorde; vous ne faites pas savoir au prince, que dans le cœur d'un roi, les intérêts de la grande famille doivent l'emporter sur toutes les affections privées. Avez-vous déjà oublié que Napoléon n'est tombé de si haut, que parce qu'il n'a jamais voulu permettre qu'on lui dit ⚫ la vérité, ni qu'on la dit à la nation française? Est-il de la dignité du prince de chicaner sur quelques expressions obscures de la Charte constitutionnelle, comme s'il en était déjà au regret de nous l'avoir donnée ? et dans le cas d'un doute, ces expressions qui sont de lui ne doivent-elles pas toujours être interprétées de la manière la plus libérale? Un roi ne doit-il pas aller au delà plutôt que de rester en deçà de ce qu'il a promis? et ne devriez-vous pas lui rappeler sans cesse ce passage sublime de la proclamation de son aïeul Henri IV, n'étant encore que roi de Navarre :

Qui peut dire au roi de Navarre qu'il ait jamais manqué à sa parole ? »

FIN DU VOLUME QUARANTIÈME ET DERNIER.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE QUARANTIÈME VOLUME.

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CENTS OURS.
D. 98.

reur

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Chambre des Représentans; séance du 3 juin,

p. 149. — Chambre des Pairs; séance du même jour, p. 150. — Représen-

tans; séance du 4. Il se manifeste une opposition. Nomination de Lanjuinais

en qualité de président, p. 150. - Pairs, 5 juin. Le comte Lacepède est

nommé président. Liste des membres de la Chambre des Pairs, p. 153. —

Représentans, 5 juin. Vive discussion sur la question de savoir si un cham-

bellan peut être convenablement intermédiaire entre la Chambre et le chef de

l'état, p. 155. - Séance du 6; discussion relative au serment, p. 156. —

Séance impériale pour l'ouverture de la session. Réunion des deux Chambres,

7 juin, p. 161. Représentans. Séance du 8 juin, p. 162. - Séance du 9,

p. 163. — Séance du 10. Adresse à l'empereur; sa réponse, p. 164. — Adresse

de la Chambre des Pairs, p. 166. —Représentans. Séance du 13 juin. Re-

gnault donne lecture du rapport du ministre de l intérieur sur la situation

de l'empire, p. 167. Séance du 15 juin. Discussion animée sur une propo-

sition de M. Malleville, relative aux provocations séditieuses et aux abus de

la liberté de la presse. Leguevel, député du Morbihan, soumet à la Chambre

un projet de loi pour la répression des délits commis par les nouveaux chouans.

Vive agitation. Dupin propose la nomination d'une commission de vingt et un

membres, qui sera chargée de réunir, de refondre et de coordonner les con-

stitutions de l'empire, en un projet de loi général; cette proposition est

prise en considération. Malleville demande, comme article réglementaire es-

sentiel, que jamais ni l'intention, ni l'opinion de l'empereur ne puissent être

citées dans une discussion. Débat à ce sujet, p. 172-179. - Séance du 16 juin.

Boulay de la Meurthe, ministre d'état, annonce à la Chambre le commence-

ment des hostilités; il présente à la Chambre, au nom de l'empereur, le rap-

port qui lui avait été fait par le ministre des affaires étrangères, sur tout ce qui

s'était passé depuis le 15 mars. Texte du traité du 25 mars entre les puissances

étrangères. Analyse des autres pièces contenues dans le rapport. Motion d'or-

dre du représentant Jay. Vive discussion sur la question de savoir si le rap

port n'aurait pas dû être adressé à la Chambre et non à l'empereur. Intes

pellation à Boulay de la Meurthe. Nouvelles de l'armée. Ordre du jour du

14 juin, daté d'Avesnes. Bulletin du 15, daté de Charleroi. Bataille de Fleurus,

p. 171-190. — Séance du 17 juin. Discussion pour savoir si la Chambre pren-

dra l'initiative à l'égard des mesures qu'un rapport du ministre de police

générale, lu par Regnault, dit être nécessaires contre les ennemis de l'ordre

public. Ordre du jour, p. 190-194. - Pairs. Séance du 17 juin. Nouvelles de

l'armée. Nouvelles de la Vendée, p. 194. — Représentans. 20 juir. Discussion

sur la proposition de Dupin, relative à la formation d'une commission cen-

trale. La rédaction de M. Ligerct de Chassey est adoptée, p. 95-200. — Pre-

mier bruit du désastre de Waterloo, Nouvelles de l'armée. Bataille de Ligny

TABLE DES MATIÈRES.

