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alors seulement qu'ils croiront leur joug brisé pour toujours.

Le bey de Titterie a reconnu le premier l'impossibilité où il était de prolonger la lutte. Le lendemain même du jour où les troupes françaises ont pris possession d'Alger, son fils, à peine âgé de 16 ans, est venu m'annoncer qu'il était prêt à se soumettre, et que si je l'y autorisais, il se présenterait lui-même. Son jeune envoyé remplit sa mission avec une naïveté qui rappelait les temps antiques. Je lui remis un sauf-conduit pour son père, qui, le jour suivant, se rendit à Alger. Je l'ai laissé à la tête du gouverne ment de sa province, sous la condition qu'il nous paierait le même tribut qu'au dey. Cette condition a été acceptée avec reconnaissance. Les habitans paraissent couvaincus que les beys d'Oran et de Constantine ne tarderont pas à suivre l'exemple de celui de Titterie.

Déjà la confiance commence à s'établir: : beaucoup de boutiques sont onvertes Les marchés s'approvisionnent. Le prix des denrées est plus élevé que dans les temps ordinaires; mais bientôt la concurrence aura fait cesser cette cherté éphémère. J'ai confié la direction de la police a M. d'Aubiguose, Français qui a long-temps habité l'Orient. Une commission, présidée par M. l'intendant en chef Deuiée, a été chargée d'indiquer les modifications que les derniers événemens devaient apporter dans l'administration et la forme du gouvernement. M. le général Tholozé a été nommé commandant de la place. Son caractère ferme et honorable le rend éminemment propre à ce poste important.

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La ligne de communication dont Sidi-Ferruch est le point de départ va devenir inutile, et désormais les approvisionnemens de l'armée seront dirigés dans le port d'Alger. Une grande économie doit en résulter dans le service des transports. Dans quelques jours on désarmera les redoutes qui avaient été construites entre Sidi-Ferruch et le camp de siége; enfiu, la place de dépôt elle-même devra être abandonnée aussitôt après que les hôpitaux auront été tranférés ailleurs, et que les subsistances qui s'y trouvent auront été consommées ou embarquées.

« Déja des ordres sont donnés pour que le matériel d'artillerie qui n'avait point été mis à terre soit transporté en France. L'équipage de siége reste presque entier. On a trouvé ici une iminense quantité de poudre et de projectiles, et plus

de 2,000 bouches à feu presque toutes eu bronze. La valeur de ces objets, celle des fers qui appartiennent au gouvernemeut, et surtout celle du trésor, dout M. le payeur-général fait l'inventaire, paraissent devoir suffire pour payer une grande partie des frais de la guerre.

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Tous les prisonniers français qui se trouvaient à Alger m'ont été remis le 5 au matin, avaut que les troupes françaises prissent possession de la place.

«La chaleur est vive depuis quelques jours. Plusieurs fois le thermomètre de Réaumur a marqué 28 degrés. Quoique le siége n'ait duré que six jours, l'activité avec laquelle les travaux ont été conduits a fait éprouver aux troupes de grandes fatigues. Les dyssenteries sout devenues plus nombreuses; mais ceux qui en sout atteints ne le sont point assez gravement pour quitter leurs corps. On compte à peine 250 fievreux dans l'armée. Le nombre d'hommes mis hors de combat depuis le 14 est de 2,300; 400 sont morts; 1.900 blessés ont été ervoyés aux hôpitaux: ici, comme en Égypte, ils se guérissent promptement. La plupart des pères de ceux qui ont verse leur sang pour le Roi et la patrie seront plus heureux que moi: le second de mes fils avait reçu une blessure grave dans le combat du 24. Lorsque j'ai eu l'honneur de l'annoncer à V. Exc., j'étais plein de l'espoir de le couserver. Cet espoir a été trompé; il vient de succombér. L'armée perd un brave soldat. Je pleure un excellent fils. Je prie V. Exc. de dire au Roi que, quoique frappé par ce malheur de famille, je ne remplirai pas avec moins de vigueur les devoirs sacrés que m'impose sa confiance.

« J'ai l'honneur d'être, etc.

« Le comte DE BOURMONT, »

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barqués aujourd'hui, Le dey paraît hen-. reux d'avoir vu se terminer ainsi une crise dont la solution semblait devoir lui être fatale.

