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qu'on trouverait étre à propos pour l'honneur de l'église de Rouen.

Le Chapitre reçut un dénonciation contre un homme de la religion prétendue réformée, demeurant dans une de ses maisons, y tenant école et instruisant la jeunesse. On fit prendre des renseignements au sujet de cette infraction au dernier arrêt du Parlement.

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Le prisonnier élu cette année fut Jean de Sillans, fils du baron de Creully, lequel avait tué, de complicité, le sieur de Guerville, dans la cour de l'abbaye de Saint-Etienne de Caen.

Antérieurement, ayant figuré dans un duel de six contre six, il avait traversé, d'un coup de pointe, le corps de l'un de ses laquais, qui, non content de lui désobéir, le menaçait encore de son épée.

La fête fut troublée par un arrêt de la Cour portant que le sieur de Sillans était délivré seulement pour la cérémonie du jour. Le Chapitre protesta, et, de délais en délais, la procession ne put sortir qu'à huit heures du soir, au grand mécontentement du peuple réuni aux environs de la Vieille-Tour; encore vint-on annoncer que le prisonnier s'était retiré au château avec ses amis, ayant appris que la Cour voulait le faire incarcérer. La procession eut enfin lieu, et la délivrance s'opéra malgré l'opposition du Parlement.

1619.

1619.

Nous devons faire mention de la peste qui, à cette époque, exerçait de grands ravages dans la ville. Le Chapitre, par mesure de salubrité, fit repaver la rue des Chanoines pour en éloigner les eaux stagnantes qui y apportaient une grande puanteur. Les chapelains du College du pape demandèrent qu'ou fit retrécir la porte de leur maison pour empêcher les carrosses d'entrer dans leur cour, et l'archevêque ordonna une oraison contre la peste.

Il y eut chez le président de Courvaudon une assemblée où l'on décida de désigner quelques prêtres pour consoler les malades atteints de la contagion. L'archevêque et les curés de la ville furent cotisés pour l'entretien de ces ecclésiasti ques. Le Chapitre s'excusa d'y contribuer en disant qu'il n'était pas tenu d'administrer les Sacrements.

On dispensa de matines M. Séquart, habitant la rue de la Chaine, vu qu'il était éloigné de l'église et qu'il y avait danger à sortir le matin dans les rues. L'entrée de la cathédrale fut interdite au chapelain Pierre Fiquet, qui avait hauté quelques pestiférés; il demanda cependant à être admis à dire la messe, vu qu'il était absolument privé d'argent

On fit des reproches à un autre chapelain d'avoir reçu des étrangers à diner dans sa chambre, chose inconvenante par le temps qui courrait et

surtout le jour des morts. Malgré les précautions prises de toutes parts, les prêtres ne suffirent bientôt plus à l'administration des sacrements; plusieurs même avaient succombé dans l'exercice de ce pieux devoir; on eut recours à une procession générale.

L'archevêque arrêta lui-même l'ordre de la cérémonie. Le Saint-Sacrement fut porté à la procession; on sonna Georges d'Amboise au départ, et Marie d'Estouteville an retour. Tous les ordres de pénitents suivaient et chantaient, avec les musiciens, le Miserere en faux bourdon. Le prélat portait le Saint-Sacrement couvert d'un voile d'or et soie. MM. de La Place et Le Vendangeur tenaient les deux pans du pluvial de Monseigneur; la procession, suivie d'une foule de peuple, traversa les principales rues de la ville pour aller à Saint-Ouen, où l'archevêque fit la prédication. Il est à noter, disent les registres, que toutes les fois que l'archevêque avait à se tourner vers le peuple durant la célébration de la messe, il se mettait à côté de l'autel afin de ne commettre aucune indécence envers le Saint-Sacrement.

Cette procession avait lieu le 12 novembre; le 8 mai de l'année suivante, on en faisait encore une autre à Saint-Gervais, en évitant le cimetière de cette paroisse, à cause de la contagion, et en descendant par la petite rue qui longeait les fossés, en face de la porte de l'église.

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De Rouen, la peste passa dans les vallées et y exerça de tels ravages, que l'on fit bâtir à Repainville, sur les terres du Chapitre, un lieu de santé pour les habitants de Darnétal infestés de la maladie.

L'évêque de Beauvais ayant changé, de sa propre autorité, l'heure de la prédication dans sa cathédrale, son Chapitre fit opposition et demanda à celui de Rouen un certificat de ce qui se passait dans notre église. Celui-ci répondit qu'il fallait consulter l'usage des localités et les priviléges des compagnies qui n'étaient pas les mêmes partout; il ne crut pas utile de donner le certificat demandé.

M. Tételouze, chanoine et organiste de la métropole, fit remarquer qu'il était urgent de réparer les orgues; on offrit 150 livres à un facteur qui voulut bien se contenter de cette somme.

Le corps des sergents présenta une requête à la Cour contre la compagnie de la cinquantaine et les arquebusiers, afin de marcher avant eux, le jour de l'Ascension, immédiatement après la châsse de Saint-Romain. Le Parlement demanda l'avis du Chapitre; celui-ci répondit que, de tout temps, les. sergents attendaient le cortège près du portail de l'église de Saint-Maclou, et qu'aussitôt qu'il était passé, ils battaient la caisse et suivaient la châsse jusqu'à la cathédrale avec leurs bau

nières; et que les arquebusiers étaient rangés en forme de haie pour frayer passage à la proces

sion.

On célébra le jubilé, accordé par Grégoire XV à l'occasion de son avènement au pontificat. Des pauvres qui assistaient à cette cérémonie troublerent tellement les fidèles réunis dans la cathédrale, qu'on fut obligé de nommer deux ou trois employés pour y pourvoir et empêcher le désordre.

M. de Hallé fut prié de rechercher les principaux actes qui existaient aux archives et d'en former un cartulaire. Un chanoine offrit de mettre ces écritures en ordre, d'en faire un inventaire et de copier sur un registre les bulles, les chartes des rois, et toutes les pièces importantes appartenant à l'Eglise. Le même chanoine, nommé Lefebvre de Flicourt, présenta un jeune homme qui avait déjà fait plusieurs transcriptions; son écriture fut trouvée bonne, et on l'engagea à ne faire aucunes abréviations.

Nous sommes arrivé à une nouvelle ère de discordes civiles qui a pris le nom de guerre des mécontents, guerre fomentée par des rivalités de grands seigneurs, ayant tous le désir de diriger les affaires du pays. On remarquait, d'un côté, la reine qui, cédant aux inspirations du fameux Richelieu, s'était retirée de la Cour pour se rendre à Angers d'où elle espérait tout gouverner; de l'autre,

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