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périal fut couronné comme roi futur de Hongrie, avec la pompe et le cérémonial usités en pareil cas. On jeta de l'argent au peuple (22,000 petites pièces d'or ou d'argent). De leur côté, les États offrirent au roi nouvellement couronné un don de 50,000 ducats, qu'il n'accepta que pour en appliquer une partie à la dotation d'une académie, qui devait être fondée à Pest, et l'autre au sodlagement de plusieurs communes.

Un rescrit royal avait exprimé la désir de S. M., que la session de cette année ne durât que huit semaines, et recommandait en conséquence aux États de mettre la plus grande célérité dans la discussion des propositions royales. ·

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L'une des plus importantes était le demande d'une levée de cinquante mille hommes, afin de porter les régimens hongrois au grand complet. Elle souffrit quelques difficultés. La diète ne voulait d'abord accorder que trente mille hommes sur-le-champ, et vingt mille hommes au mois de mars. Mais après des débats confidentiels, où le gouvernement insista sur les dangers qui pouvaient résulter de l'état actuel de l'Europe occidentale, la diete céda à ces considérations... On y`reproduisit vainement encore les réclamations faites dans les dernières sessions, sur l'usage de la langue hongroise dans le commandement militairey dans les relations des deux Chambres entre elles, et sur différens griefs ( generalia regni gravamina) restés sans réponse, comme la réunion au royaume des provinces qui en avaient jadis fait partie. Mais la fin de la cession est arrivée sans qu'on y eût encore fait droit. S, A. R. l'archiduc Charles, dans l'absence du nouveau roi qui se trouvait alors indisposé, en a fait la clôture le 20 décembre; et la levée, principal objet que l'Autriche avait en vue contestée par la diète, n'a trouvé dans cette population guerrière aucune opposition.

Déjà toute l'Autriche était en armes; l'armée était portée à plus de 360,000 hommes; dont 80,000 étaient ou devaient être envoyés en Italie. Un cordon de 40,000 hommes était formé sur les frontières de la Gallicie. Un ordre du gouvernement interdisait toute importation d'armes ou de munitions de guerre dans le royaume

de Pologne, tant que le bon ordre et la tranquillité n'y seraient pas rétablis. On n'a pas besoin de dire ce que signifie le bon ordre en style de chancellerie d'une cour enrichie des partages de la Pologne. On verra que l'Autriche n'était pas moins disposée à combattre ou comprimer partout l'esprit révolutionnaire.

PRUSSE.

La Prusse aussi voyait avec terreur la fermentation des idées et des passions politiques qui travaillaient l'Allemagne, et l'in fluence des doctrines de la presse libérale de France, que toute la surveillance de la police et la rigueur des censures allemandes ne pouvaient empêcher; la dernière session des États dans les provinces rhénanes avait offert des débats très animés sur la question de l'abolition du Code Napoléon et des institutions judiciaires que le gouvernement prussien avait promis de conserver lorsqu'il prit possession du grand duché du Bas-Rhin; mais il avait depuis manifesté l'intention de substituer les lois prussiennes, dont l'en→ semble offre une confusion, des lacunes ou des contradictions qui ouvrent un vaste champ à l'esprit chicanier des avocats et à l'arbitraire des juges et des tribunaux. La session suivante, qui s'ouvrit le 23 juin, reproduisit les représentations déjà faites à cet égard, et la solution n'en était pas donnée lorsque les révolutions de France et de Belgique firent trève à l'agitation et réveillèrent des idées plus menaçantes pour la puissance prussienne. A la première nouvelle des troubles qui se manifestèrent du côté d'Aixla-Chapelle, le général de Berstett s'y porta avec des troupes... Trois corps d'armée ( les 4,7 et 8e) y furent réunis et complétés par l'appel des recrues, de manière à former une armée de 75,000 à 80,000 hommes et mis sous les ordres du prince Guillaume, qui fut en même temps nommé gouverneur des. provinces rhénaues, Au moyen de ces précautious et des mesures modérées d'une sage administration, il n'y eut que quelques émeutes partielles contre les employés des douanes, dont la fiscalité devenait de jour en jour plus oppressive... En général, la population du grand duché sem

blait attendre, pour se soulever, le signal d'une guerre qu'on y croyait inévitable.

Le cabinet de Berlin en avait aussi compris le danger. Le roi manifesta d'abord à la première nouvelle des événemens de juillet l'intention de ne pas se mêler des affaires de France, et de rester avec son nouveau roi dans les termes des traités et des relations qu'on avait avec l'ancienne dynastie. Il reçut l'envoyé de LouisPhilippe ( le général comte de Lobau ) avec une expression et des égards de bienveillance que ne montrèrent pas les princes de sa famille, ni la noblesse de la cour, et les manoeuvres d'automne eurent lieu comme à l'ordinaire.

