Page images
PDF
EPUB

Supposons que l'on n'ait trouvé que les os d'un membre supérieur ou seulement un humérus de 0,33 et un cubitus de 0,28. Nous voyons par le tableau qu'un humérus de 0,33 suppose que la longueur totale du squelette est de 1,77 à 1,86 dont la moyenne est de 1,81. Nous voyons également qu'un cubitus de 0m,28 suppose pour longueur totale 1,77 à 1,83, dont la moyenne est de 1,80. Le squelette doit donc avoir 1m,80 à 1,81, et en ajoutant l'épaisseur des parties molles, la taille devrait être d'environ 1m,84 ou 5 pieds 7 pouces 1/2.

MM. Devergie et Sappey font remarquer que ces calculs ne peuvent fournir qu'une solution approximative. Cela est vrai, mais il faut reconnaître qu'Orfila n'a pas voulu préciser mathématiquement la taille d'un individu d'après la longueur d'un ou de plusieurs os, mais qu'il a seulement prétendu donner un résultat approximatif qui se rapprochat assez de la vérité pour fournir des indices.

Vers l'àge de vingt à vingt-cinq ans, le bord supérieur de la symphyse des os fait précisément le point du milieu entre le sommet de la tête et la plante des pieds. Avant cet âge ce centre varie continuellement. Il faut également tenir compte des sexes (voy. p. 269). Les sujets de trente à quarante ans, ceux de cinquante à soixante, ne présentent aucun changement dans la grandeur des proportions, si ce n'est dans certains os particuliers, en sorte que le rapport se conserve tel qu'il était à vingt ou vingt-cinq ans. Il faut dans la vieillesse tenir compte de la courbure de l'épine dorsale.

RÉSUMÉ

Les questions d'identité sont soulevées lorsqu'il s'agit de déterminer :

1° Si un individu est bien celui qu'il prétend être;

2o S'il est celui que l'on présume reconnaître et auquel s'adresse une question judiciaire;

3o Si le cadavre ou le squelette soumis à l'examen est celui de l'individu présumé victime d'un crime.

On peut établir l'identité sur le vivant en étudiant les signes suivants :

1o Le tatouage qui donne d'excellents indices sur la classe et la profession;

2o Les cicatrices;

3o Les stigmates professionnels qui consistent dans un épaississement de l'épiderme, une modification de la coloration de la peau et des déformations des membres chez les individus qui exercent diverses professions.

Sur le cadavre on constatera les mêmes signes, et on fera porter les recherches sur l'âge, le sexe et la stature.

En ce qui concerne l'âge, les dents et le système osseux fournissent d'excellents caractères.

L'éruption des premières dents a lieu par groupes, du septième au trentième mois. La seconde dentition 'com. mence entre quatre et cinq ans. Vers dix ans commence l'ossification de la cinquième molaire (dent de sagesse) qui apparaît de dix-huit à vingt-cinq ans.

Il faut étudier avec soin le développement du tissu osseux, qui fournit des indices d'une grande importance, jusqu'à vingt-cinq ans.

Le sexe se détermine, sur le squelette, par l'examen des points suivants :

Chez la femme, le sternum est plus court et ne descend que jusqu'à la quatrième côte, les membres abdominaux sont moins longs, la tête est plus petite, mais la différence caractéristique porte sur le bassin dont les diamètres ont plus d'étendue (le vertical excepté) que chez l'homme.

La stature peut être obtenue en ajoutant à la longueur totale du squelette environ cinq centimètres pour l'épaisseur des parties molles détruites; mais lorsqu'un temps très-long s'est écoulé entre la mort et la découverte du cadavre, il est impossible de rétablir les rapports des os el d'obtenir une mesure exacte. On peut cependant avoir la stature en tenant compte des rapports qui existent entre la longueur totale du squelette et celle de chacune de ses parties.

CHAPITRE VII

DES MALADIES SIMULÉES, DISSIMULÉES ET IMPUTÉES. DES MALADIES QUI RENDENT IMPROPRE AU SERVICE MILITAIRE.

La simulation et la dissimulation jouent un rôle important en médecine légale, et les cas dans lesquels les médecins sont appelés à reconnaître si une personne est réellement atteinte d'une maladie sont nombreux. Tantôt la maladie simulée a pour but d'exempter d'une fonction civile (témoin, juré, tuteur), tantôt elle a pour but d'exciter la pitié ou l'intérêt; mais les cas de simulation les plus fréquents se rattachent à la médecine militaire et sont fournis par les individus qui cherchent à se soustraire à l'obligation du service militaire.

On dissimule des maladies lorsqu'on veut entrer dans l'armée et dans certaines écoles du gouvernement, lorsqu'on désire s'assurer sur la vie, contracter un mariage, etc.

