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1808

Difficultés entre Davout et Soult au sujet des cantonnements dans la Nouvelle

Marche (Neumarckt).

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Mariage du général Pajol (31 mars).

· La brigade Pajol envoyée dans la haute Silésie. — Pajol est nommé baron de l'Empire (19 mars). · Pajol reprend le commandement de sa brigade (fin juin). affaires en Autriche et en Espagne.

Complication des Préparatifs inquiétants de la cour de

Vienne. Nouvelle organisation de l'armée d'Allemagne (août 1808). · La

brigade Pajol rentre sous les ordres de Davout.

surveiller la frontière autrichienne en Silésie.

Cette brigade est chargée de Création de l'armée d'Espa

gne (7 septembre). Entrevue d'Erfurt (27 septembre). Dotation faite au général Pajol. Dissolution de l'armée d'Allemagne et création de l'armée du Rhin (21 octobre 1808). Nouveaux cantonnements que doit occuper cette armée du Rhin. - Mouvements des divisions Morand, Friant et Gudin. — Marche des trois régiments de Pajol pour se rendre de la Silésie à Erfurt, Schönebeck et Aschersleben. Le quartier général de Davout à Erfurt. Celui de Pajol à Aschersleben. Pajol, au 31 décembre 1808, commande dix régiments de cavalerie légère.

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La nouvelle répartition des troupes, faite par Napoléon, le 11 novembre 1807, pour l'occupation de la Prusse et de la Pologne, avait soulevé, de la part de quelques maréchaux, des réclamations très-vives, basées généralement sur la difficulté de nourrir les hommes et les chevaux dans des contrées dévastées par la guerre ou par le séjour prolongé des armées belligérantes.

Soult surtout s'était plaint de la fixation de ses cantonnements: il prétendit que la province de la Nouvelle-Marche (Neumarckt) se trouvait comprise dans son commandement, et il la fit occuper par ses troupes, malgré les représentations de Davout, qui, de son côté, y dirigeait la division Gudin et les quatre régiments de cavalerie légère du général Pajol, que

l'Empereur avait prescrit d'établir dans la province de Kustrin proprement dite.

Il est vrai qu'il n'existait pas de province de Kustrin; mais il y avait lieu de penser qu'il s'agissait, dans le décret du 11 novembre, de la Nouvelle-Marche (Neumarckt), dont Kustrin est le chef-lieu. Davout, en l'occupant, était dans son droit. Cependant le maréchal Soult prétendait qu'il ne pouvait être question de la province tout entière, d'abord parce qu'il lui fallait, à lui, dans cette province, une route pour communiquer avec ses régiments cantonnés sur les bords de la Vistule; ensuite, parce qu'il ne lui serait plus resté, pour faire vivre son corps d'armée, qu'un pays ruiné et relativement peu étendu, puisqu'il avait déjà cédé au général Oudinot un territoire considérable dans la Pomeranie et aux environs de Danzig. Il offrit alors de laisser à Davout toute la partie de la province de Neumarckt située sur la rive droite de la Netze et de la Wartha. Davout objecta qu'il lui était impossible de cantonner dans un espace aussi restreint 12,000 hommes d'infanterie et 3,000 de cavalerie; il pouvait seulement renoncer au district de Schiffelbein, pour permettre au maréchal Soult d'établir sa communication avec ses troupes de la Vistule.

Au milieu de ces contestations, que la correspondance la plus active entre les deux maréchaux et le major général ne parvenait pas à aplanir, le mouvement de la division Gudin sur Kustrin s'achevait. Les régiments de Pajol étaient arrivés : le 5o hussards, à Landsberg; le 7° hussards, à Friedeberg; le 3o chasseurs, à Arnswalde, et le 11° chasseurs, à Dramburg. Ces troupes et celles qui étaient maintenues par Soult dans la NouvelleMarche se trouvaient donc très-rapprochées les unes des autres. Le pays, déjà épuisé, souffrait beaucoup, et des difficultés nombreuses se produisaient entre les régiments.

Le major général, craignant de voir bientôt éclater des conflits, se vit obligé d'en référer à l'Empereur, le 15 janvier; il exposa avec impartialité les raisons données par Soult et par Davout pour conserver, chacun, la province de Neumarckt. Napoléon, sans rien changer au fond des dispositions antérieures, décida que la brigade Pajol serait portée en Silésie, dans le commandement du maréchal Mortier. Le départ de

cette brigade, en allégeant beaucoup le province de Neumarckt, permettait au maréchal Davout de faire au maréchal Soult les cessions nécessaires à ses communications avec les cantonnements de la Vistule, aussi bien qu'à l'établissement de ses troupes entre la Vistule et l'Oder.