L'embarquement des soldats non mariés de la milice a commencé aujourd'hui: 1300 sont à bord, chacun d'eux a reçu 5 piastres d'Espagne. Cette somme équivant pour eux a deux mois de solde, ils ont exprimé en la recevaut une vive reconnaissance. Il ne s'attendaient qu'a de mauvais traitemeus; plusieurs mihiciens mariés n'out pas voulu profiter de l'autorisation qu'on leur accorde de rester à Alger. Ils sentent que la haine des Maures et des Juifs y rendra leur position pénible.

« Une commission municipale a été installée; parmi les hommes qui la coinposent, il y en a d'éclairés. Ils reçoivent avec joie la part qu'on leur accorde dags l'administration de leur pays. La confiance s'accroît tons les jours; aujourd hui les marchés étaicut abondan meut pourvus. et déja les prix sout beaucoup moins élevés.

« Des bâtimens de subsistances viennent d'entrer daus le port; c'est désormais par cette voie que l'armée sera approvisionnée. Toutefois, pendant quelques jours encore, des convois se dirigeront de Sidi Ferruch vers Alger; ils pourroient maintenant marcher sans escorte; pas un Arabe armé ne se montre sur la route.

Les dysscuteries continueut, mais sans être accompagnées de symptômes alarmaus. Le repos dont jouissent maintenant les troupes doit amener une ainélioration. D'après l'avis du conseil de santé de l'armée, on a doublé la ration de vin et celle de riz. »

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« La Casauba, le 13 juillet 1830. Priuce,

Depuis la prise d'Alger, pas un coup de fusil n'a été tiré dans le pays qu'oc cupent les troupes françaises: ces Arabes, dont les baudes armées couvraient la campagne et harcelaient sans cesse nos colounes out repris leurs habitudes pacifiques. Tous les jours ou les voit en fonle conduire vers la ville ou vers nos camps leurs bêtes de somme chargées de deurées Souvent même ils la ́ssent jusqu'au lendemain, sons li sauvegarde de nos troupes, ce qu'ils n'ont pu vendre dans la journée, Quoique le prix de

la plupart des objets de consommation soit moins élevé qu'en Frauce, il est encore supérieura celui des temps ordinai. res; le ble et la viande abondent, et bientot on u'aura que du vin à demander pour la subsistance de l'armée. Un troupean de 1200 bœufs vient d'être envoyé par le bey de Titterie.

«Les bâtimens sur lesquels on avait embarque le dey et les soldats de la milice out mis a la voile. Cet événement a achevé de rassurer les Maures.

«Le bey de Constantine était resté pendant quelques jours à cinq journées d'Alger, avec les debris de son armée. Eu butte a la mousqueterie des Arabes, il a été contraint de se rapprocher da chef-lieu de sa province.

« L'état sanitaire de l'armée est toujours le même. Les dyssenteries sont nombreuses, mais il est rare qu'elles soient accompagnées de fièvres; pas uue maladie ai guë ne s'est déclarée Des précautions ont été prises contre la communication de l'armée avec les pays suspects sous le rapport de la peste. On a établi sur le port d'Alger un bureau de santé auquel les bâtimens de commerce arrivant devront envoyer leurs patentes, et qui en délivrera lui-mène à ceux qui feront voile vers l'Europe Deux membres de l'intendance de santé de Marseille dirigent cet établissement.

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de Rosamel avait le double but d'occuper, de gré ou de torce, Bone, d'y mettre garnison, et d'agir ensuite contre Tripoli. A la demande de M. le comte de Bourmout, j'avais dirigé quelques jours auparavant sur Boue, par la corvette L'Echo, commandée par M. Grach', une députation d'habitans notables d'Alger, porteurs d'une dépêche de général en chef pour les autorités locales, et qui devait disposer les esprits a la soumission. M. le capitaine de vaisseau Kerdrain, commandant devant Bone en l'absence de M. le capitaine de vaisseau Gallois, a fait débarquer la députation sous la ville, en adressaut aux autorités locales une invitation de reconnaitre l'autorité du Roi, de faire évacuer le fort par la garnison turque, d'y arborer et saluer le pavillou de France. Cette démarche a ob. tenu un succès complet."

