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& on a beau le couper, foit en travers, foit en ion-
gueur on voit avec furprife, que les Parties fépa-
:
rées & mifes dans des vales à part, dans la même
eau qui les a formées, reprennent chacune, en moins
de vingt-quatre heures, la partie qui leur manque : en-
forte qu'il revient une tête, à la partie qui n'en
avoit plus; & que la partie inférieure revient de
même, à la partie où eft la tête.

Le Polype fe trouve dans les viviers & dans les eaux dormantes : il engendre à la maniere des plantes, mais il fait toutes les fonctions des Animaux. Il n'y a point de différence de fexe, entre un polype & un autre polype. Ses Petits fortent tout formés, de toute la furface de fon corps. Ils reftent quel que tems, après leur naiffance, debout & implantés fur cette furface, par leur partie inférieure; & pendant que ces premiers enfans achevent de naître, ils en font déjà d'autres femblables à eux, qui en font encore comme les premiers: deforte que le Pere de toutes ces productions, eft grand-pere, avant d'avoir achevé d'enfanter fon premier-né.

Cette efpece de Polype n'eft, d'un bout jufqu'à l'autre, qu'un Canal vide, dont la fuperficie intérieure & extérieure, confidérée au microscope, paroît toute couverte de petits Grains, qui fe détachent facilement de la fubftance de l'animal, & qui ne lui paroiffent point adhérens.

Dans le Polype, le nombre des bras ou des cornes, n'eft pas fixe & uniforme : il eft affez communément, depuis fix jufqu'à douze; quelquefois, mais fort-rarement, il s'étend jusqu'à dix-huit.

II. Aucune preuve décifive ne fait voir qu'il y ait réellement du Sentiment, dans cette production de la Nature: comme on peut l'obferver dans la defcription que nous venons d'en donner, d'après les Auteurs qui en font un Animal-plante.

Tome I.

P

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Il est donc affez vraisemblable que le Polype n'est qu'une Plante finguliere, qui porte & dépofe les Germes destinés à la reproduire, dans les différentes parties de fon corps; & dans qui ces différentes parties font comme le fol & le terrein où doivent s'épanouir & fe développer ces Germes. Les Autorités refpectables qui font du Polype une Plante animée, font contre-balancées par d'autres Autorités non moins refpectables, qui n'en font qu'une fimple Plante. III. Si on veut abfolument que le Polype foit une efpece d'animal plus ou moins parfaitement organifé, plus ou moins doué de fenfibilité; ce fera fimplement une espece de plus dans le Genre animal, & une espece de moins dans le Genre végétal : ce qui ne change en rien les idées générales que l'on a de ces deux genres.

Si le Polype eft un animal: il a une ame diftinguée de la matiere & des accidens de la matiere; ainfi que les autres efpeces des brutes.

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fe

Si le Polype n'eft qu'une fimple plante : il n'a certainement pas befoin, pour végéter & pour se reproduire, des Formes fubftantielles du Péripatétifme. IV. On peut voir, dans notre Cours complet de Métaphyfique, fous les Numéros 1331 & 1333, l'idée que l'on doit fe former & des Polypes & des autres efpeces de Zoophytes, ou d'Animaux-Plantes. Ce font, pour la plupart, des vraies Plantes, mais qui fervent de cellules à des fourmillieres de petits animaux.

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PROPRIÉTÉS DES CORPS.

196. DÉFINITION. ON nomme Propriétés des

Corps, leur maniere propre d'exifter ou d'agir: ce qui renferme & ces manieres d'être ou d'agir qui les confondent, & ces manieres d'être ou d'agir qui les caractérisent, dans leurs genres & dans leurs efpeces. (*).

Parmi ces Propriétés des Corps, ou parmi ces différentes Manieres d'être ou d'agir:

I. Il y en a qui font communes à tous les Corps, & qui paroiffent être inféparables de leur effence, fans la conftituer. Telles font la mobilité, l'étendue, l'impénétrabilité, l'exigence d'une configuration & d'une ubication quelconques: puifqu'on ne peut concevoir aucun corps fans ces propriétés ; & que ces propriétés ne constituent cependant pas leur effence immuable. (Mét. 222 & 1395).

