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cassure est terne et d'un grain semblable à celui du sucre raffiné. C'est par cette raison que les minéralogistes désignent le marbre sous le nom de chaux carbonatée saccharoïde. Toutes les substances calcaires ne sont pas des marbres; on distingue ceux-ci par le grain de la cassure, comme nous venons de le dire, et par la propriété qu'ils ont de recevoir un poli brillant. On en trouve très-peu qui soient d'une seule couleur; presque tous sont des mélanges de matières calcaires, avec une proportion diversement arrangée de débris marines, de madrépores, de coquillages divers, qui en varient les couleurs et les veines à l'infini.

Il existe plusieurs carrières de marbre dans le département du Doubs, mais aucune d'elles n'est exploitée en grand. Nous allons indiquer celles qui sont connues, en affirmant toutefois qu'il en existe beaucoup d'autres encore que le temps fera sans doute découvrir.

A Recologne, on fait l'extraction d'un marbre coquillier d'une couleur pourprée un peu terne et veinée de blanc, qui reçoit un très-beau poli. Cette espèce de marbre ressemble beaucoup à celui de Sampans, près de Dole. On en trouve des bandes de huit à dix pieds de long, sur quinze pouces d'épaisseur.

A Pouilley-les-Vignes et à Arguel, près de Besançon, on rencontre un marbre d'un beau noir, tacheté de gris et de blanc, qui se polit très-bien. La carrière n'est point exploitée.

A Malpas, et à Oye, près de Pontarlier, on trouve du marbre d'un grain fin, qui reçoit facilement un beau poli; le fond est couleur de chair, jaspé d'un rouge assez vif; on en tire quelques blocs pour faire des ornemens ou des placages.

A Montmartin, près de Baume, on a découvert un marbre brun, parsemé de coquilles et de taches blanches. A Abbenans, également près de cette ville, le marbre

reconnu dans une carrière de pierre à bâtir, est d'une couleur gris-cendré, veiné de blanc.

A La Rivière, arrondissement de Pontarlier, il existe une carrière d'un marbre jaune fade, qui se polit bien.

A Besançon, à Miserey, à Malans, à Pontarlier, à Clerval, etc. etc., il existe des bancs de marbre coquillier de diverses couleurs; ils ne sont point exploités.

§. X.
Tufs.

On trouve dans le département un assez grand nombre de carrières de tuf. Cette substance calcaire s'emploie avec avantage dans les constructions légères, surtout dans les voûtes d'églises. Ce tuf n'est qu'un sédiment calcaire que les eaux qui parcourent les crevasses souterraines ont déposé sur les parois des canaux naturels par où elles s'écoulent des ter rains supérieurs vers les vallons inférieurs.

§. XI. Marnes.

Les marnes sont très-communes dans le département; en quelques lieux, comme à Saône, par exemple, elles sont d'un gris blanchâtre; il en est d'ocracée, à Pelousey, etc.; mais presque généralement, elles sont bleuâtres, comme à Eternoz et à Morre. Sur le territoire de cette dernière commune, près du Trou-au-Loup, on a fait un sondage qui a constaté qu'il existait dans ce lieu un banc de marne de 150 pieds d'épaisseur. Les marnes bleues sont préférées pour féconder les terres, parce qu'elles se divisent plus facilement. L'usage en est très-répandu maintenant, et son emploi sur les prés est apprécié des plus simples cultivateurs. On rencontre dans nos montagnes des bancs considérables de schiste marneux ou fausse ardoise; la montagne de Morre,

la côte de Pugey, etc., en sont presque entièrement composées. On retrouve le même schiste au pied des hautes montagnes dans la gorge où passe la route de Pontarlier à Jougne, il existe en feuillets plus épais et plus compacts.

§. XII.

Spaths et Quartz.

La variété des spaths calcaires la plus commune dans nos montagnes, est celle que l'on nomme rhomboïdale. Les spaths lenticulaires en dents de cochon et en strie, existent aux environs de Besançon : le dodécaëdre de Haüy est plus rare; M. de Chantrans l'a rencontré pourtant dans les carrières de la citadelle, où il tapisse de très-belles géodes, que l'on façonne à l'extérieur pour en fournir des échantillons de cabinets d'histoire naturelle.

