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Vente par Carpentier à Peterinck.

François Peterinck.

Peterinck

s'établit à Tournai.

Lustre en por

celaine.

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> on avait à espérer de grands avantages pour la ville » accordaient à Carpentier "une pension annuelle de

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» quatre cents florins, pour autant et non autrement qu'il employera et entretiendra à la dite manufacture

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> quarante ouvriers au moins le déchargeant, pour le surplus, de l'impôt sur le bois à brûler. (1)

Carpentier ne devait pas longtemps demeurer à la tête de la fabrique qu'il venait d'établir; un nouveau venu la lui racheta, en même temps que le privilège qu'il avait obtenu des Consaux, et ceux-ci par leur délibération du 25 mai 1751, ratifièrent la convention intervenue entre Carpentier et son successeur Peterinck, à qui revient l'honneur d'avoir importé la fabrication de la porcelaine en Belgique.

François-Joseph Peterinck, né à Lille le 4 octobre 1719, était établi à Ath, marchand on ne dit pas ce qu'il vendait, quand il sentit s'éveiller en lui la vocation de porcelainier, industrie qui passionna le XVIIIe siècle.

Il vint à Tournay vers la fin de 1750, acheta la fabrique de Carpentier, y installa une manufacture de porcelaine et de faïence, et dès le 23 février 1751, il produisit ce qu'on appelait alors son chef-d'oeuvre.

C'était un lustre de porcelaine qu'il avait l'intention. d'offrir au gouverneur des Pays-Bas.

(1) Archives de Tournay. Consaux. Vol. 264.

Les Consaux, invités à aller le voir, gratifièrent de deux pistoles les ouvriers qui avaient travaillé à cette œuvre remarquable. (1)

En même temps Peterinck s'adressait au gouvernement, lui demandant certaines faveurs, et le titre de manufacture impériale et royale pour sa fabrique de fines porcelaines et de faïences.

Il obtint presqu'aussitôt de l'impératrice Marie-Thérèse, un octroi en date du 3 avril 1751, par lequel il lui était accordé de fabriquer à Tournay et à l'exclusion de tous autres dans les Pays-Bas, toutes sortes d'ouvrages de fine porcelaine, et ce, pendant le terme de trente années; pareil privilège lui était accordé pour la faïence, le grès d'Angleterre et le brun de Rouen, mais pour le district de Tournay seulement.

Peterinck pouvait vendre ou faire vendre ses produits dans tous les Pays-Bas, sans qu'aucun corps des marchands, arts ou métiers, pût s'y opposer.

Il était exempt des droits d'entrée et de sortie, tonlieu et autres sur tous les ingrédiens qu'il faisait venir de l'étranger et toutes les marchandises qu'il y expédiait; exempt des droits de barrière sur les terres de

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(1) Archives de Tournay. Consaux. Vol. 265, fol. 77. - Le sieur Peterinck, manufacturier de porcelaines et de faïences nouvellement établi en cette ville, aiant invité la compagnie d'aller voir un lustre de porcelaine qu'il a construit pour le présenter à S. A. R. On a autorisé le sieur procureur-général et fiscal de lui donner deux pistoles pour être distribuées aux ouvriers qui ont travaillé à cette pièce, afin de les animer dans les progrès et perfection de cette fabrique avantageuse à la ville. et ce sans relecture. »

Octroi du 3 avril 1751.

Lieu de la pre

mière fabrique.

marle, derle et autres, ainsi que sur les bois de chauffage et houille pour l'usage de sa manufacture.

Peterinck ni ses ouvriers n'étaient soumis aux règlements des corps de métiers; ils étaient exempts de garde et de guet.

Un commissaire nommé par le magistrat, devait connaître des différends entre eux. Les ouvriers ne pouvaient quitter l'usine sans juste cause à peine d'être traités comme déserteurs.

Peterinck obtenait enfin certaines exemptions d'impôt sur la bière.

Il devait être déchu de son privilège s'il cessait pendant six mois de travailler avec un nombre convenable d'ouvriers; mais en cas de mort, le privilège passait à sa veuve et à ses enfants.

