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1800

II

Position de l'armée française au moment où Pajol la rejoint.

contre l'aile gauche de Moreau (5 juin).

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Rhin.
Leclerc.

Tentative de Kray
Nouvelle organisation de l'armée du

Le 6 hussards et Pajol appartiennent encore à la division du général
Mouvement de conversion de l'armée du Rhin à gauche.

de la division Leclerc vers le Danube.

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- Marche

Dispositions pour le passage du Danube. Passage de ce fleuve, le 19 juin, par l'aile droite et le centre de Moreau. Kray évacue son camp retranché d'Ulm.

Bataille de Hochstädt.

Pajol et le

6 hussards passent à la division Gudin, de l'aile droite. — Marche de Moreau sur Nordlingen. Combat de Neresheim. Marche sur Munich. Le 6 hussards chasse les coureurs ennemis de Rain (26 juin). — Combat de Neuburg (27 juin). Pajol charge trois fois la cavalerie autrichienne et lui fait 80 prisonniers. Retraite de Kray. Le corps de Lecourbe arrive sur l'Amber le 4 juillet. Projets de Moreau contre le corps du prince de Reuss. — Réorganisation de l'aile droite. Marche de Lecourbe vers le Voralberg et les Grisons. Situation et position du corps du prince de Reuss. Lecourbe se décide à attaquer son centre et sa gauche. La division Gudin s'empare de Füssen (11 juillet). — Prise de Feldkirch. Armistice de Parsdorf. Emplacements du corps de Lecourbe en arrière de la ligne de démarcation. - Le 6e hussards et Pajol à Buchingen, jusqu'à la fin de juillet.

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A l'époque où Pajol et le 6o régiment de hussards arrivaient à Babenhausen, c'est-à-dire vers le 28 mai, Augsburg tombait au pouvoir du général Lecourbe, qui s'y était porté avec une partie de l'aile droite. L'armée française se trouva dès lors occuper une position très-étendue, que Kray aurait pu attaquer avec succès dans l'une de ses parties, s'il était sorti de son camp d'Ulm avec des forces considérables. Moreau reconnut promptement le danger; il retira son aile gauche à Biberach et son centre à Illereichen, ne laissant à proximité d'Ulm que le corps des flanqueurs de gauche, commandé par Richepanse. Par suite de ce mouvement, le 6o hussards fut établi, le 30 mai, à Kirschhaslach et à Greimeltshofen.

Ces précautions ne paraissant pas suffisantes au général en chef, il ordonna, le 3 juin, à Lecourbe, d'évacuer Augsburg et de revenir à Buchloé, sur la Wertach; de plus, il prescrivit à Ney de se tenir toujours prêt à porter secours à Richepanse, et de se rapprocher, à cet effet, de l'Iller. Bien lui en prit, car, le 5 juin, 28,000 Autrichiens débouchèrent sur le corps des flanqueurs, disséminé entre Biberach, Mettenberg, Schöneburg, Schwendi et Ober-Balzheim. Surpris et débordés, les détachements de Richepanse furent refoulés sur Kirchberg, Gütenzell, Hürbel et Ochsenhausen. Mais Ney, franchissant l'Iller à Kellmunz, tomba sur le flanc des colonnes ennemies et permit à tout le corps des flanqueurs de reprendre l'offensive et de reconquérir ses positions. Les Autrichiens, découragés par cet insuccès, rentrèrent dans Ulm le lendemain.

Moreau prit alors la résolution, pour forcer son adversaire à quitter son camp, de faire un grand mouvement de conversion, la droite en avant, de gagner le bas Danube et de menacer ainsi la dernière communication avec Vienne. Avant de commencer son mouvement, il donna une nouvelle organisation à son armée, que venaient de quitter les généraux Sainte-Suzanne, Souham, Saint-Cyr, Vandamme et Thareau: les deux premiers, pour aller former un corps sur le bas Rhin; les trois autres, à la suite de difficultés avec le général en chef.

L'armée fut donc partagée, le 8 juin, en aile droite, centre, aile gauche et corps du blocus d'Ulm.

