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>> Los troubles intérieurs qui éclatèrent en mai 1793 donnèrent lieu à une nouvelle formation de bataillons, qu'on peut évaluer à

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Ainsi, dans les six premiers mois de 1793, l'armée reçut un accroissement d'en

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144,000 hommes.

50,000

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194,000 hommes.

» Ce fut à cette époque que l'on donna aux troupes une organisation plus analogue aux circonstances, qu'on amalgama les régimens d'infanterie avec les bataillons de volontaires, qu'on forma l'infanterie en demi-brigades de deux mille quatre cent trente-un hommes, divisées en trois bataillons (i), et qu'on adopta un système régulier de recrutement sous le nom de réquisition.

>>

Requisition. La loi du 16 août avait déclaré que le peuple français se levait en masse pour la défense de sa liberté; celle du 23 classa les hommes suivant leur âge, et mit en -réquisition la première classe, composée de citoyens non mariés ou veufs sans enfans, de dix-huit à vingt-cinq ans.

» Nul n'était exempt de la réquisition que les fonctionnaires publics; nul ne pouvait se faire remplacer. Le législateur, en refusant de reconnaître quelques cas d'exception qui auraient été raisonnables, ouvrit la porte à toutes les dispenses de faveur. Ceux qui furent autorisés à les donner les prodiguèrent, mais en les distribuant suivant leurs affections, parce qu'il n'y avait point de règles déterminées; et tandis qu'une loi trop générale ruinait des familles indigentes, laissait des terres sans culture, mettait un grand nombre de jeunes gens en fuite, et leurs familles dans l'embarras, des exemptions innombrables transformaient tous les jeunes gens un peu aisés en myopes, en infirmes, et tous ceux qui étaient un peu protégés en fonctionnaires inutiles, qui épuisaient le trésor public et encombraient toutes les administrations.

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Malgré ces abus, on estime que les diverses levées faites en vertu de la loi sur la réquisition n'ont pas donné, depuis la fin de 1793 jusqu'en l'an 7, moins de quatre cent mille hommes.

>> Ce nombre est infiniment au dessous de celui qui était appelé par la loi; car en évaluant la population de la France à

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rente-un millions d'âmes (1), il aurait pu s'élever à un million cinq cent mille hommes, si on ne se trompe pas en supposant que le rapport de la masse de la population est, avec le nombre des jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans, comme 21 est à 1.

» Mais il faut considérer qu'on fut obligé d'exempter de la réquisition les départemens de l'ouest, et que cette loi ne fut exécutée ni dans la Belgique, ni dans les quatre départemens de la rive gauche du Rhin, ni dans l'île de Corse.

« Ces exceptions admises, on évaluait les sept classes des réquisitionnaires à fournir par le reste de la République à plus d'un million (2).

>> Ainsi la réquisition n'a réellement produit que les deux cinquièmes de ce qu'elle devait produire. Deux causes y ont influé.

» D'abord beaucoup de jeunes gens de l'âge de la réquisition étaient déjà aux armées lorsque la loi a été rendue.

» En second lieu les levées précédentes avaient fait marier de bonne heure un grand nombre de jeunes gens qui en prévoyaient de nouvelles.

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Conscription. La loi sur la conscription est du fructidor an 6; elle n'appelle au service militaire que les jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans.

>> A cette époque les exemptions en faveur des départemens nouvellement réunis et de ceux de l'ouest subsistaient encore (3), et une partie des jeunes conscrits se trouvait déjà enlevée par la réquisition (4); c'étaient ceux de vingt-trois à vingt-cinq

(1) « Voyez le tableau annexé à la loi du 27 pluviose an 5. La population de la République y est évaluée à 31,870,460 individus. » (2) « Jeunes gens de 18 à 19 ans.

de 19 à 20
de 20 à 21

de 21 à 22

de 22 à 23

de 23 à 24

180,000

170,000

160,000

150,000

140,000

130,000

120,000

1,050,000

de 24 à 25

(3)« Ce privilége a été continué par l'arrêté du 6 floréal an 8, qui a assimilé les jeunes gens des neuf départemens de la Belgique aux porteurs de congé; comme tels, les a exemptés du service en payant 300 francs, ou en justifiant que leurs contributions ne s'élevaient pas à

50 francs. >>

(4) «Ceux qui avaient eu dix-huit ans à l'époque du 23 août 1793, qui correspond au 5 fructidor an er, se trouvaient avoir vingt-quatre ans au 19 fructidor an 6, date de la nouvelle loi; et ceux de l'année suivante formaient la dernière classe de la conscription.

>>

ans. Ainsi la loi n'enrôlait réellement, au commencement de l'an 7, que les trois premières classes de la conscription, c'est à dire les jeunes gens de vingt à vingt-trois ans.

» Plusieurs lois appelèrent successivement ces jeunes gens

aux armées.

» Celle du 3 vendémiaire an 7 convoqua la première classe de la conscription, qu'on évaluait à cent quatre-vingt-dix mille hommes. Il paraît que ce calcul, pour lequel on n'avait alors que des données fort incertaines, était exagéré (1).

» Elle produisit. .

» La loi du 28 germinal suivant ordonna une nouvelle levée de cent cinquante mille hommes, à prendre sur ce qui restait de la première classe, et sur les deuxième et troisième classes; elle produisit .

96,635 hommes.

81,977

178,612 hommes.

