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1o. On peut confidérer la Matiere fubtile, comme formant des torrens plus ou moins denses; & les pores des Corps comprimés, comme formant des canaux en entonnoir.

Dans cette idée fi fimple & fi naturelle, il eft facile de concevoir comment un torrent d'une matiere infiniment rapide, heurtant contre le grand orifice des pores coniques d'un Corps, doit rencontrer des obftacles dans fon paffage à travers ce corps; & imprimer une vraie impulfion, aux parties folides & impénétrables qu'elle heurte.

II. Quelque inconcevable petiteffe que l'on fuppofe à la Matiere fubtile : fes molécules ont une masse déterminée, laquelle peut être captivée & emprifonnée dans des concavités dont les pores feroient moins grands que ces molécules.

On peut donc, fans heurter la vraisemblance, fuppofer des Fluides retenus & tourbillonnans dans l'intérieur des corps.

III. La force des hommes & des animaux, n'estelle pas très-vraisemblablement l'effet des Esprits vitaux; qui ne font autre chofe qu'une matiere frèsfubtile, lancée en invifibles torrens dans les nerfs & dans les mufclés, qui la captivent & qui dirigent fa marche. (Met, 1247 & 1250).

Il n'eft donc point improbable, qu'une Matiere fubtile, malgré fon inconcevable ténuité, produife des effets fenfibles dans les corps.

IV. Mais les effets de l'Elafticité, n'ont mi pour caufe unique, ni pour cause principale, l'action de la Matiere fubtile.

Ces effets dépendent principalement de la Force d'attraction ou d'affinité ; comme nous l'avons déjà obfervé. Ce feroit donc exagérer l'action de la Matiere fubtile, que de lui attribuer tout l'effet de l'élafticité.

240. OBJECTION II, L'Air a une élasticité parfaite : l'air devra-t-il cette élasticité à l'adhérence de fes parties & à l'action des Fluides qui heurtent fes pores ou qui tourbillonnent dans fes pores?

La Lumiere est élastique & parfaitement élastique : admettra-t-on encore & une adhérence de parties & un choc de fluides dans la Lumiere, qui paroît être un affemblage d'élémens infiniment petits, infiniment fimples?

RÉPONSE. I°. Pourquoi la maffe élastique de l'Air, devroit-elle fon élasticité à une caufe différente de celle qui produit ce phénomene dans le refte de la Nature?

Comme la figure des molécules aériennes, échappe néceffairement à toutes les obfervations de la Phyfique: on fe représente communément ces molécules, fous l'image d'une infinité de petits filamens de peu de longueur & d'une épaiffeur très-petite; ou fous l'image d'une infinité de petits refforts infléchis, affez femblables à ceux qui meuvent les Montres.

Pourquoi les molécules qui forment ou ces petits filamens ou ces petits refforts aériens, ne pourroientelles pas avoir une adhérence réfultante de leur affinité mutuelle ? Pourquoi ces filamens ou ces refforts aériens ne pourroient-ils pas être en prise à l'action d'une matiere plus fubtile, capable de contribuer par fon impulfion ou par fon expanfion, à leur faire reprendre la figure naturelle que la preffion leur auroit fait perdre?

Les refforts ou les filamens de l'air, de la laine, du crin, de l'éponge, doivent être confidérés, relativement à leur élasticité, comme tout autant de petites Baguettes flexibles, femblables en petit à la Branche d'ofier dont nous avons précédemment expliqué le mécanisme élastique. (230).

II. Il eft certain, d'après les belles expériences de Newton fur la Lumiere, que le plus petit Balon lumineux qu'on puiffe obferver, eft toujours compofé de fept efpeces différentes de molécules, fource des fept couleurs primitives. (866).

Donc, tout rayon our balon de Lumiere, eft compofé de plufieurs molécules qui peuvent avoir & qui ont réellement une adhérence entre elles.

Pourquoi ces molécules, qui forment un rayon ou un balon de Lumiere, ne pourroient-elles pas avoir entre elles une affinité, une attraction, femblable à celle qu'ont les autres corps élastiques?

