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ABBAYE DE NOTRE-DAME DE BATTANT, à Besançon.

L'Archevêque Jean Algrin fit construire, en 1226, une abbaye de femmes de l'ordre de Cîteaux, près la source de la Mouillière, au-dessus du quartier de Battant, dans le local qu'occupe aujourd'hui la brasserie de M. Greiner : ce monastère y demeura jusqu'en 1599, époque où les magistrats de la ville de Besançon échangèrent leur terrain contre l'emplacement situé dans la rue des Granges, que l'on appelle encore les Dames de Battant, et où l'on voit la rotonde de l'église, qui a été conservée par l'acquéreur des bâtimens de l'abbaye.

On prétend que cet échange fut motivé par les vexations que les religieuses éprouvèrent d'un parti des troupes de Henri IV, lorsque ce prince se présenta devant Besançon, en 1595.

§. 3.

NOTICES BIOGRAPHIQUES.

BAILLY (Joseph), membre de la légion-d'honneur, pharmacien-major à l'hôpital militaire de Besançon, naquit dans cette ville en juin 1779. Il était à peine au début de ses études dans le college de Besançon, que la révolution, qui supprima les corporations, vint en interrompre le cours. La guerre qui s'alluma en 1792, et devint générale en 1793, lui ouvrit la carrière qu'il devait parcourir. Presqu'au sortir de l'enfance, il fut admis dans les hôpitaux militaires comme élève pharmacie, et débuta dans les hôpitaux de l'armée du Rhin le 8 thermidor de l'an 2 de la république.

Il se fit remarquer dans son service, par son zèle et son exactitude, et mérita l'estime de ses chefs, qui, lors de l'expédition d'Égypte, le désignèrent pour diriger l'une des pharmacies de l'armée confiée au général Bonaparte.

M. Bailly se trouva encore employé à l'armée de SaintDomingue; il éprouva des pertes notables dans cette campagne, et faillit y perdre la vie. Rentré en France après cette malheureuse expédition, il fut employé, en l'an 13, à l'armée des côtes, et suivit les brillantes opérations de cette armée. Ses services et sa capacité ayant été appréciés, il obtint, le 27 septembre 1806, le grade d'aide-major, puis, en 1809, le brevet de pharmacien-major. Il servit dans ce dernier grade aux armées d'Allemagne et de Russie; mais les ambulances auxquelles il était attaché étant tombées au pouvoir de l'ennemi, il fut retenu prisonnier de guerre en Saxe jusqu'en 1814, époque de l'abdication de Napoléon et du licenciement des armées impériales.

La même année, il fut appelé à l'hôpital militaire de Besançon, en qualité d'aide-major; il resta à ce poste jusqu'en 1823, et reçut, avec le brevet de pharmacien-major, l'ordre de se rendre aux ambulances des armées françaises qui marchaient sur Madrid pour replacer Ferdinand VII sur le trône des Espagnes. Il obtint le grade de pharmacien principal dans cette campagne, et reçut du gouvernement es pagnol la croix de l'ordre de Charles III. Après la soumission de la péninsule, il revint en France, et fut employé comme pharmacien-major dans les hôpitaux de Toulouse, de SaintOmer, et enfin à Besançon, toujours dans le même grade.

Dans les dernières années de sa vie, il fut atteint d'une hemophthisie, qui bientôt dégénérant en phthisie pulmonaire, le conduisit au tombeau le 15 décembre 1832, à l'âge de

54 ans.

M. Bailly avait beaucoup observé, beaucoup étudié, dans ses longs voyages; ses connaissances étaient très-variées; l'art d'écrire lui était familier; il possédait un véritable talent dans le genre descriptif. En 1825, il fut nommé membre de la Société d'agriculture, sciences naturelles et arts du Doubs; il s'y montra laborieux et assidu; il composa, pour cette société, plusieurs notices importantes, parmi lesquelles on remarque un mémoire sur la culture du lin, dans lequel il indique les bonnes pratiques qu'il a observées dans ses voyages; un traité sur les Moyens de détruire la mendicité; une dissertation sur l'Agriculture comparée dans ses rapports avec les arts industriels; un mémoire très-recommandable, sous le titre d'Essai géologique et physique sur les puits artésiens; et enfin un mémoire sur la Recherche et sur l'Usage de la houille dans les usines et dans le foyer domestique.