L'Echo a quitté Bone le 26. La ville et les ports doivent être occupés en ce moment par la garnison française que M l'amiral de Rosanel, parti le 24, y a sans doute débarqué depuis deux ou trois jours. »

« DUPERRE, »

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"Vos ministres seraient peu dignes de la confiance dout Votre Majesté les honore, s'ils tardaient plus long-temps à placer sous vos yeux un aperçu de notre situation intérieure, et a signaler à votre hante sagesse les dangers de la presse périodique.

A aucune époque, depnis quinze années, cette situation ne s'était présentée sous un aspect plus grave et plus affligeant. Malgré uue prospérité matérielle dont nos annales n'avaient jamais offert d'exemple, des signes de désorganisation et des symptômes d'anarchie se manifesteut sur presque tous les points du

royaume.

Les causes successives qui out concouru à affaiblir les ressorts du gouvernement monarcuque tendent aujourd'hui à en altérer et à en changer la Dature déchue de sa force morale, l'autorité, soit dans la capitale, soit dans les provinces, ue lutte plus qu'avec désavantage contre les factions; des doctrines pernicieuses et subversives, hau

tement professées, se répandent et se propagent dans toutes les classes de la population; des inquiétudes trop geuéralement accréditées agitent les esprits et tourmentent la société. De toutes parts on demande an présent des gages de sécurité pour l'avenir.

Une malveillance active, ardente, infatigable, travaille à ruiner tous les fondemens de l'ordre et a ravir à la France le bonheur dont elle jouit sous le sceptre de ses Rois. Habile a exploiter tous les mécouteutemeus et à soulever toutes les haines, elle fomente, parmi les peuples, un esprit de défiance et d'hostilité envers le pouvoir, et cherche å semer partont des gerines de troubles et de guerre civile.

« Et déja, Sire, des événemens récens out pronvé que les passions politiques, contenues jusqu'ici dans les sommités de la société, commencent à en pénétrer les profondeurs et a émouvoir les masses populaires. Ils out prouvé aussi, que ces inasses ne s'ébranleraient pas toujours sans danger pour ceux-là même qui s'efforcent de les arracher au

repos.

"

Une multitude de faits, recueillis dans le cours des opérations électorales, confirmeut ces données, et nous offriraient le présage trop certain de nouvelles commotions, s'il n'était au pouvoir de Votre Majesté d'en détouruer le malheur.

« Partout aussi, si l'on observe avec attention, existe un besoin d'ordre, de force et de permauence, et les agitatious qui y semblent le plus contraires n'en sout en réalité que l'expression et le témoignage.

« Il faut bien le reconnaître : ces agitations qui ne peuvent s'accroître sans de grands périls, sont presque exclusivemeut produites et excitées par la liberté de la presse. Une loi sur les élections, nou moins feconde en désordres, a saus doute concouru à les entretenir; mais ce serait nier l'évidence que de ne pas voir daus les journaux le principal foyer d'une corruption dont les progrès sont chaque jour plus sensibles, et la première source des calamités qui menacent le royaume.

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L'experience, Sire parle plus hautement que les théories. Des hommes éclairés sus donte, et dont la bonne foi d'ailleurs n'est pas suspecte, entraînés par l'exemple mal compris d'un peuple voisin, ont pu croire que les avantages.

de la presse périodique en balanceraient les inconvéniens, et que ses excès se neutraliseraient par des excès contraires. Il n'en a pas été ainsi, l'épreuve est décisive, et la question est maintenant jugée dans la conscience publique..

"A toutes les époques, en effet, la presse périodique n'a été, et il est dans sa nature de n'être qu'un instrument de désordre et de sédition

«Que de preuves nombreuses et irrécusables à apporter à l'appui de cette vérité ! C'est par l'action violente et non interrompue de la presse que s'expliquent les variations trop subites, trop fréquentes de notre politique intérieure. Elle n'a pas permis qu'il s'établit en France un système régulier et stable de gouvernement, ni qu'on s'occupât avec quelque suite d'introduire dans toutes les branches de l'administration publique les améliorations dont elles sont susceptibles. Tous les ministères depuis 1814, quoique formés sous des influences diverses et soumis à des directions opposées, ont été en butte aux mêmes traits, aux mêmes attaques et au même déchaînement de passions. Les sacrifices de tout genre, les concessions de pouvoir, les alliances de parti, rien n'a pu les soustraire à cette commune destinée

