Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors][merged small]

MIRABEAU

PEINT PAR LUI-MÊME.

PRÉSIDENCE

DE M. MOUNI E R.

Du 28 Septembre au 3 Octobre 1789.

28 septembre.ON. fit lecture dans cette

séance d'un très-grand nombre de dons patriotiques, parmi lesquels l'offre que faisoient quelques religieux Bénédictins de saint Martin-des-Champs, de l'abandon total des biens de l'ordre à la nation, excita la plus vive attention.

Ces annonces emportoient un temps considérable. Mirabeau demanda, dans la vue de conserver la totalité des séances du matin à des travaux importans, « que le reste des dons patriotiques, et toutes lettres anonymes et adresses fussent désormais Tome II.

A

сс

renvoyées aux séances du soir »: cette proposition fut adoptée.

L'assemblée agréa également une autre proposition du même membre, qui tendoit « à faire une adresse aux commettans, pour leur donner connoissance des motifs qui l'avoient déterminée à accepter par son décret du 26 le plan présenté par M. Necker, et les inviter à s'y conformer ».

Beaucoup de membres demandoient que la rédaction fût confiée à Mirabeau; mais il remercia de cet honneur, et annonça qu'il communiqueroit ses idées au comité de rédaction.

Dès le lendemain, à la lecture du procèsverbal, il s'éleva des plaintes sur la mention qu'on y avoit faite de la satisfaction qu'avoit causé à l'assemblée la preuve de patriotisme des Clugnistes.

Ces plaintes donnèrent lieu à de vives discussions; mais Mirabeau ramena la question à ses véritables termes : « Il s'agit, disoit-il, de la certitude d'un fait, que plus de 800 personnes avoient, par les applaudissemens les plus bruyans, approuvé la lettre de MM. de saint Martin-des-Champs; que vouloir soutenir le contraire c'étoit nier l'évi

dence; il demanda que l'on laissât dans le procès-verbal des expressions qui étoient vraies, et que tout le monde devoit approu

ver ».

L'assemblée arrêta que la phrase contestée seroit conservée.

On passa bientôt après à l'ordre du jour, et l'assemblée rendit un décret sur la responsabilité des ministres.

Dans cette même séance, M. Fréteau témoigna son étonnement de ce qu'il existoit des décrets de l'assemblée nationale sanctionnés par le roi, et promulgués dans de simples arrêts du conseil. Il proposoit d'autoriser M. le président à se retirer devers le roi, pour le prier de sanctionner désormais les décrets en forme de déclarations.

Cette proposition fut ajournée.

Mirabeau fixa également l'attention de l'assemblée sur la question de savoir si la qualité de ministre étoit un motif pour être

exclu de l'assemblée nationale.

Voici comment il s'exprima :

« Il n'est pas douteux qu'un ministre doitsavoir son métier; il n'est pas douteux aussi que si vous avez décrété une peine afflictive

il sera puni sévèrement; s'il ne fait qu'une erreur notoire il sera jugé entièrement incapable du ministère.

[ocr errors]

» Comme le métier de ministre ne peut être sans candidats, il me semble

devrions les entendre.

que nous

» En effet, dans le nombre des articles. proposés, il est une question qui me semble avoir été oubliée ; c'est celle de savoir ; si un ministre peut être membre de l'assemblée nationale. Cette question s'est déjà présentée.

» Plusieurs membres ont été portés au ministère, ils ont jugé à propos d'abdiquer le titre de représentans de la nation; ils ont cru bien faire : mais il est permis d'avoir deux avis à cet égard. Les ministres du roi sont-ils éligibles dans cette assemblée ? dans mon opinion ce sentiment est soutenable.

» Nous éprouvons tous les jours le besoin d'informations il est très-possible d'en obtenir, sur-tout en finances: pour moi, qui ne crains pas l'influence ministérielle, tant qu'elle n'agit pas dans l'obscurité du cabinet; pour moi, qui suis persuadé qu'un ministre désormais ici ne sera qu'un simple individu au milieu de ses égaux, je pense

« PreviousContinue »