Le gouvernement remettait à plus tard d'accorder à la manufacture le titre de royale, et ne statuait pas sur la demande de l'entrepreneur, au sujet d'une marque à mettre sur les produits de son usine. (1)

La première fabrique était établie au quai des Salines, à l'endroit où se trouve actuellement encore la manufacture de porcelaines. Le 12 mai 1752, Peterinck acheta pour l'agrandir « un packuis sur les Salines, avec jardin et serre, » ayant une entrée par la rue de l'Ecorcherie. Le sieur Dumortier lui vendit cette propriété pour le prix de six mille florins. (2)

(1) Voir le texte de l'octroi aux pièces justificatives.

(2) Arch. de Tournay. Cité, pièces diverses, Layette 1751; et Consaux. Vol. 266, fol. 64.

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Il y éleva aussitôt des constructions, car nous le voyons le 16 mai de la même année, offrir et faire conduire auprès de la maison du curé de la Magdeleine, » les terres qu'il allait faire tirer de son bâtiment. » (1) Sa maison d'habitation fut, dès le principe, à ce qu'il paraît, rue Muche-Vache; (2) c'est dans cette rue assez peuplée et très convenablement habitée à cette époque, qu'il demeurait encore en 1775, lors du recensement fait par les soins de la ville. (3)

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Peterinck compléta encore l'usine de Carpentier, en établissant un moulin destiné à « broyer la patte (sic) de porcelaine, le blanc de faïence, le brun de Rouen et » le grès d'Angleterre,» sur un terrain situé le long de la petite rivière, entre l'Escaut et la porte Marvis, qui avait servi auparavant à un moulin à fouler draps.

Le magistrat lui en concéda gratuitement l'usage pendant trente ans.

Toutefois, celui-ci crut devoir faire remarquer au prince Stathouder, comme à Peterinck lui-même, que le moulin qu'il se proposait de construire, étant proche des fortifications, pourrait souffrir en cas de siège, et qu'il ne pourrait prétendre de ce chef à aucune indemnité.

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 264, fol. 272.

(2) Et non rue Sainte-Catherine comme le dit Hoverlant, qui en vingt mots a énoncé quatre erreurs : Fabrique de porcelaines à Tournay, y érigée l'an 1760 aux frais de MM. Caters et Cie, sous la direction d'un Charpentier de Lille, rue Sainte-Catherine, nommé Peterinck.

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(3) Arch. de Tournay. Inventaire N° 470. Recensement fait en 1775, paroisse de la Madeleine, rue Muche-Vache, 16: François Peterinck manufacturier de porcelaine, né à Lille; sa femme, M. A. Deswattines; quatre enfants, trois domestiques.

Exemption d'impôt sur la bière et le genièvre.

Ouvriers étrangers.

Claude Borne.

Apprentis (orphelins au

pain de la ville.)

Aussitôt en possession de son octroi, Peterinck réclama les exemptions d'impôt qui lui étaient promises. I obtenait, le 15 février 1752, « l'exemption

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de douze sacs de bière, pour la consommation chez lui, des ouvriers travaillant à la manufacture, » et le 31 octobre de la même année, on portait à vingt le nombre des sacs de bière, et on exemptait d'impôt quarante lots de genièvre. (1)

Suivant l'usage des céramistes de son époque, Peterinck fit venir des ouvriers des usines les plus réputées, notamment de Rouen, qui lui fournit d'excellents peintres sur faïence, parmi lesquels nous trouvons le fameux Claude Borne, qui avait acquis sa célébrité dans les fabriques de Nevers et de Rouen. (2)

En janvier 1752, il occupait quarante-trois ouvriers et il prévoyait que ce nombre s'élèverait prochainement à soixante.

En même temps, pour faciliter le recrutement des ouvriers, il se préoccupait de former des apprentis, et demandait à la ville de lui confier, pour les instruire dans son art, dix jeunes gens orphelins, âgés de neuf à quinze ans, recueillis dans les établissements de bienfaisance.

Le magistrat consulta tout d'abord le gouvernement, qui émit un avis favorable, puis en délibéra, et finalement accorda à Peterinck l'objet de sa demande, pre

(1) Arch. de Tournay. Consaux. 6 juillet 1751. capacité.

(2) Voir chapitre III.

Lot, mesure de

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