"

Ce rapprochement seul, si fertile en réflexions, suffirait pour assiguer à la presse son véritable, son invariable caractère. Elle s'applique, par des efforts soutenus, persévéraus, répétés chaque jour, à relâcher tous les liens d'obéissance et de subordination, à user les ressorts de l'autorité publique, à la rabaisser, à l'avilir daus l'opinion des peuples, et à lui créer partout des embarras et des résistances.

Son art consiste, non pas à substituer à une trop facile sormission d'esprit une sage liberté d'examen, mais à réduire en problèmes les vérités les plus positives; non pas à provoquer sur les questions politiques une controverse franche et utile, mais à les présenter sous un faux jour et à les résoudre par des sophismes. La presse a jeté ainsi le désordre dans les intelligences les plus droites, ébranlé les convictions les plus fermes, et produit, au milieu de la société, une confusion de principes qui se prête aux tentatives les plus funestes. C'est par l'ararchie dans les doctrines qu'elle prélude à l'anarchie dans l'Etat.

"

all est digue de remarque, Sire, que la presse périodique n'a pas même rempli

sa plus essentielle condition, celle de la publicité. Ce qui est étrange, mais ce qui est vrai à dire, c'est qu'il n'y a pas de publicité en France, en prenant ce mot dans sa juste et rigoureuse accep tion. Dans l'état des choses, les faits, quand ils ne sont pas entièrement supposés, ne parviennent à la connaissance de plusieurs millions de lecteurs que trouqués, défigurés, mutilés de la manière la plus odieuse. Un épais nuage, élevé par les journaux, dérobe la vérité et inter cepte en quelque sorte la lumière entre le gouvernement et les peuples. Les rois vos prédécesseurs, Sire, ont toujours ai mé à se communiquer à leurs sujets; c'est une satisfaction dont la presse n'a pas voulu que Votre Majesté pût jouir.

Uue licence qui a franchi toutes les bornes n'a respecté, eu effet, même dans les occasions les plus solennelles, ni les volontés expresses du Roi, ni les paroles descendues du haut du trône. Le unes ont été méconnues et dénaturées; les au tres ont été l'objet de perfides commea taires ou d'amères dérisions. C'est ainsi que le dernier acte de la puissance royale, la proclamation, a été discrédité dans le public, avant même d'être conna des électeurs.

«Ce n'est pas tout: la presse ne tend pas moins qu'a subjuguer la souveraineté et à envahir les pouvoirs de l'État. Or gane prétendu de l'opinion publique, elle aspire à diriger les débats des derx chambres, et il est incontestable qu'elle y apporte le poids d'une influence non moins fâcheuse que décisive. Cette domi nation a pris, surtout depuis deux ou trois aus, dans la Chambre des députés un caractère manifeste d'oppression et de ty raunie. On a vu, dans cet intervaile de temps, les journaux poursuivre de leurs insultes et de leurs outrages les membres dont le vote leur paraissait incertain 68 + suspect Trop souvent, Sire, la liberté des délibérations dans cette Chambre a succombé sous les coups redoublés de la presse.

"

On ne peut qualifier en termes moins sévères la conduite des journaux de l'op position dans des circonstances plus ré centes. Après avoir eux-mêmes prove qué une adresse attentatoire aux préro gatives du trône, ils n'ont pas craint d'ériger en principe la réélection des 221 députés dont elle est l'ouvrage. Et cependant Votre Majesté avait repoussé cette adresse comme offersante; elle avait porté un blâme public sur le refus

de concours qui y était exprimé ; elle avait annoncé sa résolution immuable de défendre les droits de sa couronne si ouvertement compromis. Les feuilles périodiques n'en ont tenu compte; elles out pris, au contraire, à tâche de renouveler, de perpétuer et d'aggraver l'offense. Votre Majesté décidera si cette attaque téméraire doit rester plus longtemps impunie.

