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Le siège de Tournai de 1709 fut terrible, tous nos monuments eurent à souffrir des secousses occasionnées par l'artillerie. Toutes les vitres de l'église de la Magdeleine volèrent en éclats et les projectiles endommagèrent les toitures (1).

En l'année de 1779, on fit de grands remaniements à l'église. Les comptes nous apprennent que l'on recueillit des dons pour la décoration du choeur. Leur total, joint au produit de la vente des vieilles boiseries qui rapportèrent 160 florins et du tableau de Ste-Marie-Magdeleine, vendu pour 26 florins, s'éleva à 2403 florins. Les travaux entreFris coûtèrent 1785 florins; ils consistèrent en partie dans le renouvellement des formes et lambris du choeur, entrepris pour, 750 florins par les sieurs Devil'ers et Bokart, maîtres menuisiers. Nous ignorons ce que l'on fit du reste. En 1782, on fit de nouveau appel à la générosité des paroissiens et l'on recueillit une nouvelle somme de 2599 florins. Sur cette somme on acheta à Mamesfeld pour 131 florins, le tableau du maître-autel qui est à présent à la chapelle des fonts et représente le divin Sauveur et Ste MarieMagdeleine. Le tableau qui figure actuellement au retable. de l'autel principal est de Houzé; il a été donné par le Gouvernement, en 1851.

On compléta la boiserie et on fit les escaliers du choeur. Les sculpteurs Marle, Morand et Lecreux reçurent respectivement 411, 196 et 310 florins. (On dépensa en tout 2968 florins) Ce sont eux qui exécutèrent le maître-autel; le médaillon qui figure au sommet est de Lecreux, artiste de la paroisse qui habitait la ruelle de Ste-Catherine.

C'est en 1791 que doit avoir été fait le hideux plafond plat des petites nefs, disparu depuis quelques années. Dans une lettre adressé à l'évêque et dont il est question à propos

(1) Dans les comptes de 1712, il est question de la réparation des toitures, par suite des dégats du siège et l'on voit que toutes les vitres de l'église ont été remises par Bernard van Schoonetre.

du transfer à l'église du bénéfice Ste Agnès, les égliseurs demandent des subsides pour relever les nefs latérales, exposant que l'une d'elles s'est écroulée et que l'on a du démolir l'autre. Il s'agit ici seulement des charpentes et non des murs (1).

Nous ne savons de quelle époque date le plafond surbaissé en plâtre qui, dans le cha ur, remplace l'ancien berceau lambrissé, ni à quelle époque l'on couvrit la grande nef du lambris horizontal qui vient de disparaître. En 1806, on répara le chœur, ce qui coûta 2100 florins; le même travail fut exécuté dans les nefs pour 2640 florins. Une grande partie des anciennes dalles tumulaires furent replacées dans le pavement.

Les cloches.

L'église de la Magdeleine a le rare bonheur de conserver trois cloches du moyen âge, intéressantes à plus d'un titre, et décrites dans plusieurs publications. La plus grande porte cette inscription en lettres gothiques :

Marie suis qni sone an lever Ihurist. Je sers cot l'orage (*) q ds lair tonne (*) et ist. An mois de mars no trois o no posa ceas E la xli avec xiiiie. (2)

Monsieur Du Mortier l'interprète comme suit: Je suis Marie, qu'on sonne au lever, pour Jésus-Christ. Je sers contre l'orage qui tonne et fend les airs. Au mois de mars, nous trois on nous posa céans, en l'an 1441.

Il résulte de cette inscription que trois cloches furent

(1) Le travail de restauration fut payé moitié par le Chapitre et moitié par l'Eglise. Le menuisier fut le sieur Bocart; le plombier, s'appelait Bizė; le maçon, Samuël; le tailleur de pierre, Fiévez; le couvreur, Rossignol; le charpentier, Posteau; le plafonneur, Lagage; le travail coûta 4000 florins pour la part de l'église.

(2) -- (*) Aux places ainsi marquées figure un losarge contenant une rosette.

posées en l'an 1441. Celle-ci sonnait l'ouverture de l'église, probablement le pardon de mydy, selon l'expression employée dans un texte de 1666, et sans doute encore le soir, car le bel et pieux usage de sonner l'Angelus, prescrit au Concile de Clermont, remonte à l'an 1095. En tout cas, sa principale mission, à l'exemple de la moyenne cloche de St-Jacques, était de sonner pendant l'orage (2).

La gracieuse inscription que nous venons de transcrire est accompagnée de quelques ornements. On y voit l'image du Christ à la colonne de la flagellation; sa tête est surmontée d'une gloire, ses mains liées reposent sur une balustrade. Il est abrité sous un dais soutenu par deux colonnes bracelées qui s'élèvent un peu au-dessus de l'édicule et se terminent par trois bracelets séparés l'un de l'autre.