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LEGRAND.

Divisions NEY.....

A Kellmunz et Weiler.

Entre Osterberg et Illereichen.

BARAGUEY-D'HILLIERS.. Entre Utereischen et Burgenstetten.

Corps du blocus d'Ulm, ou flanqueurs de gauche. -RICHEPANSE.

SAHUC...

WALTHER.

Brigades

LEVASSEUR
DROUET.

Entre Ober-Balzheim, Schwendi et Biberach.

D'après cette nouvelle organisation, le 6o hussards, appartenant toujours à la division Leclerc, se trouvait faire partie du centre. Il était venu de Kirschhaslach et de Greimeltshofen au camp de Tafertshofen, où était réunie toute la division, composée des brigades Bastoul, Desperrières et Heudelet :

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Le 10 juin, la manœuvre adoptée par Moreau commença. Le corps de Lecourbe, soutenu par la division Grandjean et la cavalerie de d'Hautpoul, marcha sur Landsberg et Schwabmunchen. Sa colonne de droite franchit le Lech et s'empara de Landsberg, le 11 juin, puis se porta, le lendemain, vers Augsburg, où se rendait également la colonne de gauche, qui s'avançait par Schwabmunchen. Augsburg fut facilement enlevé, et Lecourbe se disposa à se rendre sur le Danube, par Zusmarshausen et Wertingen, avec les divisions Gudin et Montrichard.

Ce mouvement de l'aile droite fut appuyé par toute l'armée; c'est-à-dire que le centre marcha vers Krumbach; l'aile gauche, vers Weissenhorn et Vohringen; et le corps de Richepanse,

vers Burgrieden. Par suite, la division Leclerc et, avec elle, le 6 hussards se transportèrent de Tafertshofen à Breitenthal.

Le 14 juin ('), le centre se dirigea vers Burgau : la division

(') Dans cette journée du 14 juin, célèbre par la victoire de Marengo, la France perdit deux de ses plus illustres généraux : Desaix, arrivé d'Égypte le 11, mourait sur le champ de bataille à Marengo, et le général en chef Kleber tombait, au Caire, sous le poignard d'un assassin, vers deux heures de l'après-midi, au moment où, accompagné seulement de l'architecte Protain, il allait visiter quelques constructions.

Un ancien aga des janissaires, en exil à Jérusalem, agit sur l'esprit et l'imagination d'un jeune homme qui s'était déjà fait remarquer par son exaltation religieuse, et lui persuada que Dieu et son Prophète l'appelaient pour immoler le chef des infidèles. Après s'être retiré au Caire dans une mosquée pendant un mois, se préparant au meurtre par ses prières, Soliman s'introduit dans les jardins du palais, se cache dans une citerne, et attend le moment favorable.

Il reconnaît Kleber, arrive à lui sans être aperçu et le frappe d'un coup de poignard dans l'aine gauche. Blessé mortellement, le général tombe baigné dans son sang. Protain, qui n'avait qu'une légère canne à la main, veut défendre son général; mais il est atteint lui-même de deux coups de poignard, et tombe sans connaissance. L'assassin retourne à sa première victime et l'achève.

Soliman, qui s'enfuyait par les jardins, est bientôt arrêté. Il fut condamné à avoir le poing brûlé, à être empalé et abandonné vif sur le pal, jusqu'à ce que les oiseaux de proie eussent dévoré son corps. Les quatre cheiks qui lui avaient donné asile dans la mosquée, et qui connaissaient ses projets, eurent la tête coupée.

Ainsi périt le général Kleber, vrai modèle des hommes de guerre. La nature ne lui avait refusé aucune des grandes qualités du général d'armée. Elles étaient encore relevées par tous les avantages physiques : une haute stature, un beau visage, un regard fier, doux et pénétrant. Dans la vigueur de l'âge, il avait une expérience consommée de tous les détails de la guerre, un tact sùr, un discernement admirable, un courage ardent, qui ne s'égarait jamais jusqu'à la témérité. Les soldats l'adoraient; sa mâle figure, ses formes athlétiques, les frappaient; ils admiraient sa contenance héroïque au milieu des batailles. Son langage, qui était celui des camps, leur plaisait; ses mots si heureux les enlevaient. Ils le suivaient pleins de confiance; avec lui, ils étaient sûrs de vaincre. Si grand, en effet, que fût le danger, il était plus grand encore. Si les circonstances étaient menaçantes, Kleber les dominait; il avait le grand ascendant du vrai général en chef.