Quoique nous ne puiffions pas obferver en ellesmêmes les infiniment petites maffes de la Lumiere; on peut leur fuppofer avec affez de vraisemblance une figure fphérique. Dans cette fuppofition, le mécanifme qui produit & qui met en jeu l'élafticité dans la Lumiere, revient au même mécanisme qui produitť & qui met en jeu l'élasticité dans une Boule d'ivoire ou de marbre. (235).

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241. OBSERVATION. A Caufe de la gravité, les Phénomenes de la gravité, tel eft le double objet que présente naturellement cette queftion.

Mais la nature des chofes & l'enchaînement des matieres, exigent que nous faffions ici abftraction de la Caufe de la gravité pour nous borner à en établir l'existence, à en obferver les furprenans phé

nomenes.

Nous ferons voir ailleurs que la Gravité des Corps, eft une dépendance de la Loi générate d'Auraction; ou

que la Pefanteur des corps, a pour caufe phyfique leur Attraction réciproque, qui les fait tendre perfévéramment vers certains Centres communs. (1440).

242. DÉFINITION. On nomme Gravité, ou Pefanteur, ou Force accélératrice, dans les Corps, la Force qui les fait tendre vers certains Centres communs. Par exemple, (Fig. 71):

Tous les Corps terreftres tendent vers le centre de la Terre, avec une force qui eft leur pefanteur.

Toutes les Planetes & toutes les Cometes tendent vers le centre du Soleil, avec une force qui eft leur pefanteur,

Nous ne parlerons ici que de la Pefanteur des Corps terreftres, ou de la Force qui les follicite perfévéramment à s'approcher du centre de la Terre; & en vertu de laquelle ils s'en approchent fans ceffe quand aucun obftacle infurmontable ne s'oppose à leur mouvement.

Ariftote avoit divifé les différentes efpeces de corps, en Corps pefans, qui tendoient naturellement à s'approcher du centre de la Terre ; & en Corps légers, qui tendoient naturellement à s'en éloigner. Ariftote fe trompa; & l'expérience a démontre qu'il n'y a point de Corps légers par leur nature, ou que tous les Corps ont une pefanteur réelle.

Nous fuppoferons dans cette queftion, que l'on connoît, du moins en gros, & le mécanisme de la Machine pneumatique, & l'eftimation des Forces motrices: objets qui feront pleinement développés dans les Traités fuivans. (696 & 268).

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243. Les Corps que l'on regarde comme légers, ont une Pefanteur réelle, ou une tendance naturelle vers le centre de la Terre. (Fig. 71 & 72),

DÉMONSTRATION. L'expérience nous apprend que la Fumée, les Vapeurs, la Flamme, que le Vulgaire regarde comme des Corps légers, ont une Pefanteur naturelle; qui les fait tendre vers le centre de la Terre, quand une force étrangere ne les emporte pas dans un fens oppofé. Pour le démontrer :

I. Sous la cloche d'une Machine pneumatique, placez un bout de Chandelle éteinte & fumante : la fumée, plus légere que l'air, monte & fe répand dans toute la Cloche de verre.

Pompez l'air : la fumée, livrée à elle-même, defcend & fe précipite fur la plaque & dans la pompe de cuivre. Donc, cette fumée a une pefanteur propre, qui la follicite à descendre, quand l'air pompé ceffe de l'élever.

On voit arriver la même chofe, fi on fait brûler du fucre, ou de l'encens, ou tel autre corps qui s'exhale en vapeurs vifibles, fous la même Cloche.

II°. Si au lieu d'une chandelle éteinte & fumante on met une Chandelle allumée fous la Cloche de verre: la flamme, moins pefante que l'air, monte & s'éleve perpendiculairement.

Mais, que l'on pompe l'air ! La flamme, livrée à elle-même, defcend & fe précipite vers la plaque de cuivre preuve évidente qu'elle a une gravité ou une pefanteur propre, qui la follicite à tendre naturellement vers le centre de la Terre, quand l'air ceffe de P'en éloigner par fon excès de pefanteur. C. Q. F. D.

244. Remarque. C'eft une Loi générale pour tous les Liquides & pour tous les Fluides, que les plus pefans prennent le deffous; & les moins pe ans, le deffus.

Quoique l'huile & l'eau foient des corps pefans: fi on acheve d'emplir d'eau, un Vafe à demi empli d'huile l'eau, par fon excès de pefanteur fur l'huile, ira

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