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nant soin de stipuler toutes garanties pour les progrès, la moralité et l'entretien des jeunes gens qu'il emploierait.

Deux ans plus tard, le nombre en fut porté à vingt. (1)

L'usine étant définitivement installée à cette époque, Peterinck s'adressa au gouvernement pour obtenir le titre de manufacture royale, que son octroi lui laissait espérer, en même temps qu'une marque de fabrique qui permit de distinguer les produits de sa fabrication de ceux des usines concurrentes. (2)

Par décret du 7 août 1752, le prince Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas, accordait à la manufacture de porcelaines de Tournay, le titre de manufacture impériale et royale, et autorisait Peterinck, à placer au-dessus de sa porte, les armes de Sa Majesté,

Il l'autorisait également à choisir une marque distinctive pour être apposée sur les pièces de fine porcelaine de sa manufacture (le décret parle de porcelaine seulement); le dessin de cette marque devait être déposé à la chambre des comptes. La contrefaçon en était punie d'une amende de mille florins. Nous verrons plus loin l'usage que fit Peterinck du droit de marquer ses produits.

L'industrie de Peterinck nécessitait de grandes mises de fonds, qu'il ne pouvait fournir seul. Aussi le voit-on,

(1) Arch. de Tournay. Consaux, 31 août 1752 et 14 décembre 1754. Voir aux pièces justificatives.

(2) Archives du royaume. Conseil des finances. Farde 2029.

La fabrique

devient manu

facture royale.

Marque de

fabrique.

Subsides.

dès les premières années de son installation, solliciter le concours financier de la ville, comme il devait, peu de temps après, solliciter celui du gouvernement; la manufacture de porcelaines fut, dès le principe, une entreprise subventionnée, et cette circonstance eut pour résultat de la mettre, dès le principe aussi, sous le contrôle, sinon sous la haute direction du magistrat de Tournay, délégué lui-même par le gouvernement.

En vertu de l'arrangement fait avec Carpentier, la manufacture recevait de la ville un subside annuel de quatre cents florins. Peterinck, trouvant cette somme insuffisante, demanda une nouvelle pension, mais vainement: il lui fut répondu que les quatre cents florins, accordés précédemment, devaient suffire. (1) Il ne se tint pas cependant pour battu, et peu de temps après, revenant à la charge, il sollicita de la ville quatre mille florins, à titre d'avances sur dix années de sa pension, promettant de donner des garanties pour récupérer cette somme en tout ou partie, dans l'éventualité où il ne continuerait pas sa fabrication. Il offrait, en particulier, de laisser en gage un acte par lequel Paul Peterinck, son père, maître charpentier à Lille, s'était reconnu redevable envers lui de seize mille livres de France, payables à sa mort.

Le magistrat accueillit favorablement ces ouvertures, il prît secrètement des renseignements sur la fortune de Peterinck père, et celui-ci passant pour un homme arrangé et accrédité, on consentit à faire l'avance demandée. Au surplus, le magistrat prit l'avis du

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 265, fol. 183 et 200.

gouvernement, et celui-ci ayant répondu qu'il fallait tout à la fois sauvegarder les intérêts de la ville et prendre égard à l'intérêt qu'elle a de soutenir une importante manufacture, qui devait lui apporter de très grands avantages, il fut résolu, le 17 avril 1753, de faire à Peterinck l'avance demandée, moyennant fournir les garanties offertes. (1)

Un an s'était à peine écoulé, que Peterinck sollicitait une nouvelle avance de six mille florins, nécessitée, disait-il, par les frais considérables qu'entraîne l'établissement de la manufacture, et promettant de les rembourser dans six mois.

Peterinck faisait recommander sa demande par le comte de Cobenzl, ministre à la cour de Bruxelles, protecteur éclairé des arts, et qui témoigna toujours de la plus vive sollicitude pour notre manufacture de porcelaines.

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Le ministre écrivit à cette fin au magistrat, et celui-ci tant pour le maintien de cette importante fabrique que pour témoigner à Son Excellence les égards qu'on a à sa recommandation, » accorda à Peterinck les six mille florins demandés. Il exigea toutefois un nouvel acte de gage, et une caution qui fut le sieur Hogué, fils, négociant à Lille. (2 juillet 1754.) (2)

Le comte de Cobenzl en remercia la ville comme d'un service qu'elle lui aurait personnellement rendu. Peu de temps après, il eut encore l'occasion de lui

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 266, fol. 44.

(2) Ibid. fol. 238 et 240.

Prêt de dix

mille florins par le gouvernement.

écrire pour le même sujet. La fabrique languissait, faute de ressources qui lui permissent de prendre tout son développement; il y avait en outre un arriéré qu'elle n'était pas capable de combler. Peterinck recourut de nouveau à son protecteur, qui s'employa à intéresser le gouvernement en même temps que la ville, au succès de l'industriel.

Treize mille florins étaient nécessaires pour l'aider d'une manière efficace.

Après différents pourparlers avec le gouvernement, il fut arrêté que la ville avancerait trois mille florins, et le gouvernement dix mille, remboursables en dix annuités de mille florins chacune, aux conditions suivantes : (1)

La somme serait remise au magistrat de Tournay, chargé de payer les dettes les plus pressantes, par lui-même ou sous sa direction. La ville devait être caution envers Sa Majesté, elle prendrait, envers Peterinck, telle sécurité qu'elle jugerait utile. Elle aurait la surveillance immédiate de la manufacture et nommerait à cette fin deux commissaires.

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Le 10 avril 1755, la ville touchait les dix mille florins prêtés par le gouvernement, et le 22 du même mois, elle accordait à Peterinck ordonnance de paiement des trois mille qu'elle avait accepté de lui avancer. (2)

Peterinck ne put remplir les engagements qu'il avait pris vis-à-vis du gouvernement. Un décret du conseil

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 267, fol. 2 à 6, 36 à 40, 46, 47, 52.

(2) Voir aux pièces justificatives.

pour

des finances, communiqué aux Consaux de Tournay, le 16 mars 1756, lui accordait un délai de deux ans, effectuer le premier remboursement partiel des dix mille florins que le gouvernement lui avait avancés. (1) Ce décret dut être renouvelé bien des fois dans la suite.

délégués par

En vertu de l'octroi de 1751, un membre du magis- Commissaires trat, délégué par lui, était appelé à juger les contestations qui pourraient naître entre Peterinck et ses ouvriers.

Dès l'année 1752, la manufacture subsidiée par la ville, patronnée par le gouvernement, fut soumise toute entière à la surveillance de ce commissaire.

C'était, en 1752, le sieur Errembault du Coutre, juré et

commissaire ci-devant nommé en cette partie, » (qui) ne laissera pas de veiller de temps en temps pour en apercevoir l'importance et les progrès. » (2) Lorsqu'en 1754, le gouvernement fut sollicité de faire à Peterinck un prêt de dix mille florins, il exigea d'abord que la situation de la fabrique fut examinée par deux commissaires désignés par les Consaux.

Ce furent les sieurs Vranx, juré, et Longueville, conseiller, que la ville adjoignit au sieur Errembault du Coutre, déjà en fonctions. (3) Puis, en accordant la somme demandée, le gouvernement stipula que la manufacture dépendrait directement de l'inspection de

(1) Arch. de Tournay. Consaux. Volume 267, fol. 203.

(2) Ibid. Vol. 265, fol. 335.

(3) Ibid. 14 janvier 1755.

la ville.

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