Mais de tous les excès de la presse, le plus grave peut-être nous reste à sigualer. Dès les premiers temps de cette expédition dont la gloire jette un éclat sipur et si durable sur la noble couronne de France, la presse en a critiqué avec une violence inouïe les causes, les moyens, les préparatifs, les chances de succès. Insensible à l'houneer national, il n'a pas dépendu d'elle que notre pavillon ne restât flétri des insultes d'un barbare. Indifférente aux grands intérêts de l'humanité, il n'a pas dépendu d'elle que l'Europene restât asservie à un esclavage cruel et à des tributs honteux.

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Ce n'était point assez par une trahison que nos lois auraient pu atteindre, la presse s'est attachée à publier tous les secrets de l'armement, à porter à la connaissance de l'étranger l'état de nos forces, le dénombrement de nos troupes, celui de nos vaisseaux, l'indication des points de station, les moyens à employer pour dompter l'inconstance des vents et pour aborder la côte. Tout, jusqu'au lieu du débarquement, a été divulgué, comme pour ménager à l'ennemi une défense plus assurée; et, chose sans exemple chez un peuple civilisé, la presse, par de fausses alarmes sur les périls à courir, n'a pas craint de jeter le découragement dans l'armée, et signalant à sa haine le chef même de l'entreprise, elle a pour ainsi dire excité les soldats à lever contre lui l'étendard de la révolte, ou à déserter leurs drapeaux! Voilà ce qu'out osé faire les organes d'un parti qui se prétend national!

« Ce qu'il ose faire chaque jour, dans l'intérieur du royaume, ne va pas moins qu'a disperser les élémens de la paix publique, à dissoudre les liens de la société, et, qu'on ne s'y méprenue point, à faire trembler le sol sous nos pas. Ne craignons pas de révéler ici toute l'étendue de nos maux pour pouvoir mieux apprécier toute l'étendue de nos ressources. Une diffamation systématique, organisée en grand, et dirigée avec une persévérance sans égale, va atteindre, ou de

près ou de loin, jusqu'au plus humble des agens du pouvoir. Nul de vos sujets, Sire, n'est à l'abri d'un outrage, s'il reçoit de son souverain la moindre marque de confiance ou de satisfaction. Un vaste réseau, étendu sur la France, enveloppe tous les fonctionnaires publics; constitués en état permanent de prévention, ils semblent en quelque sorte retranchés de la société civile; on n'épargne que ceux dont la fidélité chancelle; on ne lone que ceux dont la fidélité succombe; les autres sont notés par la faction pour être plus tard, sans doute, immolés aux vengeances populaires.

« La presse périodique n'a pas mis moius d'ardeur à poursuivre de ses traits envenimés la religion et le prêtre. Elle vent, elle vondra tonjours déraciner, dans le cœur des peuples, jusqu'au dernier germe des sentimens religieux. Sire, ne doutez pas qu'elle n'y parvienne en attaquant les fondemens de la foi, en altérant les sources de la morale publique, et en prodiguant à pleines mains la dérision et le mépris aux ministres des autels.

« Nulle force, il faut l'avoner, n'est capable de résister à un dissolvant aussi énergique que la presse. A toutes les époques où elle s'est dégagée de ses entraves, elle a fait irruption, invasion dans l'Etat. On ne peut qu'être singulièrement frappé de la similitude de ses effets depuis quinze ans, malgré la diversité des circonstances, et malgré le changement des hommes qui ont occupé la scène politique. Sa destinée est, en un mot, de recommencer la révolution, dont elle proclame hautement les princi pes. Placée et replacée à plusieurs intervalles sous le joug de la censure, elle n'a autant de fois ressaisi la liberté que pour reprendre son ouvrage interrompu. Afin de le continuer avec plus de succès, elle a trouvé un actif auxiliaire dans la presse départementale, qui, mettant aux prises les jalousies et les haines locales, semant l'effroi dans l'âme des hommes timides, harcelant l'autorité par d'interminables tracasseries, a exercé une influence presque décisive sur les élections.

« Ces derniers effets, Sire, sont passagers; mais des effets plus durables se font remarquer dans les mœurs et dans le caractère de la nation. Une polémique ardente, mensougère et passionnée, école de scaudale et de licence, y produit des changemens graves et des altérations profondes; elle donne une fausse

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