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Paris. Imp. E. CAPIOMONT et V. RENAULT, rue des Poitevins 6,

LIEUTENANT-COLONEL

LUCIEN BONAPARTE

ET

SES MÉMOIRES

1775-1840

D'APRÈS LES PAPIERS DÉPOSÉS AUX ARCHIVES ÉTRANGÈRES

ET D'AUTRES DOCUMENTS INEDITS

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G. CHARPENTIER, ÉDITEUR.

13, RUE DE GRENELLE-SAINT-GERMAIN, 13

1883

Tous droits réservés.

ET

SES MÉMOIRES

CHAPITRE PREMIER

LUCIEN BONAPARTE EN ITALIE

1804-1803

Lucien Bonaparte en Italie. Il s'arrête à Parme.

chateau de Bassano.

Son séjour au Son désir d'aller à Rome.- Arrivee de sa mère et de sa sœur la princesse Borghese. But diplomatique de ce dépla

cement.

Lucien Bonaparte s'installe à Rome dans le palais Lancellotti.- Exclusion de Lucien du trône de France.— Dépit qu'il en ressent. Opinion de sa mère sur les événements. Vie de madame Lætitia à Rome. Son entourage. Madame Clary. Madame d'Andelard.

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Le docteur

Backer. - Le sacre. Lucien se rend à Milan. L'empereur s'y rend egalement. Départ de Lucien. -- Sa correspondance avec l'empereur, le cardinal Fesch et Talleyrand. Rupture complète entre les deux frères. - Projet de Lucien de se rendre en Amérique.

Lucien se rendit directement en Italie. Il voyageait in- ̧ cognito.

Après s'être arrêté à Parme, il vint s'installer pour quelques semaines dans l'une des propriétés du prince Justiniani, au château de Bassano.

Le site était ravissant, l'installation confortable. Les deux jeunes mariés s'y plurent. Ils y commencèrent leurs mémoires. Mais il était dans la destinée et dans les goûts de Lucien

de ne pouvoir séjourner longtemps quelque part. Bassano1 n'était qu'une sorte d'entrée en matière, Rome restait l'objectif espéré.

Lucien y avait des amis et un parent puissant, son oncle Joseph Fesch, cardinal-prêtre de la sainte église romaine, du titre de Sainte-Marie-de-la-Victoire, archevêque de Lyon, ministre plénipotentiaire de la République près le SaintSiège. Grâce à eux, il comptait y trouver un accueil sympathique, une sécurité relative et les moyens de continuer ses menées dans le centre de l'intrigue universelle. Il avait raison.

Sa situation fausse et son titre de frère du chef redouté du gouvernement français étaient des passeports plus que suffisants pour lui assurer la bienveillance intéressée d'une cour toujours portée par tempérament et par politique à se montrer onctueuse pour les grands disgraciés de ce monde, susceptibles de jouer un rôle à un moment donné. D'ailleurs, ses rapports antérieurs avec les signataires du Concordat et son premier voyage à Rome et à Naples lui avaient donné presque un droit de cité, droit que les négociations actuellement pendantes en vue du sacre du futur César n'avaient fait que confirmer.

En effet, Lucien se trouvait encore chez le prince Justiniani, lorsque sa mère et sa sœur, la princesse Borghèse, arrivèrent dans la capitale des États pontificaux.

Madame Lætitia était accompagnée de madame Clary son amie, de madame d'Andelard, une ancienne chanoinesse devenue sa dame de compagnie, de l'avocat Gayeux, son secrétaire, du docteur Backer, de dame Saveria, la femme de charge, du fils de celle-ci, et d'une femme de chambre. Pauline avait avec elle son mari, son beau-frère, le prince Alexandre Aldobrandini et son fils Dermide Leclerc.

Le déplacement de tout ce monde avait un but politique.

1. Lucien Bonaparte pendant son séjour de six années en Italie a habité successivement :

Le château de Bassano, le palais Lancellotti à Rome, le palais Nugnez, la Ruffinella, la villa Mécène à Tivoli, Rocca Priore. Dragoncella, Canino, l'Apollina, Bagnaja, Croce del Baccio.

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