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ment prospérer. Il eut plus tard pour collègues, Peterinck qui enseignait l'architecture, Duvivier, Delmotte et Lecreux, professeurs de dessin et de modelage, et Marc Lefebvre. (1)

L'académie fut toujours l'objet de la sollicitude du magistrat, qui assistait chaque année à la distribution des récompenses. Les élèves qui en fréquentaient les cours, étaient nombreux. On les voit chaque année à l'occasion de la fête de Saint-Luc, leur patron, demander aux Consaux la célébration d'une messe solennelle. Elle se disait à la chapelle de l'hôtel-de-ville, et l'on sonnait le carillon du beffroi. Cet usage a été conservé jusqu'en 1794. (2)

Gillis travailla, comme on l'a vu, pour la manufacture de porcelaines; mais la perte des archives ne nous permet pas de savoir dans quelles conditions, ni quelles œuvres peuvent lui être attribuées, parmi les admirables biscuits qui nous restent de la première période de la manufacture. (3) Un calendrier de Tournay, édité en 1775, lui attribue les statues (en bois) de saint Eloi et de saint Martin, qui se trouvaient dans l'église SaintMartin; de saint Augustin, dans l'église Saint-Marc; de saint Joseph, dans l'église Saint-André.

Son fils peignit les disciples d'Emmaus, pour l'église de l'abbaye de Saint-Marc, un tableau représentant saint Nicolas, pour l'église Saint-Piat, et un tableau de saint André, pour l'église de ce nom.

(1) Consaux, 26 novembre 1765.

(2) Ibid. Vol. 286, 14 octobre 1794.

(3) Nous indiquerons cependant, au chapitre V, quelques groupes qui semblent sortis de ses mains.

Vers la fin de 1764, Gillis fut victime d'un accident qui lui occasionna une blessure à la main et le rendit incapable d'exercer son art.

Le magistrat dut le faire remplacer comme professeur de dessin à l'académie (17 février 1767), et trois mois plus tard, il accordait une pension à lui et à son fils, incapables de travailler, < vu le désastre qui lui » est arrivé par les infirmités dont il est accablé, et de l'accident fâcheux de son fils. » (1)

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Jean Gillis, fils, professeur à l'académie, était en ce moment atteint de folie. Il s'en remit et put reprendre, en 1771, ses fonctions de professeur, mais il éprouva bientôt une rechute et on dut l'interner à la maison de force de Froidmont. (2)

Gillis père se rétablit bientôt, et reprit, (avril 1769) en partie au moins, ses diverses fonctions.

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Le magistrat, pour l'encourager à continuer ses soins à l'académie, lui accorda quelques exemptions d'impôts sur la bière. (3)

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Mais deux ou trois ans plus tard, Gillis, de nouveau souffrant, ne fréquentait plus l'académie, " ou la fréquentant, n'y avait été presque d'aucun secours à cause de la blessure de sa main et d'ailleurs de son

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(1) Arch. de Tournay. Consaux. Vol. 271, fol. 173.

(2) Consaux du 26 mars 1782. Requête de l'abbé Gillis, demandant qu'on veuille lui accorder, en considération de l'incommodité dont son frère, autrefois adjoint directeur de l'académie établie en cette ville, à présent détenu dans la maison de force à Froidmond, continue d'être attaqué, la somme de cent quatre-vingts florins l'an, prévue par les actes du 19 mai 1762.

(3) Consaux. Vol. 272, fol. 123.

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âge avancé, de telle façon, qu'en janvier 1781, or avait dû le remplacer définitivement comme professeur. Il avait alors soixante-dix-huit ans. (1)

Il mourut au mois de janvier de l'année suivante. 2 Son fils Jean lui survécut; il termina ses jours a Froidmont, en 1788 (27 décembre).

JOSEPH WILLEMS (sculpteur).

Joseph Willems travailla quelques mois seulement pour la manufacture, au cours de 1766. Le 25 février de cette année, Peterinck représenta aux Consaux. qu'étant intentionné, pour l'avantage de sa fabrique.

