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fortement les fesses pendant qu'on les examine. L'expert, qui est sur ses gardes, triomphera facilement de toutes ces manœuvres, soit par une patiente investigation, soit en prolongeant l'examen de manière à lasser l'accusé et à l'amener à se prêter volontairement à l'expertise dont il est l'objet.

Néanmoins, il ne faudra pas oublier que, dans un assez grand nombre de cas, la constatation des habitudes de pédérastie est très-difficile, pour ne pas dire impossible. La circonspection et la prudence sont donc absolument nécessaires en pareil cas. Les signes que nous avons décrits plus haut n'acquièrent une importance capitale et n'autorisent la certitude qu'à la condition d'être réunis chez le même sujet. M. Tardieu nous dit lui-même « que les signes appréciables du vice dont il s'agit manquent souvent chez ceux qui y sont le plus adonnés. >>

Casper ne partage pas l'opinion des auteurs français relativement à la pédérastie. On en jugera par les conclusions suivantes extraites du livre du légiste allemand:

1o Les signes locaux et généraux donnés par quelques auteurs comme caractéristiques de la pédérastie ne sauraient être pris en considération puisqu'ils ne reposent pas sur des observations authentiques et qu'ils peuvent manquer et manquent souvent.

2° La disposition en infundibulum mérite d'être prise en considération.

3o L'effacement des plis irradiés est le plus certain parmi les signes incertains de la pédérastie.

plusieurs espèces et j'en ai pris également pour rafraîchissement d'une chaude-pisse qu'il y a environ cinq ans que j'ai attrappée, et je ne suis pas été bien guéri et je m'en sentirai tant que je vivrai, et depuis ce temps il m'est impossible d'aller au sexe. Et il s'est formé une grosseur à l'anus du côté gauche quí me vient grosse comme un œuf à chaque fois que je fais ribotte, et même presque à toutes les lunes, et après cela me démange que je suis obligé d'y passer mon doigt pour me gratter; mais pour toute autre chose jamais je n'ai fait profession de rien; je suis certain de ma personne pour cela. Monsieur, vous pouvez examiner les circonstances et me sonder. » Un autre, qui prétendait que sa santé lui interdisait les plaisirs sexuels, écrivait « Le délabrement de mon estomac et de mes organes est tel que la moindre velléité de tentation de ce genre offrirait pour moi un danger de (Attentats aux mœurs, p. 229.)

mort. »

SODOMIE.

Les auteurs anglais et allemands réservent ce nom pour les attentats contre nature commis par des hommes sur des animaux. Ces attentats sont également désignés sous le nom de bestialilé. Il paraît que les tribunaux germaniques ont souvent à juger des actes de cette nature. Les coupables sont le plus souvent des bergers ou des garçons de ferme qui passent une grande partie de la journée seuls avec leur bétail. Le crime est alors commis par un homme sur un animal femelle; il n'y a heureusement pas d'exemple où des attentats de sodomie aient été commis par des femmes. Les anciens se sont plu, il est vrai, à reproduire dans leurs œuvres d'art et même dans leurs écrits des actes de cette nature, mais nous devons plutôt les considérer comme des satires dirigées contre la lubricité féminine que comme des descriptions fidèles des mœurs du temps.

Les Allemands ont cependant essayé de jeter sur ces abominations un air de science. Le docteur Kutter a publié un cas dans lequel un sous-officier était accusé par son capitaine d'avoir commis des actes contre nature sur une jument. Les constatations médico-légales de ce même docteur peuvent se résumer ainsi la vulve de la jument présentait une légère irritation et un écoulement mucoso-sanguin. On trouva sur la chemise de l'accusé, qui s'était volontiers soumis à l'examen, quelques taches de sang et, entre le prépuce et le gland, quelques poils gros et courts dont le soldat expliqua la présence en disant qu'il avait eu la veille des relations sexuelles avec une femme. Les poils, examinés au microscope, ne présentaient pas les caractères de ceux du pubis et, par leur forme et leur couleur, ils ressemblaient à ceux de la partie postérieure de l'animal. Il fut impossible d'établir que les taches trouvées sur la chemise avaient été produites par l'écoulement vulvaire de l'animal. Néanmoins le docteur Kutter conclut que le soldat s'était rendu coupable du crime de sodomie (1).

(1) Horn's Vierteljahrs, 1865, t. I, p. 160; Taylor, Med. jurisprudence, t. II, p. 474.

LUTAUD, Méd. lég.

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Casper nous dit cependant que les preuves de ce crime ne peuvent jamais ressortir de l'examen médico-légal, que le médecin ne sera jamais appelé à pratiquer. Nous nous rangeons certainement à cet avis, aussi bien pour ce qui concerne la sodomie que pour les autres attentats plus abominables encore et dont il ne saurait être question dans ce livre (1).

8 4.

Questions médico-légales relatives aux attentats à la pudeur, au viol et à la pédérastie.

