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rains, roi, régent, connestables et confrères du serment de Saint-Georges. L'image de Notre-Dame au Bruisle fut restaurée en 1659 par François Delmotte, peintre. Quelques années plus tard le retable de son autel fut rehaussé par maître Jehan Boniface, tailleur d'images (1); c'est-à-dire que cet artiste exécuta un retable portique dans le nouveau goût du temps. Il fut peint et doré par maître Truffin. La chapelle fut en même temps repavée et repeinte.

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A l'opposite de l'emplacement de la chapelle Notre-Dame, bien avant son érection, existait (sous la tour) la chapelle de Saint-Nicolas, aujourd'hui disparue. Elle était décorée de peintures retraçant la vie du saint évêque de Myre. En 1417 maître Gérard Keutart fut chargé de refaire, repoindre et reordonner la vie dudit saint » et en même temps de " repoindre, redorer et rapointier Monseigneur saint Nicolay et y faire une neuve croche d'estain et icelle dorer. » On éleva en 1434, en l'honneur du patron de l'église, un nouvel autel orné d'un riche retable, taillé par Jehan de Sandres moyennant la somme considérable de 120 livres de gros 10 sous. Le retable contenait les images de saint Nicolas, de saint Nicaise et de saint Eloy. Il fut probablement peint par Robert Campin, le maître de l'illustre Roger de la Pasture. Du moins Robert alla avec maître de Sandres visiter les retables de saint Jacques et de saint Nicaise avant qu'on exécutât celui de saint Nicolas. Quoi qu'il en soit, Robert Campin travailla de sa main aux décorations polychromes de cette dernière église. Il entreprit, par exemple, pour 67 sous 7 deniers de peindre et dorer le pignon de saint Nicolay.

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(1) MR Jean Boniface figure parmi les six principaux maîtres tailleurs d'images du temps ayant passé chef d'œuvre pour pouvoir esquarir pierres cités en 1651 dans une requête des tailleurs d'images réclamant contre la prétention des maîtres tailleurs de pierre de leur interdire le premier équarrissage de la pierre. Ce document a été signalé récemment par notre confrère M. A. de la Grange, en même temps qu'une ordonnance des mai'res tailleurs de pierre de Tournai en date de 1687 à 1700.

L'autel de saint Nicolas était garni de courtines. Les comptes mentionnent, en 1470, l'achat de « X ausnes de franges employées au battiel servant au tabernacle saint Nicolay qui en l'anée des comptes a este refait, » et parlent d'une relique qui se trouvait à cet autel, ainsi que d'un drap de tapisserie tendu sur un châssis, qu'on pendait devant saint Nicolas.

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La chapelle de saint Nicolas était ornée de vitraux peints. En 1519 Eton Rollier, voirrier, met une pièce à la verrière Saint-Christophle de la chapelle Saint Nicolay (1).

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Il y avait dans l'église, au XVe siècle, plusieurs autres autels. Celui de Saint-Hermès, placé entre le choeur et la chapelle Notre-Dame, était orné d'un retable sculpté en bois orné de peintures. Aux jours de fêtes, on enlevait les volets peints et on les suspendait dans les chapelles des fons, laissant à découvert les sculptures polychromes des panneaux intérieurs. Les peintures et dorures de ce retable, exécutées en 1475, devaient être d'une grande valeur, vu leur prix élevé (60 livres 9 sous 5 deniers) et l'habileté de leur auteur, qui est le même maître Philippart Truffin, dont nous avons parlé plus haut.

En 1751, les maîtres de la Confrérie de Saint-Hermès firent élever un nouvel autel, qui existe encore aujourd'hui. Il est question, en 1479, de l'autel de Saint-Victor, qui est mis à la disposition du collège des maniers. Plus tard, en 1606, on fit un retable en bois peint pour la chapelle Sainte-Anne. En 1489, il est parlé de l'autel de SaintJacques, placé entre la tour et la grande nef.

En 1460, quatre nouveaux autels venaient d'être posés dans l'église. Le suffragant de Monseigneur de Cambray vint les bénir. Sire Jean de Launoit, alors curé, concourut apparemment pour une bonne part à leur édification; les

(1) 1519. A Eton Rollier voirrier

pour avoir monté à la grande verPour avoir mis une pièce

rière nommé le O le refait en pluiseurs lieux.

à la verrière S. Chrystofle de la chapelle S. Nicolay. - Pour avoir livret un paneau a une verrière du choeur derrière le Sacrement.

égliseurs lui permirent de placer une lame devant le grandautel pour y établir plus tard sa sépulture.

En 1692, le sieur Théry fonda une chantrerie à l'autel Saint-Joseph, qui était placé vis-à-vis de la chaire.

L'église, au moyen âge, était remplie d'ouvrages de peinture et de sculpture; les comptes en font quelque mention dans ces curieux passages :

1417. Payé à Bauduin Leclerc point. pour av. point les dees vi paires delles (ailes) avec ung ault. paire que le cure de le dce egl. a done, point et dore les dces ш croches ш aultres mitres de S. père, le chief S. Nicaise, repoint tout noef xvi escus des preux, refait et rapointié les deux cloquiers (dais au-dessus des statues) l'un de Saint Lehire (S. Eleuthère) et laut. de Sainte Barbe et le moulin Saint Victor avec ung sans visaige et une orghenes.....

