AVANT-PROPOS

La littérature en matière de chasse et de pêche atteint des proportions formidables.

Une bibliographie générale publiée en 18861 signale, rien que pour la chasse, 2,272 ouvrages imprimés depuis le xve siècle dans les différents pays de l'Europe. Ce sont, pour la plupart, des monographies concernant le gibier, les armes, les chiens, les oiseaux et les chevaux de chasse; puis des histoires, des récits et des contes; on y mentionne enfin jusqu'à 53 traités généraux en la forme de dictionnaires et d'encyclopédies. De ces derniers, beaucoup ont vieilli, les plus récents sont déjà rares. Tous se vendent cher.

Si, à tant de livres, on ajoute encore ceux qui ont parlé chasse depuis 1886 et toutes les publications

1. Voir la liste des ouvrages consultés, page xxi.

relatives à la pêche, on dépassera certainement le · chiffre de 3,000 volumes!

On peut donc dire que tout a été écrit sur ces sujets : le possible comme l'impossible.

Il semble qu'une pareille masse de documents appelle des légions de lecteurs, et cependant on est tout surpris de rencontrer de par le monde une aussi grande quantité de gens qui se font sur la chasse et sur la pêche les idées les plus fausses.

D'autre part, la chasse et la pêche, quel que soit le genre de la passion qui les mène, ont pour sanction pratique d'offrir à la consommation une quantité sérieuse d'aliments d'origine spontanée. Quand on compare la pauvreté de nos plaines, de nos bois, de nos eaux avec ce qu'il en est dans certains pays voisins, on comprend qu'il y va de l'intérêt de tout le monde de ne pas laisser se tarir une source de richesse aussi importante.

C'est pour ces motifs que, sans avoir la prétention de faire autre chose qu'une œuvre de compilation, je me suis donné pour tâche de condenser en un petit nombre de pages l'ensemble des faits généraux concernant la chasse et la pêche. Quand aux procédés et détails d'exécution, ce sont affaires personnelles

que chacun peut, à son gré, perfectionner

suivant ses aptitudes et ses goûts.

En m'attelant à cette besogne, j'ai pensé tout

d'abord aux agents forestiers, mes camarades, avec qui j'ai déjà travaillé pendant 45 ans. Alors que j'étais chargé d'un enseignement professionnel, bien des fois j'ai regretté que nos mœurs et nos règlements administratifs ne m'aient pas permis d'y faire une large part à la chasse et à la pêche dont la pratique est une si agréable distraction dans la vie d'isolement que comportent nos fonctions.

J'y étais d'ailleurs sollicité par une voix d'en haut.

Un maître, M. de la Rüe, inspecteur des forêts au service de la Couronne, rapporte que, vers 1860, quand il fut invité à collaborer à l'ouvrage magistral intitulé: Nouveau traité de chasse à courre et à tir, il vint à Nancy trouver son condisciple et ami, Adolphe Parade, pour lui demander avis. L'éminent Directeur de l'École Nationale Forestière lui donna d'excellents conseils sur la forme à donner à ce livre appelé, disait-il, à combler un vide regrettable'.

Après les forestiers, je m'adresse plus timidement. aux administrateurs qui, souvent bien malgré eux, ont reçu la charge de nous réglementer; aux magistrats qui nous jugent; aux officiers de police judiciaire qui nous surveillent. Si, de ci, de là, j'ai

1. Tome Ier, page 440

risqué quelques critiques à l'endroit de leurs arrêtés, jugements ou procès, ils voudront bien m'excuser, mon seul but étant de signaler les défauts d'une législation surannée.

Quant à vous, chasseurs et pêcheurs mes confrères, je ne vous ferai pas l'injure de supposer que chacun de vous, le fusil ou la gaule en main, n'en sait pas cent fois plus que moi sur son terrain. Mais, sans doute, il y a parmi les choses d'à côté certains petits détails que, à défaut d'un aide-mémoire, vous avez déjà plusieurs fois oubliées.

A tous j'offre ce Manuel, me déclarant satisfait si, à l'occasion, il est à l'un ou à l'autre de quelque utilité.

Avant de donner la liste des principaux ouvrages où je me suis documenté, j'accomplis l'agréable devoir d'adresser les témoignages de ma gratitude à M. L. Daubrée, Directeur des eaux et forêts pour les encouragements qu'il a bien voulu me donner, d'exprimer tous mes meilleurs remerciements à MM. Dubois, Directeur Général des eaux et forêts à Bruxelles, et Maes, inspecteur chargé du service de la pisciculture en Belgique, qui m'ont gracieusement autorisé à piller texte et figures dans le chapitre de la pêche du remarquable Catalogue publié par le ministère à l'occasion de l'Exposition inter