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Extrait du

sous Fleurus, p. 201. Bataille de Mont-Saint-Jean, p. 205.
Moniteur de Gand. Affaires de France, p. 205. - Représentans. 24 juin. La
Fayette et Lacoste proposent de déclarer que l'indépendance nationale est
menacée, et présentent en même temps un projet sur les mesures à prendre.
La rédaction de La Fayette est mise en délibération, elle est adoptée. Les
propositions se succèdent. La Chambre se forme en comité pour entendre un
message de l'empereur. Il est nommé une commission de cinq membres pour
s'entendre, avec une commission de la Chambre des Pairs, sur les moyens
Pairs. Séance du 21 juin, p. 216-220.
de salut public, p. 207-216. -
Séances des commissions de la Chambre des Représentans et de celle des
Pairs. Négociations secrètes avec Napoléon (extrait de Thibaudeau), p. 220.
Abdication de Napoléon, p. 222.-Représentans. Séance du 22 juin. Vives dis-
cussions. Dupin propose à la Chambre de se constituer en assemblée nationale;
Mourgues, en assemblée constituante. Opposition animée. Sur la proposition
de Regnault, la Chambre décide qu'il sera envoyé un message à l'empereur
pour lui témoigner sa reconnaissance, et le respect avec lequel elle accepte
dont
son abdication, et qu'il sera nommé une commission de cinq membres,
trois seront choisis dans la Chambre des Représentans et deux dans la Cham -
bre des Pairs, pour exercer provisoirement les fonctions du gouvernement.
La discussion sur la situation présente continue. Nomination des membres
du gouvernement provisoire, p. 223-238. Pairs. Séance du 22 juin. Dis-
cussion sur la situation militaire. Ney et Latour-Maubourg sont entendus
Débat sur le successeur de Napoléon, p. 238-247.- Réflexions des auteurs,
p. 247. Représentans. Séance du 3 juin. Discussions constitutionnelles.
à
passer
Quel sera le successeur de Napoléon? Discours de Manuel; il fait
l'ordre du jour sur les diverses propositions qui ont été faites, sur ce que
Napoléon II est devenu empereur des Français, par le fait de l'abdica-
tion de Napoléon Ier, etc., p. 247-260.- Pairs. Suite de la séance perma-
nente du 23 juin. Détails sur les événemens militaires, donnés par le comte
Drouot, p. 260-265. — Effet produit sur la population par l'énergie que dé
ployèrent les représentans dans leur séance du 22 juin, p. 265. — Proclama-
tion de la commission du gouvernement aux Français, p. 266. — Adresse des
élèves de l'Ecole run1

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du 24 juin, p. 268. — Représentans. Séance du 24 juin. Dépêche du général
Lamarque sur les affaires de la Vendée. La Fayette, Horace Sébastiani,
d'Argençon et Laforêt, nommés par le gouvernement provisoire pour négo-
cier avec les puissances alliées, demandent l'autorisation de la Chambre
(Accordé ), p. 269-175.- Séance du 25 juin. Lecture de diverses adresses.
Une loi rendue sur la proposition faite la veille par le gouvernement provi-
soire lui confere la dictature sur certains points déterminés et relatifs au
salut public. Davoust est chargé de la défense de Paris, p. 275-280.- Séance
du 26 juin. Discussion et vote du projet de loi qui autorise le gouvernement
provisoire à employer la réquisition pour assurer les subsistances et les trans-
ports militaires, p. 280. Travaux extra-parlementaires. Intrigues pour
faire dévier la Chambre des Représentans, p. 282-296. — Représentans.
Séance du 27 juin. Motion d'ordre de Manuel. Bulletin de l'armée, du 27 juin,
Pairs. Séance du 27 juin, p. 294. — Représentans. Séance du
p. 291-294.
28 juin. Discussion sur les mesures urgentes. Suite de la motion de Manuel.
Détails sur l'état de l'armée, donnés par le général Mouton-Duvernet. Lettre
du gouvernement provisoire à Wellington. Adresse de la Chambre à l'armée.
Paris est mis en état de siége, p. 295-508. - Pairs. Séance du 28 juin, p. 308-

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