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de demander un certain Willems, très entendu dans - la partie de la sculpture et du modelage, dans la croyance qu'il pourrait concourir par son talent au -bien-être de l'académie, il offrit de lui en écrire et de » lui mander qu'il en serait professeur.

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En marge on a été d'avis d'accepter l'offre reprise et que la ville fournirait la somme de florins 200-0-0 pour trois leçons la semaine. » (3)

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Willems mourut le 1er novembre 1766 (4) et fut

remplacé par Duvivier. (5)

(1) Arch. de Tournay. Consaux du 16 janvier 1781.

(2) Ibid. Vol. 276, fol. 209.

(4) Ibid. Vol. 272, fol. 68.

(3) Ibid. Vol. 271, fol. 97.

(5) Ibid. Vol. 271, fol. 135.

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HENRI-JOSEPH DUVIVIER (peintre).

1763-1771

Parmi les peintres qui jetèrent le plus d'éclat sur la fabrique de Tournay, on doit citer Henri-Joseph Duvivier, natif de cette ville, qui avait été étudier la peinture en Angleterre. (1)

Peterinck l'appela à titre de premier peintre de la manufacture, et désirant l'y attacher définitivement, il présenta une requête aux Consaux, dans laquelle faisant connaître les talents supérieurs du sieur Henri

Joseph Duvivier, dans la peinture et application des couleurs sur la porcelaine, » il les priait de lui accorder une pension annuelle de deux cents florins. Ceux-ci, considérant qu'il était essentiel pour la fabrique, de s'attacher un sujet aussi habile dans son art, » que le sieur Duvivier, dont les ouvrages leur ont paru des plus beaux, lui accordèrent une pension annuelle de deux cents florins, < bien entendu pour > autant qu'il restera au service de la fabrique et à charge par lui de prêter ses soins à dresser des - élèves. » (2)

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Il toucha cette pension pendant tout le temps qu'il fut attaché à la manufacture, c'est-à-dire jusqu'à sa mort. (3)

(1) Arch. du royaume. Dépouillement des besognés d'inspection pour 1764. Cité plus haut.

(2) Arch. de Tournay. Consaux. 15 mars 1763.

(3) Comptes généraux de la ville de Tournay, années 1763 et suiv. Aux archives de la ville.

Un mémoire de Peterinck, lui donne le nom de Japonneur (c'est-à-dire peintre de porcelaine fine, voir au chapitre IV,)- il recevait trente-deux patars et demi par jour, et avait droit à ses repas, qu'il prenait à la table de Peterinck. (1)

Duvivier fut nommé en 1765, professeur à l'académie où il enseignait le dessin et un an plus tard, il fut chargé en outre de la leçon de modèle, moyennant un traitement annuel de deux cents florins.

Enfin en 1767, Gillis s'étant blessé, il le remplaça comme professeur de dessin (2) et plus tard comme directeur. (3)

On lui attribue les porcelaines peintes en camaïeu rose (paysages et marines) dans un ton doux, parfois violacé, très finement décorées; elles sont souvent accompagnées de dessins ou de filets d'or. (4)

Il excella encore dans la peinture des oiseaux, groupés avec art sur terrasse, et dont le plumage complètement inventé, semble n'avoir pour but que d'étaler les plus riches couleurs.

Touche fine et délicate, peinture riche et harmonieuse sans éclat, dessin correct et léger, sont les caractères qui distinguent ses oeuvres de toutes les

(1) Arch. de Tournay. Farde 247.

(2) Ibid. Vol. 273, fol. 198 et 215. (3) Comptes généraux de la ville 1771-72. succéda dans ces fonctions.

ID..

Jacques Lefebvre lui

(4) Nous avons rencontré un compotier, décoré d'un paysage remarquable en camaieu rose, marqué aux épées d'or et portant en outre les initiales I D en rose, qui nous paraît devoir lui être attribué. (Voir la marque ci-contre.)

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