La décision de l'Empereur fut connue à Kustrin vers la fin de janvier. Pajol se trouvait alors en permission à Danzig, auprès d'Oudinot, et s'occupait de son prochain mariage avec la fille de ce général. Le 31 janvier, le général Gudin lui écrivit de venir promptement préparer ses régiments au mouvement à exécuter. Comme il ne s'agissait que d'un changement de garnison, Pajol obtint un nouveau congé. Peu de temps après, il se rendit à Paris. Un décret du 19 mars le nomma baron de l'Empire; mais ses lettres patentes ne furent signées que le 18 juin 1809, au quartier impérial de Schönbrunn (1).

Le 31 mars 1808, Pajol épousait, à la mairie du Pont-deSaint-Maur (Seine), Mile Marie-Louise Oudinot, âgée de dix-sept ans, née à Bar (Meuse), fille du général Oudinot et de FrançoiseCharlotte Derlin.

La famille Oudinot habitait, à cette époque, le château de Poulangis, situé sur les bords de la Marne et près du pont appelé aujourd'hui pont de Joinville. Elle était très-estimée dans le pays.

Après la célébration du mariage, le général Pajol et sa jeune femme se rendirent à Besançon auprès de Mme Pajol mère, qui n'avait pu venir à Paris. Ils s'établirent ensuite au château de Poulangis, qui faisait partie de la dot constituée par le général Oudinot à sa fille.

Après le départ du général Pajol, sa brigade avait changé de garnison. Ses quatre régiments formaient ce que l'on continuait d'appeler, à l'armée d'Allemagne, la division Lasalle. L'état-major, composé de l'adjudant commandant Petit-Pressigny et des capitaines adjoints Marquessat et Servan, ne les avait pas quittés, bien que le général de division fût parti lorsque les brigades avaient été dispersées, au moment de l'évacuation de Tilsit.

(1) Voir Pièces justificatives, no 39.

Pour remplacer Pajol pendant son absence, le maréchal Davout désigna le chef d'état-major, et le chargea de faire exécuter le mouvement sur la Silésie, en ayant soin d'envoyer près du maréchal Mortier un officier d'état-major, chargé de prendre ses ordres et de reconnaître les emplacements fixés pour chacun des régiments.

Mortier se trouvait fort embarrassé de cet accroissement de cavalerie légère. Il ne savait où la cantonner. Les populations se plaignaient des charges qui pesaient sur elles : les comités généraux des départements de Breslau et de la haute Silésie avaient envoyé des adresses pressantes pour qu'on fit cesser l'occupation militaire de leur pays, ruiné par les siéges et les passages d'armées. Cependant Mortier, obligé d'accepter la brigade Pajol, décida qu'elle occuperait Gross-Strehlitz et les environs; il prévint en même temps Davout qu'il pouvait mettre cette brigade en marche, du 15 au 20 février.

Les quatre régiments se mirent en mouvement du 19 au 23 février, pour se rendre à Glogau, où ils devaient recevoir les ordres de Mortier.

Le 5 hussards (713 hommes et 608 chevaux), commandé par le colonel Dery, partit, le 19, de Landsberg, coucha le même jour à Schwerin, d'où il se porta : le 20, à Schwiebus ; le 21, à Zullichau; le 22, à Kontop; le 23, à Kuttlau; il arriva le 25 à Glogau.

Le 7 hussards (711 hommes et 660 chevaux), aux ordres du colonel Colbert, quitta Friedeberg le 21, se rendit à Landsberg, suivit la même route que le 5 hussards, et se trouva le 29 à Glogau.

Le 3 chasseurs (636 hommes et 667 chevaux), sous le colonel Charpentier, partit d'Arnswalde le 22, alla coucher le même jour à Woldenberg, gagna Friedeberg le 23, et arriva le 2 mars à Glogau.

Enfin le 11° chasseurs (804 hommes et 745 chevaux), avec le colonel Jacquinot, quitta Dramburg le 23, coucha à Kallies, se porta, le 24, à Woldenberg, prit ensuite la même route que le 3 chasseurs, et fut rendu le 4 mars à Glogau.

Ces quatre régiments s'arrêtèrent chacun deux jours à Glogau, et furent acheminés, successivement, par Polkwitz, Luben,

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