1o. Il y en a qui font également communes à tous

NOTE. En traitant des Corps en général, & en par lant de leurs Propriétés & de leurs Qualités; on confond affez communément ces deux termes, qui n'emportent pas exactement la même idée, & qui font abfolument fufceptibles d'une vraie diftinction.

1o. Les Propriétés déterminent la nature d'un Corps: elles le conftituent dans fon efpece: par exemple, elles le déterminent à être bois, plutôt que métal; air, plutôt que terre ; orange, plutôt que citrouille.

II. Les Qualités fuppofent conftituée la nature & l'efpece d'un Corps; elles fe bornent à lui donner plus ou moins d'excellence, plus ou moins d'imperfection, dans fon efpece. Tel Vin, par exemple, fans ceffer d'être vin, eft bon ou mauvais: felon qu'il a ou qu'il n'a pas le degré de bonté & d'excellence, qui convient à fon efpece.

les Corps, fans être abfolument inféparables de leur effence: puifque l'on conçoit ces mêmes Corps, ces mêmes Tous matériels, fans ces propriétés. Telles font la gravitation, la porofité, la dilatabilité, la

condenfabilité.

III. Il y en a qui font communes à un certain nombre d'efpeces de Corps, fans convenir de même aux autres efpeces. Telles font l'élafticité, la folidité, la fluidité.

IV. Il y en a enfin qui ne font communes qu'aux Individus d'une même espece; ou qui conviennent à une efpece unique, fans convenir à aucune autre efpece. Telle eft la propriété de tranfmettre le Son dans les molécules aériennes; d'échauffer & de brû ler, dans la matiere ignée; de donner à l'œil la fenfation du Rouge, dans l'espece rouge de rayons; de donner au goût telle fenfation d'amertume, dans l'abfinthe; & ainfi du refte.

Il y a donc dans les Corps, & des Propriétés Spécifiques, qui ne conviennent qu'à une feule efpece de corps; & des Propriétés générales, qui conviennent ou à tous les corps, ou à plufieurs efpeces de corps.

Nous ferons connoître les premieres, dans les différens Traités particuliers de cet Ouvrage; par exemple, les propriétés fpécifiques de l'Air, dans la théorie de l'Air; les propriétés fpécifiques de la Lumiere, dans la théorie de la Lumiere.

Quant aux dernieres, nous allons choifir celles qui exigent quelque explication & quelque développement, telles que la porofité, la compreffibilité, la folidité, la fluidité, l'élasticité, la gravité pour en faire l'objet des quatre Paragraphes fuivans; & pour terminer par-là, un Traité reftreint à la théorie générale de la Matiere & des Corps.

PARAGRAPHE PREMIER.

POROSITÉ ET CONDENSABILITÉ DES CORPS.

Nous avons fait voir & fentir, au commencement de cet Ouvrage, quelle idée on doit fe former des Pores des Corps: il faudra fe rappeller ici bien nettement cette idée préliminaire. (10).

PROPOSITION I I.

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197. Tous les Corps foumis à nos obfervations expé rimentales, foni poreux.

DÉMONSTRATION. La généralité de cette propofition découlera, par un Jugement d'analogie, des diverfes expériences que nous allons faire, ou que nous rapporterons comme faites, fur plufieurs efpeces différentes de Corps.

1°. Le Bois eft poreux. Sur un large Vase cylindrique de verre, ouvert par les deux bouts, placez un Vafe de bois A 3, que vous maftiquerez avec le cylindre, & que vous emplirez d'eau. Pompez enfuite l'air renfermé dans ce Cylindre de verre, par le moyen d'une Machine pneumatique. (Fig. 72).

L'eau paffera à travers le vafe de bois, & coulera peu à peu en petites gouttes, dans le cylindre: donc le Bois a des pores ou des ouvertures, propres à donner paffage à l'eau..

II°. La Peau des animaux, eft poreufe. Sur le même Cylindre, au lieu d'un vafe de bois, placez de la même maniere, une efpece de vafe ou de récipient, fait d'une peau de veau ou de mouton, & empli de mercure; & pompez l'air, par le moyen d'une Machine. pneumatique.

Vous verrez le mercure couler & jaillir à travers

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