Ce livre ayant été déposé conformément aux lois, toute contrefaçon sera poursuivie, ainsi que toute traduction non autorisée. DU DEUX DÉCEMBRE PAR P. MAYER AVEC DOCUMENTS INÉDITS ET PIÈCES JUSTIFICATIVES PARIS LEDOYEN ÉDITEUR-LIBRAIRE PALAIS ROYAL GALERIE D'ORLEANS 31 1852 INTRODUCTION. Quod vidimus, testamur. Puisque la pauvreté de notre langue nous condamne à baptiser toute grande rénovation politique ou morale du mot banal et funeste de révolution, acceptons cette défaillance de l'opinion publique, qui nous a, du reste, habitués à bien d'autres anomalies, et nommons le grand acte du 2 Décembre du nom dont se sont appelées avant lui la venue du Christ, l'intronisation de Clovis, la mission de Charlemagne, de Grégoire-le-Grand et de saint Louis, la découverte de l'Imprimerie, de l'Artillerie et de la Boussole, la nuit du 4 avril 1789, la journée du 18 Brumaire et la semaine de juillet 1830. Si ce furent là des révolutions, qu'elles soient honorées et bénies par la même raison et avec la même foi qui nous font mépriser et maudire l'hérésie d'Arius, la réforme de Luther, la terreur de Robespierre et le socialisme de Fourrier; qu'on appelle aussi des révolutions. Va donc pour la révolution du 2 Décembre. Nous l'avions rêvée, nous l'avions pressentie, invoquée, saluée vaguement dans nos aspirations de penseurs, dans nos consciences d'honnêtes gens, dans notre patriotisme de citoyens. Mais rien, dans nos pressentiments et dans nos désirs, ne ressemblait à la forme splendide et foudroyante qu'elle a revêtue, et les cris de joie qui l'accueillent à cette heure se fussent changés en cris d'épouvante, si l'on nous eût dit la veille « Voilà ce qu'elle sera. » Je veux dire ce qu'elle a été; je veux essayer, -non pas de raconter, car aujourd'hui tout est su de tous et l'histoire contemporaine est mieux écrite dans les souvenirs du dernier paysan que dans les pages du chroniqueur ; mais de constater phase à phase et progrès par progrès, cette évolution de vingt jours accomplie par l'esprit moderne sur cet axe de la civilisation qu'on appelle la France, et qui en inaugurant la deuxième moitié du XIXe siècle |