La cloche porte aussi deux écus de forme ronde, dont l'un contient une tour ouverte et crénelée. De la ceinture. pend un ruban sur lequel on lit : Ave Maria.

Sur la seconde cloche on lit le quatrain suivant :

An dessus dict mois et année

Moi Ichanne sui reformée
Des bieus des foulons plainement

Priez Dieu pour eux humblement

La même figure et les mêmes ornements y ont été reproduits dans le même style sur un modèle un peu moindre. On y voit distinctement une image, qui existe confusément sur la précédente. La figure du christ forme la tige d'une croix; le croisillon est posé sur la gloire qui environne la tête du Sauveur, il est plus long que la partie supérieure. Les parties saillantes de droite et de gauche paraissent représenter les clous, les pinces et le marteaux, les instruments de la Passion. On y voit l'image de la Sainte

(2) Payé pour avoir sonné pendant les orages de l'année précédente. (Comptes de l'année 1666 et autres.)

Vierge portant l'Enfant-Jésus sous une triple arcade; on y remarque aussi des écus.

Il est probable que la troisième cloche a été amenéc d'ailleurs, car il serait étrange de trouver ensemble deux cloches baptisées du même nom; on y lit en effet :

Sui Maria A l'au Mil ve xxii me levèrent (1)
Damps Quentin Benoyt abbé de St Augustin et
Catherine de Ligne, damne d'Enghien et de Blau-
gics. (2)

Cette cloche porte l'image de la sainte Vierge comme la précédente et au-dessous, un médaillon.

La quatrième cloche est moderne; elle est ornée d'un christ posé sur la croix qu'embrasse Ste Marie-Magdeleine; voici l'inscription:

Je m'appelle Louise-Amélie. J'ai été dédiée à Ste-MarieMagdeleine par M. Antoine-Louis marquis de Vignacourt, Mme Amélie-Colette-Adolphine de la Croix, née de Verlegans. Et plus bas Drouot frères, fondeurs en 1825.

:

Sur la cinquième cloche est représenté un christ en croix comme sur la troisième, et l'image de la Ste Vierge tenant l'Enfant-Jésus. Voici l'inscription :

Je suis dédiée à N.-D. de Bonne fin. Parrain M. Augustin de Miapelterose, Joseph de Cambry. Jeanne-Ghilaine Cornet. Degré Les Drouot, 1819.

Ces quelques lignes tracées sur l'airain, forment à peu près tout ce que nous savons des cloches de l'église. Les archives de la paroisse ne nous permettent d'y ajouter que quelques renseignements épars.

Une autre cloche que celle qui sont ici mentionnées, fut

(1) En ce point est une fleur de lis.

(2) L'inscription se termine par un écu illisible.

placée en 1649, après avoir été bénite par l'évêque, en même temps que deux autels furent consacrés. Elle avait été refondue par Anthoine Sonnerain (1).

Lors du siège de 1709, les cloches devinrent butin de guerre et durent être rachetées. Nous voyons, en effet, qu'en 1711, on paya au Sr Phs de Clercq, pour le rembourser du prêt par lui fait du rachat des cloches, 192 florins et au S Adrien Desmaire, pour pareil prêt, pour achever la somme totale du rachat des dites cloches, après le siège de cette ville, 156 florins.

Autrefois, il y avait un carillon à la Magdeleine comme à St Jacques; témoin un passage des comptes de 1668 (2). Et cet autre des comptes de 1738 (3).

L'église possédait alors 9 cloches. Pendant la tourmente révolutionnaire, on les cacha. En 1865, le charron Gahide reçut 12 florins pour s'être chargé de descendre nuitamment les cloches et de les cacher. C'est en 1805 que celles qu'on put sauver furent rependues à un nouveau befroi racheté à l'église de St-Martin.

En 1816, les fondeurs Drouot sont chargés d'en refondre une, pour la somme de 700 florins.

Le jubé.

En même temps que les buffets d'orgues de nos églises ont pris des proportions colossales, qui les ont fait reléguer hors du sanctuaire, les jubés furent presque partout enlevés à la destination que la sainte liturgie leur avait assignée de temps immémorial. Ils servirent, non plus à clôturer le choeur, mais à porter les orgues, placées à l'écart, loin des

(1) 1653. Payé à Anthoine Sonnerain pour et autant moins de la refonte d'une cloche, 127 II. 14 s.

(2) Au carillonneur pour livrance de fil d'archau. 2 s 8 d.

(3) Item au carillonneur pour avoir carillonné pendant la procession et à la messe.....

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