Page images
PDF
EPUB

dantes que celles de 1828, qui avaient dépassé les rentrées précédentes.

Arrivé au budget de 1831, le ministre évaluait l'ensemble des charges ou dépenses de toute nature à 983,185,597 fr.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Fond d'amortissement de la dette fondée. . .

Dotations consacrées à la liste civile, aux Chambres et à

la Légion-d'Honneur..

6,450,000

326,033,934 fr.

9,000,000

6,000,000

56,487,475

41,665,050

36,664,000

[blocks in formation]

Travaux publics.

3,470,000

Dépenses de la guerre (solde et entretien de l'effectif de

l'armée de terre ).

162,880,000

Dépenses de la marine (solde et entretien de l'effectif de

l'armée de mer)..

27,316,200

[blocks in formation]

(1) On observera que dans ce classement ou cette distribution de forme nouvelle, les dépenses d'administration des divers services sont comprises dans cet article. De là vient la diminution apparente des articles de la justice, des affaires étrangères, de la guerre, de la marine, etc., en les comparant an budget des années précédentes.

Quant aux recettes, le ministre faisait observer qu'en les estimant d'après les recouvremens du dernier exercice, elles devraient s'élever pour 1831 à..............

986,201,158 fr.

Dont le total comparé à la masse des dépenses.. 983,185,597

Devrait laisser au trésor un excédant disponible de.

3,015,561 fr.

« Telle est, disait le ministre en terminant son rapport, la véritable situation des charges et des ressources de la France; toutes ses dettes sur les anciens exercices sont ou soldées ou couvertes par des moyens suffisans, et ses badgets courans et futurs offrent dès à présent des fonds libres et de grandes espérances d'améliorations...

Le tablean que je viens de mettre sous les yeux de Votre Majesté, pour lai exposer dans toutes ses parties la situation des finances de l'État, ne présente que des résultats satisfaisans sur le passé, et plus favorables encore pour l'avenir. Jamais aucun peuple n'a recueilli des avantages plus précieux et plus prompts que ceux dont la France a commencé à jouir depuis le retour de ses souverains légitimes; jamais aucune nation n'a été appelée à de plus belles destinées que celles que prépare encore la sollicitude royale à la reconnaissance pablique. Tous les efforts se réuniront désormais à ceux du souverain pour conserver les bienfaits d'un gouvernement qui a fondé la prospérité de la Franec, et qui doit satisfaire chaque jour davantage à ses nouveaux besoins et à ses plus chères espérances. »

Nous nous sommes étendus sur ce rapport, parce que ses données devaient servir de base à la proposition du budget à présenter dans la session législative qui venait d'être prorogée, et comme étant le dernier document historique pour apprécier l'état où la dynastie régnante allait bientôt laisser les finances du royaume.

Tout important qu'il fût, à peine attira-t-il l'attention de quelques observateurs économistes ou financiers, dans la tourmente des passions qui s'agitaient, et dans l'attente des événemens qui se préparaient.

Quoi qu'en eût dit l'opposition, le gouvernement poursuivait les préparatifs de l'expédition d'Alger avec un zèle proportionné à l'intérêt particulier qu'il y attachait, et sur une échelle plus grande que celle même de l'Égypte. Il faisait armer plus de cent bâtimens de guerre, et nolisait trois à quatre cents transports; il ramassait du côté de Toulon trente à quarante mille hommes de toutes armes une artillerie magnifique, un matériel immense, et en donnait le

commandement au ministre de la guerre, M. de Bourmont. Il ne s'agissait dans les journaux royalistes que de venger les injures de la France et de la chrétienté, de détruire un repaire de pirates, de fonder une vaste colonie, et de porter en Afrique les bienfaits de la civilisation. Mais aux yeux des libéraux clairvoyans, le but secret, l'objet réel de l'expédition était de détourner au dehors les entreprises faites au dedans contre les libertés publiques, de réveiller l'esprit militaire au profit de la restauration, d'opposer les soldats aux citoyens, de donner à M. de Bourmont l'occasion de faire oublier la désertion de Waterloo, et au ministère du 8 août l'honneur d'une riche conquête. On se flattait de balancèr ainsi l'influence de la presse libérale, de reconquérir l'opinion publique, d'éblouir un peuple éminemment sensible à la gloire militaire. Le ministère espérait que cette popularité nouvelle le dispenserait de recourir à des coups d'État, ou qu'à toute extrémité le vainqueur d'Alger pourrait tenter sans péril un nouveau 18 brumaire. C'est dans ces illusions que les vœux de la cour et de tout le parti royaliste accompagnaient M. de Bourmont, qui partit de Paris le 19 avril, pour aller prendre le commandement de l'armée d'Afrique.

Nous ne faisons qu'indiquer ici cette mémorable expédition, dont le récit remplira le chapitre suivant, pour rappeler les espérances, les inquiétudes et les dissentimens qu'elle excitait. Rien n'est plus propre à donner une idée vraie, mais douloureuse, des écarts où l'esprit et l'intérêt de parti peuvent entraîner les cœurs les plus généreux..