Trois ans après, l'Académie des sciences et belles-lettres de Besançon l'appela aussi dans son sein; il se distingua dans cette Académie par plusieurs opuscules qui annonçaient

un véritable talent; on remarque parmi ces productions, les Souvenirs de Grenade; des observations sur les Aspects de Saint-Domingue, et ses Souvenirs de Burgos et de la Vieille-Castille. Dans ces divers ouvrages, l'auteur a écrit d'inspiration; son style est toujours approprié à la variété des sujets, soit qu'il fasse des descriptions de sites ou de monumens anciens, soit enfin qu'il raconte quelques anecdotes propres à faire connaître les mœurs de la vieille Espagne. Ces divers opuscules seront imprimés dans les recueils des sociétés qui comptaient l'auteur au nombre de leurs membres.

M. Bailly est regretté des membres composant les sociétés qui se l'étaient associé ; ils se souviendront long-temps encore de son urbanité, et de l'intérêt qu'il savait répandre sur les choses, lorsqu'il parlait de ce qu'il avait vu et observé dans les contrées parcourues par les corps d'armées auxquels il avait été attaché successivement.

En mourant, M. Bailly a fait don à la ville de Besançon, de gravures, dessins et autres objets d'art, etc., pour être déposés à l'école de dessin et tenus à la disposition des élèves, pour leur instruction.

BAUD (Jean-Joseph), supérieur du séminaire de Besançon, vicaire-général du diocèse, naquit à Byans-les-Usiers, en 1763; il était neveu de M. Descourvières, missionnaire apostolique, décédé à Rome vers le commencement de ce siècle. Il fit ses premières études avec succès et rapidité, et acheva sa théologie très-jeune encore: ses succès et sa conduite exemplaire le firent appeler au séminaire comme directeur, avant d'avoir reçu l'ordre de la prêtrise. Il se distingua, dans les fonctions qui lui furent confiées, par sa piété éclairée et par une grande pureté de mœurs.

A l'époque de la révolution, il se retira en Suisse, avec tous les prêtres de l'église catholique qui se refusaient au ser

ment d'obéissance à la constitution civile du clergé. Dans les temps de la terreur, lorsqu'il vit le culte catholique persécuté, les églises fermées, et les populations abandonnées à tous les écarts résultant de l'oubli des principes religieux, il rentra dans les montagnes du Doubs, pour y ranimer la foi; il fut infatigable dans sa mission, et vit ses efforts couronnés de succès. Il évita long-temps les recherches des agens du pouvoir; mais il fut découvert, et subit une détention de onze mois; il ne recouvra sa liberté qu'à l'époque où l'effervescence inséparable d'une révolution terrible se fut calmée.

Le général Bonaparte, appelé par son étoile ou plutôt par la Providence au gouvernement de l'état, rétablit l'ordre en France et la liberté des cultes, rouvrit les temples et les églises fermés par le fanatisme irréligieux, et rappela les pasteurs exilés ou déportés. M. l'abbé Baud fut alors nommé curé de Rougemont : il exerça les fonctions curiales jusqu'en 1810, époque où il fut nommé supérieur du séminaire diocésain. Connaissant toute l'étendue des devoirs qu'il avait à remplir dans la direction d'un établissement destiné aux hautes études ecclésiastiques, il s'y distingua par sa piété, par un esprit d'ordre et de charité qui lui méritèrent l'affection des jeunes séminaristes et de leurs professeurs. Doux et indulgent pour les autres, ce vénérable ecclésiastique n'avait de rigueurs que pour lui-même ; il employait toutes ses journées aux exercices religieux propres à inculquer aux jeunes lévites les devoirs sévères du sacerdoce, et passa ainsi sa vie à leur donner l'exemple de toutes les vertus.

Étranger aux affaires du monde, le respectable abbé Baud ne s'occupa jamais des débats de la politique : tout entier à ses fonctions, on le vit constamment s'éloigner de tout ce qui pouvait l'en distraire.

Il mourut le 29 janvier 1832, vivement regretté du clergé et des habitans du département.

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