1519. Payé à Ostelet tailleur d'ymaiges pour deux noeuves croches pr les ymaiges S. Anthoine et S. Gilles et une double croix noef pour S. Brixe, pr avoir venu recoler les deux mains duit S. Brixe.....

Notons ici les noms d'un de nos peintres, Baudouin Leclerc, et d'un de nos tailleurs d'images, Ostelet. Les 16 écus des preux soulèvent toute une intéressante question à étudier. On remarquera enfin dans ces deux passages la mention des statues de S. Nicaise, de S. Eleuthère, de S. Piat, de Ste Barbe et de S. Victor (de Marseille). Nous pouvons y ajouter celle de Ste Barbe, devant laquelle était pendu un bassin à monter et descendre (1444), celle de Ste Marie-Magdeleine, dont on refait le chassis ». en 1446, celle de S. Gabriel, restaurée en 1470, et une statue de la Vierge Marie, posée dans le cimetière contre la chapelle de S. Nicolas sur un tablet fermé par deux « volets, (deux foelles a fachon d'huis cloant le tablet.) Les images des douze apôtres étaient peintes sur les piliers des nefs, et devant ces peintures se dressaient des candé

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labres, allumés aux jours de fêtes. A l'un des piliers était aussi représentée en peinture « l'image de madame Sainte Anne (1479). Ces différents sujets, sans aucun doute, étaient encadrés dans un ensemble de polychromie, qui devait orner l'église d'une manière fort riche.

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Le chœur était couvert d'une voûte lambrissée, qui subsistait encore, mais pourrie, en 1681. Les égliseurs représentaient en cette année : qu'il était fort nécessaire de réparer la couverture de l'église, où il pleut, et aussi le lambris du chœur qui était pourri et un sommier qui menaçait ruine. » Le chevet de la toiture était surmonté d'un ange en plomb, qui fut réparé en 1478. Ce motif de décoration symbolique a été adopté au chevet du chœur de la cathédrale, à l'imitation de la sainte chapelle de Paris. Les deux fenêtres du fond de l'abside étaient garnies de vitraux peints; ils furent restaurés en 1475 par un « mizelier de la rue S. Martin, qui « remit à point les deux tabliaux de voire.

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Le grand-autel était entouré de courtines et recouvert d'un dais en étoffe, comme on en voit tant figurer dans les manuscrits du moyen âge. La réserve eucharistique était conservée dans un ciboire en forme de colombe, garni d'étoffes (1), et suspendu au-dessus de l'autel, selon l'ancien usage dont nous avons également retrouvé des vestiges à S. Jacques. (V. Monographie de S. Jacques, p. 103) Dans le fond du choeur était pratiquée une piscine (2). On y voyait aussi du chœur « une traille de fer renfermer les reliques. On trouve beaucoup d'exemples, à cette époque, d'armoires à reliques fermées par des portes en fer cuvragé à claire-voie. Il est enfin question d'un buffet,

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(1) (1489.) — Payé pour le corde servant à pendre le drap de linge pendant deseure le cybole et autres cordes svant au drap qui pent derrière le crucefix.

(2) En 1417, on fit « un mestier deseure de le pechine. »

établi dans le sanctuaire, pour le vin qu'on donnait aux communiants les jours de grandes fêtes.

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L'église possédait un trône épiscopal (On paie, en 1421, Pierart le Loy pour avoir refait le cayere ou siet levesque le jour de S. Nicolay. ») et des vêtements liturgiques à l'usage de l'évêque : Gillart de Lost, orfèvre, est payé en 1444, pour avoir ouvré de son mestier à le

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mitre du vesque de le dce eglise. L'Evêque assistait régulièrement à la fête du patron de l'église, et s'asseyait chaque année à un banquet avec les paroissiens.

Les tourelles qui flanquent le pignon de la façade principale étaient surmontées chacune d'une croix ouvragée en plomb, renforcée à l'intérieur d'une croisure en fer, et surmontée d'une bannière de cuivre doré, détail intéressant au point de vue des usages en fait de décoration architecturale.

La grande nef fut couverte dès l'origine d'une voûte en lambris de chêne, dont les planchettes ont seules disparu. Le beau style des poinçons et surtout le profil ancien des nervures, comparé à celui des pièces correspondantes du berceau lambrissé de la grande chapelle contiguë au chœur, nous permettent d'assigner à la première une date bien antérieure à celle de la chapelle en question, laquelle fut édifiée à la fin du XVe siècle.

La tour semble avoir été élevée en même temps que les nefs. Elle était autrefois surmontée d'une flèche aiguë qui fut à diverses reprises maltraitée par la tempête. En 1366, la nuit de S. Nicaise, un vent furieux « mit le comble de S. Nicolay du Bruille hors de rieulle. (aplomb) (1). Une vue de Tournai, que contient le manuscrit de Pasquier de la Barre, appartenant à M. le comte de

(1) Chronique des Pays-Bas publiée par de Smet, p. 241.

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