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mandait l'abolition des corporations et le jugement par jury dans les causes politiques; mais le ministre y mettait une opposition dont on dira l'année prochaine le résultat. La fin de celle-ci a encore été marquée par des désordres dans le pays d'Hanau.

HAMBOURG.

L'esprit de sédition et de turbulence démocratique s'était étendu jusqu'à la ville libre de Hambourg, où il se manifesta dès les premiers jours de septembre par une attaque contre quelques riches Juifs qui furent assaillis jusque dans leurs maisons de campagne aux cris de hep! hep! si long-temps le signal des ayanies qu'ils avaient à subir dans le moyen âge. Les troupes an séatiques qu'on envoya d'abord au secours des agens de police s'étant trouvées insuffisantes, l'audace de la multitude s'en accrut et se porta sur les maisons de quelques sénateurs, qu'ils saccagèrent toute la nuit du 3. Le sénat, voyant la sédition faire des progrès, rendit proclamations sur proclamations, et fit assembler la garde bourgeoise dans tous les quartiers. Cette garde elle-même, peu affectionnée au sénat, semblait voir avec quelque plaisir les vitres cassées et les troupes anséatiques battues; mais son apparition im→ posa pourtant aux mutins, qui se rassemblaient au dehors entre les portes de Hamborg et d'Altona, là où la garde bourgeoise ne pouvait être requise. Les troupes anséatiques qu'on fut obligé d'y renvoyer contre eux furent assaillies d'une grêle de pierres ; mais après une sommation qui leur fut faite de se disperser, la troupe fit feu. Il y eut cinq à six des mutins tués; un grand nombre de blessés plus ou moins grièvement: le reste prit la fuite, et tout rentra dans l'ordre..

DIETE GERMANIQUE.

Cependant les princes ou gouvernemens des États troublés par l'insurrection anxquels on avait arraché des concessions qu'ils avaient refusées jusqu'alors, avaient porté des plaintes répétées à la diète germanique. Elle avait résolu de ne point profiter cette

année des vacances qu'elle était en usage de prendre au mois de septembre. Elle ordonna qu'il fût fait des informations sur les insurrections de Brunswick et des deux Hesses. On y reconnaissait bien que les princes allemands n'avaient pas fait tout ce qu'ils devaient,. d'après l'acte fédéral, pour subvenir aux justes exigences des temps et des peuples; mais on considérait comme une vérité de principe que les concessions arrachées aux gouvernemens par une violence quelconque ne pouvaient être regardées comme valables, et que tous étant intéressés au maintien de leurs droits devaient se prêter mutuellement secours. C'est dans ce principe qu'il fut signé, le 21 octobre, une résolution, dont la publication ne fut toutefois ordonnée que le 25 novembre, résolution prise sur la proposition de l'Autriche par l'organe du président baron de MunchBelling-Hausen, par laquelle tous les États germaniques s'engageaient à se prêter mutuellement secours, de manière que si un gouvernement qui aurait besoin du secours de la confédération s'adressait, vu l'urgence du danger, à l'un des États voisins pour lui demander une assistance militaire, ce secours devrait être accordé sans délai, au nom de la confédération, autant que les forces de l'État requis suffiraient à cet égard...

Pour atteindre à ce but, les contingens fédératifs devaient être tenus disponibles autant que possible pendant toute la durée de la crise actuelle.

Le même acte recommandait à tous les gouvernemens de la confédération la surveillance la plus active sur les feuilles politiques, et finissait par ce paragraphe remarquable qui en fait voir l'esprit :

« La confédération, en prenant la résolution présente, se livre avec confiance à l'espoir que l'irritation qui se manifeste en ce moment sur différens poiats de l'Allemagne, cèdera bientôt à la conviction calme et réfléchie du prix de la paix intérieure, et qu'elle trouvera un terme dans la sagesse des gouvernemens d Allemagne, puisqu'on peut s'attendre à ce que d'un côté ces gouvernemens remédieront avec un soin paternel à des griefs justement fondés là où ils existent, et sont présentés dans les voies légales, qu'ils rempliront les obligation's que les lois de la confédération leur imposent envers leurs sujets, et feront disparaître de cette manière tout prétexte de résistance coupable aux ordres de l'autorité, et à ce que d'un autre côté ces mêmes gouvernemens don.

neront cours toût aussi peu à une condescendance hors de saison, dangerense pour tout le corps germanique, et incompatible avec leurs obligations en qualité de membres de la confédération. »

L'effet de cette résolution (voy. l'Appendice), appuyée par la levée de tous les contingens germaniques, fut prompt et décisif quant aux États allemands. Mais malgré les réclamations répétées de la Hollande, malgré l'opposition qui s'y manifesta contre la réuuion du Luxembourg à la Belgique, la sérénissime diète hésita pour appliquer le principe de l'intervention fédérale à cette question.