Il emporta dans la tombe les pleurs du colonel du 6e hussards, son élève, qui n'avait pu l'accompagner en Égypte, les regrets de toute l'armée, ceux mêmes que le respect peut inspirer à des peuples conquis, et l'estime de ses ennemis. Ceux-ci honorerent sa mémoire par de justes éloges, et, quand sa dépouille mortelle fut transportée à bord, le canon des Anglais et des Turcs répondit aux canons français, à l'endroit même où César avait donné des larmes à la mémoire de Pompée.

Le 23 septembre 1800, le Premier Consul posa la première pierre d'un monument à Desaix et à Kleber, sur la place des Victoires, à Paris. Par arrêté du 28 octobre de la même année, les habitants du Bas-Rhin furent autorisés à élever une statue à Kleber.

Le 9 juin 1818, le conseil municipal de Strasbourg, « considérant que les restes

Grandjean vint à Wettenhausen, et celle de Leclerc, à Neuburg. Le 16, cette dernière s'établissait le long de la Gunz, de Wattenweiler à Ichenhausen; et la division Decaen se portait entre Burgau et Harthausen, communiquant par Röfingen et Rosshaupten, où était la cavalerie de d'Hautpoul, avec le corps de Lecourbe, placé sur le Danube entre l'embouchure de la Mindel et le pont de Blindheim.

L'aile gauche de l'armée et le corps de Richepanse, servant de pivot à la conversion, s'avançaient lentement le long de la Biber et de l'Iller.

Ces divers mouvements ne s'étaient pas effectués sans rencontrer de résistance de la part des Autrichiens; car, soit du côté d'Ulm, où les avant-gardes du camp retranché occupaient la rive droite du Danube; soit en face de Lecourbe, où le général Starray manœuvrait avec un corps de 15,000 hommes, les troupes françaises avaient dû livrer, à chaque pas, de petits combats, où elles furent, il est vrai, toujours victorieuses. Starray, ayant disséminé ses forces sur le bas Danube, dut même prendre le parti de se retirer sur la rive gauche. C'est alors que Lecourbe put border le fleuve depuis l'embouchure de la Mindel jusqu'au pont de Blindheim, et prendre toutes les mesures nécessaires pour effectuer le passage.

Les reconnaissances ayant fait connaître que les ponts de Blindheim et de Gremheim étaient les plus faciles à réparer, Moreau décida que l'aile droite s'en servirait pour se trans

<< mortels du général Kleber gisent sans honneurs et abandonnés au château d'Iff, a depuis près de dix-huit ans,» arrêta qu'ils seraient placés dans le rond-point en avant de la promenade des Contades, et surmontés de sa statue en marbre.

Le 7 juillet 1831, lors du passage du roi Louis-Philippe, sur le vœu de la population d'Alsace, on vota à Kleber une statue en bronze qui devait être fondue avec des canons pris à Alger; elle ne fut inaugurée qu'en 1840.

Qui aurait pu supposer, à ce moment, que, trente ans après, les cendres de ce héros se retrouveraient encore sur une terre étrangère ?... Dévorés de chagrin, revenions à notre vieux patriotisme de 1792; cherchons à le ranimer parmi nous, et ne désespérons jamais de l'avenir de la France, de cette belle France, humiliée, vaincue, ruinée momentanément!... Un jour, elle reprendra ses provinces conquises, son Alsace, sa Lorraine chéries, et elle portera encore au loin le flambeau qui éclairera le monde.

« De tous les généraux que j'ai eus sous moi, disait Napoléon, Desaix et Kleber a ont été ceux qui avaient le plus de talents. »

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