En même temps que les trompettes royalistes sonnaient si haut des fanfares de gloire, et que les plumes du parti appelaient des coups d'État, le clergé catholique aidait aux mêmes desseins par ses missions, par ses congrégations organisées, comme les associations libérales, et par tous ses moyens d'influence, dans certaines provinces et sur une partie de la population.

Paris ne vit pas sans étonnement, à cette époque, une cérémonie religieuse qui semblait appartenir à un autre siècle : c'était la translation des reliques de saint Vincent de Paule, que l'archevêque de Paris fit porter processionnellement de la cathédrale à la cha

pelle des RR. PP. Lazaristes ou missionnaires de France (25 avril). Ces reliques, dont quelques feuilles libérales ont contesté l'identité, avaient été enfermées dans une châsse d'argent massif, admise à la dernière exposition des produits de l'industrie française, en 1828, moins remarquable pour son travail gothique que par le poids, qui était d'environ 250 kilogrammes, payée en partie par les souscriptions des fidèles. Rien n'avait été négligé pour donner la plus grande pompe à cette solennité, que la philosophie pouvait considérer comme un hommage populaire rendu à un bien;aiteur de l'humanité, au vénérable fondateur d'un ordre dévoué au soulagement des pauvres et des malades, mais que le parti célébrait comme un triomphe en l'honneur du chef des missions de France. Trois à quatre mille prêtres, ou lévites, frères des écoles chrétiennes et sœurs de la charité, douze à quinze prélats, entre lesquels on distinguait l'archevêque de Paris, vêtu de ses habits pontificaux, formaient cette procession, à laquelle s'étaient joints une foule de personnages couverts de broderies et de décorations, et qu'escortaient des troupes de la garde royale et de la garnison, dont la musique militaire se mêlait aux chants religieux du clergé. Elle traversa plusieurs quais et grandes rues, que la police avait fait orner de tentures et parsemer de feuillages, au travers des flots d'une population moins édifiée qu'étonnée du spectacle qu'on offrait à ses yeux. Les reliques, arrivées à la chapelle des missions, y furent exposées pendant plusieurs semaines à la vénération des fidèles. Le roi et la famille royale y allèrent publiquement faire leurs prières, et il fut frappé, en mémoire de cette cérémonie, une médaille, distribuée ou vendue à tous ceux qui voulurent s'en faire mérite ou témoigner de leur piété.

Le soir ou le lendemain de cette procession entraient en France le roi et la reine de Naples, qui venaient de marier leur fille au roi d'Espagne (voy. l'Ann. pour 1829, p. 463 et suiv.), et que la rigueur de l'hiver avait forcés d'y prolonger leur séjour. LL. MM. firent le voyage des Pyrénées à Paris à petites journées, en s'arrêtant dans tous les endroits que des souvenirs historiques, des monumens ou des sites remarquables recommandaient à leur atten

tion comme à Pau, où elles allèrent visiter le château et le berceau du grand Henri, aïeul commun des trois branches des Bourbons; à Bordeaux, où elles séjournèrent plusieurs jours. La duchesse de Berry leur fille alla les recevoir (12 mai) à Chambord, et les conduisit à Saint-Cloud, d'où le roi voulut les installer luimême à l'Élysée-Bourbon, qui leur était destiné pour leur résidence à Paris.

Elle se prolongea plusieurs semaines et ne fut qu'une suite mon interrompue de fêtes, entre lesquelles l'histoire doit citer celle de Rosny, donnée par la duchesse de Berry, et surtout celle du Palais-Royal (31 mai), moins remarquable par la inagnificence et le goût du prince qui l'offrait à ses augustes parens, que par la réunion de toutes les célébrités et les illustrations du temps, sans acception de rang ou d'opinion (1), fait à citer dans les circonstances où l'on se trouvait, et que le ministère venait encore d'aggraver.

Le 16 mai, au retour de M. le dauphin de son voyage à Toulon, le jour où devait appareiller l'expédition d'Alger, on s'était enfin décidé à dissoudre la Chambre élective, résolution devant laquelle on avait long-temps hésité, et qui n'avait pas été prise sans dissentiment dans le Conseil, moins quant à la résolution que quant aux mesures qu'elle entraînerait dans le cas où les élections nouvelles ne répondraient pas aux espérances qu'on en avait.

L'ordonnance de dissolution convoquait les colléges électoraux dans les départemens qui n'en avaient qu'un seul pour le 23 juin; dans les autres, les colléges d'arrondissement devaient se réunir le 3 juillet; ceux de département le 20 du même mois, et l'ouverture de la session nouvelle était fixée au 3 août.

19 mai. Trois jours après, la date est à remarquer, deux des

(1) Cette fète, dont on trouvera les détails dans la Chronique (art. du 31 mai), appartient à l'histoire par une conversation que M. de Salvandy assure y avoir eue avec Monseigneur le duc d'Orléans, qu'il a recueillie et fait insérer depuis daus le livre des Cent et un (1 vol), conversation trop longue pour trouver place ici, mais dont il résulterait que le prince était fort effrayé de la tournure des affaires, et qu'il avait fait d'inutiles efforts pour engager le Roi à changer de système.

« PreviousContinue »