Nous allons étudier les affections simulées et dissimulées dans l'ordre suivant: maladies nerveuses, maladies de la peau, hémorrhagies, maladies des régions. Nous consacrerons un article spécial aux affections et infirmités qui rendent impropre au service militaire et qui sont elles-mêmes l'objet des plus fréquentes et des plus adroites simulations.

A. MALADIES NERVEUSES.

1° L'épilepsie est de toutes les maladies nerveuses celle qui est le plus fréquemment simulée, et cette fréquence

s'explique parce que, dans ce cas, la simulation ne demande qu'une représentation momentanée et qu'il est possible d'être bien portant dès que l'accès est passé (Tissot).

Nous retraçons, d'après M. Legrand du Saulle, les principaux caractères sur lesquels doit s'appuyer le diagnostic différentiel. Dans l'épilepsie vraie, le sujet pâlit subitement et tombe très-souvent après avoir poussé un cri. Dans la simulation, il peut bien imiter la chute et crier, mais il ne pâlit pas.

Dans l'épilepsie vraie, les convulsions sont d'abord toniques, le malade a presque toujours la tête portée en ar rière ou d'un côté, les dents fortement serrées, les yeux convulsés en haut et cachés derrière la paupière supérieure, les pupilles immobiles et dilatées, le pouce est convulsé dans la paume de la main et caché sous les autres doigts. Dans l'épilepsie simulée, le simulateur se livre dès le début à des convulsions violentes qui peuvent déjà éveiller les soupçons, il a presque toujours la position du pouce, mais il le laisse détendre assez facilement et a toujours la précaution de le ramener dans sa position fléchie. D'un aut côté le simulateur ne peut reproduire ni la dilatation n l'insensibilité de la pupille à la lumière : c'est là un signe important.

Le simulateur se sert souvent de savon pour simule l'écume qui s'échappe des lèvres dans l'épilepsie vraie; í ne faut donc jamais négliger de rechercher l'existence & ce moyen de fraude.

Mais les caractères les plus importants sont fournis par le pouls. Petit, serré et lent chez les véritables épilepti ques, il est ordinairement large et précipité chez les simu lateurs, par suite de la fatigue et de l'agitation que le cause leur rôle. M. Voisin a signalé des caractères sphygm graphiques qui ne se rencontrent que dans le grand mal (! Deux ou trois secondes avant l'attaque, les courbes sphyg mographiques sont moins hautes, plus arrondies et plas rapprochées. L'attaque survenue, on voit deux ou trois pe tites ondulations successives et disposées suivant une ligne (1) Annales d'hygiène, 1868.

ascendante, puis une série de courbes très-peu élevées; ces courbes se prononcent davantage, présentent une convexité supérieure très-accusée, donnant presque l'idée d'une moitié de sphère; puis, au bout de quelques minutes, les lignes s'élèvent presque perpendiculairement à une hauteur trois ou quatre fois plus grande qu'avant l'attaque; la durée de cette forme de pouls varie d'une demi-heure à une heure et demie, elle a même duré quelquefois six heures après l'attaque.

Différents moyens sont employés pour constater chez l'épileptique suspect l'abolition de la connaissance et de la sensibilité. On lui fait inhaler de l'ammoniaque ou du chlore, on le menace du fer rouge, mais ces moyens sont loin d'avoir une efficacité constante. Percy rapporte cependant un cas où il a déjoué la simulation en demandant à haute voix les instruments nécessaires pour opérer l'ablation des deux testicules, ajoutant qu'il était fort aise de trouver enfin une occasion d'essayer l'efficacité d'un traitement dont il avait entendu dire le plus grand bien. Il n'est pas nécessaire de dire que le médecin doit toujours se borner à la menace, sans jamais employer des moyens violents.

Une circonstance qui diminue beaucoup les difficultés de la constatation de l'épilepsie, dit M. Legrand du Saulle, c'est que le simulateur ne cherche jamais à imiter que la grande attaque. « Or, sur ce terrain, il est presque toujours battu, car s'il y a dans l'épilepsie convulsive des symptômes qu'il est possible et même facile d'imiter, il en est d'autres pour lesquels la chose est complétement impossible. >

motrice.

2o Hystérie, chorée, paralysie agitante, ataxie loco- La simulation de l'hystérie, si fréquente chez la femme, intéresse peu le médecin légiste, mais on sait que cette affection peut se rencontrer chez l'homme, et, dans ce cas, doit-on réformer l'individu qui en est atteint ?

L'hystérie frappe du reste rarement les sujets robustes; mais, si cela arrivait, nous pensons qu'elle ne devrait pas motiver l'exemption, car les distractions et les travaux du LUTAUD, Méd. lég.

16

« PreviousContinue »