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7. A'en position soit latine, soit romane, persiste dans notre dialecte comme en français, dans

part (IV, 4)

imagene (LV, 45)

et char (carnem, XI, 15; LIV, 9).

E

8. E long, accentué en latin, permute en oi. Ex. doivent (1, 2)

voir (verum, II, 7; LVIII, 9)

ardoir (LV, 43)

oir (x1, 15; etc).
etc.

9. Quelquefois ce son oi est rendu par oie, comme dans voier (1, 6)

ou par oe comme dans

oer (x1, 27; XXII, 11; etc.)

10. Le voisinage d'une nasale agit sur e long accentué comme sur á et détermine la production d'un son ai.

Ex. avaine (xxxIII, 7)

plain (plenum, XXIII, 30; xLv, 21; Lv, 69)
paine (XXXVIII, 18)

etc.

11. Dans notre dialecte comme en français e long accentué permute en i dans quelques mots.

Ex. glise (XXXIV, 2; etc.)

cire (LV, 41)

tapic (LV, 21) (1)

(1) Cette permutation est due à l'influence de l't post-tonique de Ecclesia, Ceria (pour Cerea), Tapetium. (Cf. Romania, t. vi, p. 356-7.)

MÉMOIRES XVII,

>

Le même changement dans

mi (me LV, 78)

est spécial aux dialectes du nord de la France.

12. E bref tonique latin persiste dans matere (LX, 10) intermédiaire entre materie et matiere. De même memoria s'est arrêté à memore, dans son passage de memorie à memoire. A côté de matere, M. G. Raynaud a relevé manere dans les chartes du Ponthieu. Nous n'avons pas rencontré cette forme; maneria est toujours maniere (XLIV, 3; LIV, 25; LV, 4; LIX, 3; LX, 11) dans les chartes de Tournay.

13. Mais en général e bref accentué devient ie. Ex. siet (sedet, XVII, 4, etc.)

piet (LIX, 11, etc.)

etc.

14. Les seules exceptions à cette règle sont

ert (erat, ix, 26)

et Deu (Deum, VIII, 5; ix, 4; xiv, 15; xv, 21)

Le mot Dieu se trouve aussi dans nos chartes, mais nous ne l'y avons pas rencontré avant 1235.

15. Quelquefois e bref accentué latin au lieu de se diphthonguer en ie, se change en io, comme dans

miols (melius, III, 5; XIX, 20, etc.)

ou en iu. Nous avons, en effet, rencontré plusieurs fois tiunt (tenet), notamment dans une charte de novembre 1273.

16. E en position se conserve avec le son latin de e ouvert. Il est ainsi traité dans nos chartes comme en français.

Ex. dette (1, 3)
tere (vi, 2)

feste (Ix, 14; XIII, 6)
querele (querella, xi, 28)

17. Ce son e est parfois rendu par ei comme dans

feiste (x, 15)

ou par ai comme dans

daite (debita, 1, 5)

18. Mais les cas où e latin en position persiste en tournaisien, soit sous la forme e, soit sous les formes ei ou ai sont assez rares, et la règle, c'est la diphthongaison de e en ie.

Ex. fieste (1x, 15, etc.)

tiere (XIX, 4; xxxv, 9, etc.)
viers (xvii, 27)

decies (xxvIII, 10)

biel (xxxvII, 11)

siet (septem, XXI, 50; XL. 17)

feniestre (xx1, 14; xxxi, 10)

querieles (xv, 4)

tiermes (XVII, 11)
ivier (LV, 39)

coviert (coopertum, xxx1, 4)

etc.

I

19. I long accentué latin persiste.

Ex. mie (XLII, 16; LIV, 17; LX, 15)

die (dicat, XXIII, 50)

ami (xxvII, 10)

etc.

20. Dans vestier (vestire, xxv, 23) i long accentué se diphthongue en ie; c'est le seul exemple que nous ayions de ce fait où il ne faut vraisemblablement voir qu'une manière de marquer l'i long.

21. I bref devient en tournaisien oi, ai ou e. Ex. foit (fidem, x1, 26; LX, 7)

voie (XXXVII, 3)

quoi (LIX, 11)

quai (quid, xxxI, 10; LVI, 12; LX, 11)

consel (LVI, 4)

cosel (consilium, xxxvIII, 9)
viesece (vetusitia, xxxII, 18) (1)

et mains, (minus, XIX, 4; XLV, 8)

sains (sine, XVI, 5; xxxv, 10; xxxvi, 15) où la nasale exerce la même influence que nous avons remarquée à propos de a et de e.

22. I long est traité comme i bref dans Maria qui devient Maroie (XVIII, 2) ou Maroe (x1, 2) dans nos chartes, (2) De même, i en position romane est traité comme bref dans Recipere, Recoivre (xxx11, 15)

23. I en position devient en général e ouvert.

Ex. ferme (xv, 13, etc.)

metre (XLIII, 12)

24. Mais i en position peut aussi permuter en ei comme dans

meitre (mittere, xxxix, 6)

ou se diphthonguer en ie

Ex. anciele (ancillam, xxIII, 8)

(1) On remarquera dans ces trois exemples la présence d'un í à la posttonique en látin.

(2) Cf. oir et oer (x1, 15 et 27.)

O long tonique latin est traité en tournaisien de façons très diverses, et tantôt persiste, tantôt devient ou, eu ou même e.

25. En général o long persiste dans le voisinage des nasales.

Ex. non (nomen XXIII, 1, etc.)

Mais il prend alors un son particulier représenté par un aussi bien que par on.

Ex. Nicholon à côté de Nicolun (VII)

Quomodo est représenté dans nos chartes par com (viii, 12)

come (XIII, 17)
cum (VIII, 7)
cumme (VIII, 11)
kem (xxvi, 18)

et keme (XXIV, 11)

Nous aurons l'occasion de signaler d'autres exemples de l'affaiblissement de o latin en e.

26. Suivi de r, o long accentué persiste.

Ex. ore (x, 1, etc.)

signor (vш, 13, etc.)

amors (x, 14)

lor (v, 3; vi, 12, etc.)

27. Mais presque aussi souvent o long accentué devient eu. Ex eure (XXVII, 11; xxxix, 5; XLVIII, 16) segneur (VI. 6, etc.)

leur (x1, 10, etc.)

28. Devant s, o long accentué persiste ou devient ou. Ex. nos (XLIX, 5)

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