Les quartz cristallisés existent dans les collines qui bordent les rivières de la plaine; ils sont communs dans nos montagnes. On trouve ce quartz presque toujours en géodes ou dans les fissures des roches calcaires. Les cristaux sont communément blancs et transparens, mais petits, sans prismes, et réduits à la pyramide terminale.

§. XIII.

Pétrifications et corps étrangers répandus sur le sol.

Sur un très-grand nombre de points on trouve, dans les terres qui forment le sol du département, des pétrifications qui démontrent qu'à une époque reculée et inconnue, les eaux de la mer ont séjourné sur cette partie du globe. Quelquefois on rencontre des mélanges de diverses espèces de coquillages; en d'autres lieux ce sont des coraux, des astroïtes, des madrépores, que l'on y trouve sans mélanges. La montagne de marnes schisteuses de Morre, près Besançon, offre un amas considérable de toutes sortes d'espèces, telles que coralloides,

porpites, glossopètres, vermiculites, bélemnites, astérites, cochlites, nérites, buccinites, globosites, muricites, ammonites, ostracites, buccardites, térébratulites, gryphites, etc. etc.; de sorte que, d'après M. de Chantrans qui a exploré cette montagne, » un amateur pourrait, sans sortir de ce » petit arrondissement, former une collection intéressante. »› Si, dans ce lieu et dans d'autres, il se trouve une foule d'espèces mélangées, on rencontre dans certaines localités la même espèce accumulée avec excès. Dans une marnière près de Vanclans, sur un espace étendu, on ne voit que l'huître de grande dimension, mais en nombre considérable. Dans les montagnes de la frontière de l'est, surtout aux environs de Morteau, on découvre des bancs entiers de débris de coquillages marins d'une même sorte. Cependant les terrains qui renferment ces coquillages sont aujourd'hui à plus de 724 mètres au-dessus du niveau de la mer!

La plaine des environs de Pontarlier, les champs de Vuilleein, de Morteau, de Frasne, de Baume, les vallons de la Loue, du Dessoubre, les montagnes aux environs de Besançon, les montagnes du Lomont, etc. etc., sont remplis de pétrifications extrêmement variées. Dans l'Annuaire de 1829 nous avons indiqué aux amateurs d'histoire naturelle les lieux où l'on peut rencontrer les espèces diverses de pétrifications, sans prétendre pourtant qu'on n'en trouverait pas encore en d'autres lieux; nous y renvoyons nos lecteurs ; nous répéterons seulement que la roche dans laquelle les différens coquillages sont incrustés, est communément grisâtre et perforée ; elle donne quelques étincelles sous le choc du briquet, et fait une vive effervescence avec les acides. Elle renferme une partie de silice, que M. de Chantrans apprécie à un dixième.

Les savans naturalistes qui s'occupent de la conversion de la chaux en silice, et de la solution de ce problème, pourraient trouver dans nos montagnes des échantillons

nombreux de masses calcaires sur lesquelles on voit la marche ascendante de cette métamorphose apparente.

RÈGNE VÉGÉTAL.

S. Ier.

Forêts.

Nous le répétons, malgré l'imprévoyance des communes et des particuliers propriétaires de bois, qui, par des défrichemens inconsidérés, ont détruit une partie du sol forestier, et ont réduit à l'état de stérilité des montagnes jadis couvertes de verdure, et enfin malgré les ventes irréfléchies de bois royaux (1), le département du Doubs possède encore de belles forêts. La vaste forêt de Chaux, qui appartient à l'état, est en partie sur son territoire, et se prolonge sur le département du Jura; celle de Chailluz, qui appartient à la ville de Besançon, s'étend sur une surface de 1500 hectares sans solution de continuité; les magnifiques forêts de sapins de Ban, du Grand-Jura, etc., dans l'arrondissement de Pontarlier, et la forêt de chênes, hêtres et sapins du Lomont, dans l'arrondissement de Baume, sont encore des monumens du règne végétal qui attestent nos anciennes richesses en ce genre.

La nature et l'espèce des bois qui peuplent les forêts du département suivent la température des trois principales régions agricoles qui forment son enclave. Dans la haute montagne, les forêts sont composées entièrement de sapins, qui s'exploitent en jardinant; on y voit cependant quelques hêtres çà et là. Les bois et forêts de la moyenne montagne

(1) Or a vendu, en 1832, les 479 hectares de bois de la forêt royale de Fertans, pour la somme de 329,000 fr.

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