Il ne suffit pas, pour donner une idée vraiment pratique de la médecine légale, d'énoncer une série de préceptes et de décrire les signes qui doivent aider le médecin légiste à reconnaître la nature de tel ou tel crime. Les questions médico-légales peuvent se présenter sous les formes les plus variées et les plus imprévues, et le médecin appelé à les résoudre se trouvera souvent en présence de difficultés inattendues. C'est pour parer à ces difficultés que la plupart des auteurs ont placé à la suite des principes géné raux une série de questions dans les termes où elles sont habituellement posées à l'expert. Dans son Étude sur les altentats aux mœurs, M. Tardieu présente vingt-huit questions; mais les dimensions de ce Manuel ne nous permettant pas d'aussi grands développements, nous limiterons le nombre des questions médico-légales relatives aux attentats aux mœurs à douze.

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1° Y a-t-il eu viol ou simple attentat? Si la femme était encore vierge au moment de l'attentat, c'est sur l'absence ou la présence de l'hymen que cette question pourra être décidée. Nous l'avons dit plus haut, cette membrane manque si rarement qu'il est permis de la considérer comme constante. Après avoir considéré les signes qui sont propres à l'attentat, l'expert portera donc toute son attention

(1) Irrumare, fellare, cunnilingus, coprophagia, etc. Voyez Casper et Rosenbaum.

sur l'hymen. « Il faut, dans le cas où la membrane existe, rechercher sous quel aspect elle se présente. Si elle est résistante ou fortement tendue au devant du vagin, il n'y a pas lieu d'admettre l'intromission; mais si, au contraire, elle est relâchée de manière à ne former qu'un voile flottant a l'entrée du vagin élargi, il est évident qu'elle peut se prêter, sans se rompre, à une intromission complète. » Ces paroles de M. Tardieu nous montrent combien la solu-. tion de cette question est délicate, car l'intromission peut avoir lieu même avec la présence de l'hymen. Ces considérations s'appliquent évidemment à une femme vierge; car si la victime a été pendant de longues années habituée à un commerce sexuel régulier, il deviendra nécessairement impossible de fournir la preuve physique du viol consommé, à moins que l'intromission violente n'ait produit des désordres graves et tout à fait exceptionnels.

20 Y a-t-il eu communication de maladies vénériennes ? Nous avons déjà fait ressortir les difficultés qui entourent le diagnostic des affections catarrhales de la vulve chez les enfants aussi bien que chez les adultes (voy. ante, p. 25). Il sera donc, dans beaucoup de cas, impossible de préciser si l'on est en présence d'une inflammation simple consécutive à l'attentat ou d'une inflammation virulente. La coïncidence d'une blennhorragie chez l'inculpé pourrait contribuer à trancher la question. Pour ce qui concerne la syphilis et le chancre simple, les caractères cliniques de ces affections sont assez connus aujourd'hui pour que le diagnostic ne soit difficile que dans un petit nombre de cas.

Le médecin peut être appelé à se prononcer sur l'époque du début de la maladie et la solution de cette question acquiert une grande importance, puisqu'elle peut, en précisant l'époque du crime, faire porter l'accusation sur tel ou tel individu. Si l'expert est appelé peu de temps après l'attentat, il arrivera facilement, d'après les caractères de l'inflammation et de l'écoulement, à déterminer la date approximative du crime; mais si l'examen n'a lieu que quelques semaines après l'attentat, alors que l'écoulement a

disparu ou a pris un caractère chronique, l'expert ne pourra fournir à la justice aucun renseignement utile. Mais il sera certainement plus facile de reconnaître l'époque du début de l'affection syphilitique. La vérole présente une évolution assez régulière pour qu'il soit souvent possible de retracer son histoire d'après l'examen d'un des accidents.

Dans le plus grand nombre de cas, l'expert évitera cependant de donner un cachet de certitude à ses conclusious. Il exposera les résultats de son examen et fera ressortir les probabilités avec plus ou moins de force, selon les circonstances.

3o Les désordres peuvent-ils être attribués à l'introduction d'un corps étranger ou à d'autres causes étrangères à un attentat? « J'avoue, dit Orfila, l'impossibilité dans laquelle je suis de résoudre cette question dans le plus grand nombre des cas. Comment établir une différence entre le délabrement des parties sexuelles produit par le membre viril, par un pessaire ou par tout autre corps que des personnes lascives auraient introduit dans le vagin? »

Quelles que soient les difficultés qui entourent cette question, il est incontestable que les travaux des auteurs contemporains en ont beaucoup facilité la solution. On ne saurait certainement admettre qu'un instrument introduit dans le vagin, dans un but lascif, puisse produire des désordres graves, inflammation, lacération, écoulement, que nous avons signalés plus haut. La même remarque peut être faite en ce qui concerne l'introduction d'un pessaire ou autre instrument dans un but thérapeutique. Aucun chirurgien ne sera assez brusque, assez maladroit pour rompre brusquement l'hymen. Lorsque des corps étrangers auront été introduits volontairement et graduellement dans le vagin, cette membrane sera relâchée; nous avons admis qu'elle pouvait même, dans certains cas, permettre l'intromission complète du membre viril sans se rompre.

Quelquefois, cependant, la membrane pourra être rompue accidentellement et dans des circonstances absolument étrangères à un attentat. Nous avons été appelé, il y a fort

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