CHAPITRE IV.

DANEMARCK.-Vœux exprimés pour l'octroi d'une constitution.

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Adresse au roi

annoncées par le roi.-SUÈDE.-Travaux et clôture de la diète suédoise.— Discours du roi.-NORWEGE.-Ouverture da Storthing. pour le couronnement de la reine.

RUSSIE et POLOGNE.— État de l'empire russe. Envoyés turcs à Saint-Pétersbourg-Convocation de la diète polonaise. — Voyage de l'empereur à Varsovie. Ouverture et travaux de la session.-Retour de l'empereur à SaintPétersbourg. Réception des nouvelles de la révolution de France. Réponse de l'empereur à Louis-Philippe.--Levée de recrues.-Invasion da choléra-morbus.-Ravages qu'il fait à Moscou.-Mesures prises pour arrêter la contagion.-Insurrection de POLOGNE.-Retraite du czarewitsch Constantin et des troupes. · Gouvernement provisoire. — Réunion de la diète. - Dictature déférée au général Clopicki. Députation envoyée à SaintPétersbourg.-Manifeste de l'empereur et du peuple polonais.-Préparatifs

militaires.

DANEMARCK.

Il y a plusieurs années que les prélats et l'ordre équestre des duchés de Holstein et Sleswig s'étaient adressés à la diète germanique pour réclamer l'intercession de cette assemblée, auprès du roi de Danemarck leur souverain, à l'effet de l'engager à rétablir les anciens états de ces deux duchés, ou de leur octroyer, conformément à l'article 13 de l'acte fédéral, une nouvelle constitution représentative. Cette démarche n'avait point eu de résultat; mais le souvenir en était resté. Quoique le gouvernement paternel de ce royaume laissât peu de chose à désirer pour la sécurité des sujets, des vœux suscités par les événemens du dehors s'étaient récemment manifestés de manière à faire espérer que le roi y satisferait spontanément en accordant une constitution commune à toutes ses possessions curopéennes. Ces espérances n'ont point encore été remplies.

SUÈDE.

La Suède libre, et digne de sa liberté par l'usage qu'elle en fait, voyait la session de sa diète, ouverte le 10 novembre 1828, se prolonger bien au-delà du terme ordinaire de ses sessions; les états venaient enfin de terminer le budget voté pour cinq années où les dépenses annuelles étaient estimées à 9,135,000 risdales (environ 52,000,000 fr.) et où la liste civile n'entre guère en total que pour 1,200,000 fr.; ils avaient fait au tarif des douanes des modifications importantes dans l'intérêt de l'industrie nationale; ils avaient amélioré ou plutôt fondé le régime hypothécaire de manière à faciliter les transactions particulières, et venir au secours des propriétaires. Enfiu, cette même diète prit en considération plusieurs propositions de révision à la loi fondamentale qui ne peuvent être mise en délibération qu'à la diète prochaine (dans six ans), et elle a voté, en se retirant, une somme de 800,000 risdales pour l'achèvement de ce fameux canal de Gotha dont l'entreprise serait célébrée comme une belle création dans une grande monarchie.

On trouvera un sommaire des travaux de cette session dans le discours qui fut lu par le prince Oscar, au nom du roi son père, à la séance de clôture qui eut lieu le 19 mars. Il offre la preuve évidente de la bonne harmonie qui n'avait cessé d'exister entre les états et le gouvernement (V. l'Appendice).

NORWEGE.

En Norwège aussi la session du Storthing, ouverte un mois auparavant (le 19 février), par le conseiller d'État gouvernant (M. Colett), promettait des résultats satisfaisans, mais trop peu importans pour nous y arrêter. Il nous suffit de remarquer que cette assemblée vota comme d'enthousiasme (28 avril ) une adresse pour supplier le roi de permettre que son auguste épouse fût couronnée reine de Norwège à Christiania, capitale de ce royaume,

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