» La loi du 14 messidor de la même année ordonna la mise en activité de toutes les classes, qui devaient fournir ensemble environ quatre cent cinquante mille hommes, et qui, en ayant déjà fourni.

pouvaient en donner encore 271,388.
» Elle produisit en l'an 7. 65,787
» En l'an 8.

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65,377

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178,612

131,164

33,000

» Total du produit de la conscription. 342,776 hommes. » Ces calculs ne peuvent être d'une exactitude rigoureuse; ils ne sont que le résultat de quelques recherches, et non de communications officielles; mais, s'ils ne s'éloignent pas de la vérité, on voit que ces levées, faites pendant la guerre de la liberté, c'est à dire depuis la fin de 1791 jusques et compris l'an 8, forment, indépendamment des enrôlemens volontaires,

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(1) « A cause de l'exemption de plus de vingt départemens. »

» Ainsi fut armé, dans un court espace d'années, ce million de soldats qui ont changé la face de l'Europe, accru la puissance de la République, et permis désormais au législateur de calculer, dans les loisirs de la paix, les mesures qui doivent maintenir la sûreté et la gloire de la France.

» Cette paix au dedans, cette considération au dehors seront l'ouvrage de la sagesse; mais la sagesse doit calculer sur les passions humaines, et elle n'oublie pas qu'elle doit s'entourer de l'appareil de la force pour être toujours respectée. Ainsi, d'après la connaissance qu'on aura de la politique de nos voisins, la politique française entretiendra constamment une armée qui sera dans une proportion convenable avec les leurs.

SECONDE PARTIE. Double objet du recrutement.

» Le système du recrutement de l'armée ne doit pas seulement avoir pour objet le remplacement des hommes que les corps de troupes perdent pendant la paix ; il doit être combiné de manière à donner aussi à ces troupes l'accroissement rapide que peut nécessiter la guerre.

» C'est en cela que ce système était vicieux sous notre ancien régime. L'armée active se recrutait uniquement, comme nous l'avons vu, par des enrôlemens volontaires, dont le nombre s'élevait à peu près au huitième de cette armée; mais pendant la guerre les pertes des corps excédaient annuellement ce huitième, et d'ailleurs l'armée, même au complet, se trouvait insuffisante.

» Le gouvernement d'alors n'avait pas d'autre ressource légale que la levée des milices: ces milices formaient une seconde ligne, mais ne suppléaient pas à l'insuffisance de la première jusqu'à ce que ces nouveaux soldats fussent exercés et aguerris.

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Il en résultait que les corps de troupes réglées devenaient bientôt trop faibles, et que les dangers de la guerre, ainsi que la levée des milices, rendaient le recrutement volontaire plus difficile, précisément au moment où il fallait lui donner plus d'activité.

»De là l'emploi des mesures arbitraires, les enlèvemens d'hommes par une force injuste ou par des ruses odieuses; et il faut remarquer que ces enrôlemens forcés ne pouvaient guère avoir lieu que dans les villes, et ne fournissaient en général que des soldats trop peu robustes pour résister aux fatigues de la guerre.

» On était obligé de finir par où l'on aurait dû commencer, par l'incorporation des milices dans les troupes de ligne.

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L'expérience de la guerre de 1757 a prouvé que la faible espèce d'hommes dont l'armée se trouvait alors composée » en fit périr plus de cinquante mille dans les hôpitaux; de » sorte que ce ne fut qu'après une incorporation de quarante » neuf bataillons de milices que l'armée prit de la consis» tance (1). »

» Il importe donc, en discutant le système du recrutement, de ne pas perdre de vue que l'armée doit être recrutée d'hommes robustes, c'est à dire dans les campagnes plutôt que dans les villes, et que l'organisation du recrutement doit être telle qu'on puisse facilement élever les corps au pied de guerre sans recourir à des moyens toujours vexatoires et souvent incertains.

>>

Nécessité de la contribution personnelle.

Quand tous les avantages se réuniraient en faveur du système de l'enrôlement volontaire, il resterait à examiner si ce moyen peut suffire au recrutement de l'armée.

» Ce moyen ne fournissait autrefois qu'environ dix-huit mille hommes par an; ces levées étaient en partie une dette des officiers à qui on accordait des congés.

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Aujourd'hui on ne pourrait imposer une pareille obligation à des officiers la plupart sans fortune; les frais du recrutement retomberaient par conséquent à la charge du trésor public, et il faudrait le rendre bien plus considérable, puisque l'armée est infiniment plus nombreuse, et qu'au lieu de la renouveler par huitième tous les ans, comme autrefois, il faut la renouveler par cinquième.

» La durée de l'engagement était fixée à huit ans pour les troupes réglées; depuis on l'a réduite à cinq, et même les rapporteurs du comité militaire de l'Assemblée constituante voulaient la réduire à trois ans pour les soldats auxiliaires qui composaient la réserve de l'armée.

» Cette courte durée a quelques avantages: elle facilite le recrutement; elle diminue la désertion; elle peut être admise plus facilement chez notre nation que dans le reste de l'Europe, parce que le Français, doué assez généralement d'une intelligence heureuse, d'une prestesse naturelle, n'a pas besoin d'un long exercice pour apprendre le maniement des armes et les évolutions du soldat. Mais ces élémens ne sont pas tout ce qui constitue un bon militaire; il y a deux armes, celle de l'artillerie et celle de la cavalerie, qui exigent des connaissances qu'on n'acquiert que par une assez longue pratique : d'ailleurs.

(1) a Mémoire de Despommelles. >>

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