Un seul événement jeta l'alarme et menaça pendant deux jours la tranquillité publique à Berlin. Une douzaine de garçons tailleurs s'étaient réunis le 16 septembre dans une taverne où ils chantaient des chansons populaires, lorsqu'ils furent arrêtés et conduits à l'Hôtel-de-Ville par un commissaire de police que la rudesse de ses manières avait rendu depuis long temps odieux au peuple. Cette arrestation donna lieu à un rassemblement considérable où se trouvaient beaucoup d'autres garçons tailleurs qui criaient à l'arbitraire, et voulaient que leurs camarades fussent immédiatement relâchés. Le poste de l'Hôtel de-Ville parvint d'abord, en eroisant la baïonnette, à contenir la foule et à faire conduire les détenus au château. Mais cette mesure ne fit qu'irriter la multitude; le tumulte devint effroyable, l'autorité civile ne put se faire entendre, il fallut demander un bataillon de renfort; et ce n'est que fort avant dans la nuit, après l'arrestation d'un grand nombre de mutins, que le reste se dispersa.

Le lendemain 17, à sept heures du soir, l'esprit de sédition et aussi la curiosité de voir si les événemens de la veille se renouvelleraient, attirèrent encore une plus grande foule sur la place du château et dans les environs. Plusieurs bataillons d'infanterie s'y portèrent soutenus par un corps de hulans, d'autres troupes, les canonniers de la garde furent posées aux avenues; et toute la garnison, forte de quatorze mille hommes, fut mise sous les armes. La présence d'une force armée si considérable imposa aux

cabaleurs; mais il n'y eut pas moins d'autres tentatives de résistance et quelques charges où plusieurs personnes furent tuées ou blessées victimes de leur audace ou de leur curiosité. Le lendemain, il parut une ordonnance de police qui défendait tout attroupement de plus de cinq personnes le soir, en annonçant les mesures les plus vigoureuses et les plus énergiques pour étouffer dans son germe, toute tentative de troubler encore la tranquillité publique; et cette émeute, à laquelle la bourgeoisie était restée étrangère, n'a pas eu d'autres suites. D'ailleurs on crut ou on affecta de croire qu'elle ne devait pas naissance à des idées politiques. Deux jours après, les garçons tailleurs arrêtés, ayant été reconnus innocens, furent élargis; l'officier de police qui s'était porté contre eux à cet acte de rigueur fut suspendu de son emploi, d'ordre exprès de Sa Majesté, comme ayant outre-passé ses pouvoirs. L'opinion publique applaudit à cette satisfaction; et le gouvernement n'en parut que plus fort contre les tentatives séditieuses. Un sentiment na、 tional dominait alors toutes les idées de la jeunesse prussienne, et la crainte de voir échapper les conquêtes de 1814 et 1815, et la terreur jalouse qu'inspirait la reprise du drapeau tricolore, était une garantie contre la contagion révolutionnaire, Mais malgré l'appui que la guerre eût trouvé dans une partie de la population et les incitations de deux puissances (la Russie et la Hollande) unies avec lui des liens les plus étroits, d'état et de famille, le roi de Prusse est resté fidèle à ses engagemens envers la France.

BAVIÈRE.

Ce peuple noguère, paisible et confiant dans le gouvernement d'un roi dont les arts et la poésie occupaient les loisirs, était depuis plusieurs années travaillé de l'esprit de critique et d'innovation qui enfante les révolutions, au point que le gouvernement jugea nécessaire de rendre au commencement de l'année une ordonnance destinée à réprimer, sévèrement les écarts de la presse, surtout en ce qui concernait les attaques contre la religion et la diffamation contre les hauts fonctionnaires de l'État.

Ann. hist. pour 1830.

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Le roi fit cette année comme les années précédentes un voyage de quelques mois (du 15 mars au 10 juin) en Italie, à Rome et à Naples, d'où il alla prendre les eaux d'Ischia,

Il parut peu de jours avant son retour un compte rendu, par la commission instituée en vertu de l'article 14 du titre vii de la constitution, de l'emploi des revenus de l'État, de 1826 à 1829, dont voici les résultats :

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Ce même rapport constatait une diminution opérée dans les impôts annuels depuis 1819, de 1,727,905 fl. Et cependant la commission proposait encore de supprimer ou de retirer des charges de l'État une dépense de 570,000 fl. consacrée à l'achat d'objets d'art, qu à la construction de monumens publics, tels que l'Odéon, etc., que la liste civile se chargerait d'acquitter...

Un des griefs de l'opposition était l'influence dont le clergé cat'olique jouissait à la cour. On lui attribuait la dernière ordonnance contre les écarts de la presse. Le rétablissement d'un ordre religieux de Saint-Benoît et l'inauguration du couvent de Merten, faite avec une solennité digne du douzième siècle, ne blessèrent pas moins l'opinion libérale. La nouvelle des événemens de juillet fit autant d'impression à Munich que dans aucune autre ville d'Allemagne; la cour aussi inquiète que la Prusse pour ses possessions d'outre Rhin, en laissa percer son mécontentement et ses craintes; elle parut alors se rapprocher de l'Autriche, mais elle s'empressa de répondre aux notifications de la France, en envoyant de nonvelles lettres de créance à son ministre à Paris.

(1) Environ 210,000,000 de francs, ce qui porterait le revenu annuel à 70,000,000 fr.

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