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ment une certaine importance, mais il importe de noter que la transparence des milieux peut persister une douzaine d'heures après la mort.

C. Dilatation de la pupille. M. Bouchut a beaucoup insisté sur ce signe, qui se produit en même temps que le relâchement des autres sphincters, et fournit une preuve immédiate. Cette dilatation manque rarement, mais on sait qu'elle peut être produite par la belladone et par certaines affections cérébrales. En tenant compte de ces circonstances, on peut dire que ce signe est un des plus sùrs et des plus faciles à constater immédiatement.

D. Immobilité et déformation de l'iris. Une heure ou deux après la mort, l'iris reste immobile et insensible à l'action de la lumière. La déformation commence au moment où la dilatation diminue, mais elle ne devient manifeste que lorsque l'affaissement de l'oeil se produit. Ce dernier signe a une valeur réelle, mais il n'est pas facile à constater pendant les premières heures qui suivent le dé

cès.

E. Tache noire de la sclérotique. Indiqué par Sommer et étudié de nouveau par M. Larcher, ce signe a quelque valeur. La sclérotique prend une teinte jaunâtre deux ou trois heures après la mort; cette teinte devient plus prononcée sur un point, et se transforme en une tache bleuâtre ou noirâtre. La tache apparaît presque toujours du côté externe de l'œil; une fois formée, elle est noire, de forme longue ou ovale. Une autre tache, moins prononcée, se forme ensuite sur le côté interne; plus tard, les deux taches se rapprochent et forment un segment d'ellipse à concavité inférieure. M. Larcher attribue cette tache à l'imbibition cadavérique.

F. Décoloration de la rétine. M. Bouchut a le premier appelé l'attention sur ce signe. « L'œil étant le seul point où l'on puisse voir une artère à découvert et remplie de sang, c'est là où l'on peut aussi constater la vacuité du système artériel que produit la mort. » En effet, le fond de l'œil, qui était rosé pendant la vie, se décolore tout à coup, et après la mort, on observe les signes suivants : disparition de la papille du nerf optique, vacuité complète

de l'artère centrale du nerf optique et de la rétine, vacuité par places des veines de la rétine, décoloration grisâtre de la choroïde.

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9° Rigidité cadavérique. Ce signe est un des plus certains de la mort. Déjà connu de Zacchias, il a surtout été mis en évidence par Louis. La rigidité cadavérique apparaît au moment où cesse la contractilité musculaire, et est produite par une modification moléculaire et chimique du système musculaire. Voici l'explication qu'en donne M. Tourdes « Le muscle devient acide après la mort, comme à la suite d'efforts violents; peut-être est-ce sa réaction habituelle, masquée par le liquide alcalin qui l'imbibe; quand la circulation s'arrête, l'acidité prédomine et détermine la coagulation de la synthonine ou myosine, matière albumineuse qui remplit la fibre. Cette matière coagulable est comme à l'état de solution concentrée dans le muscle vivant; elle passe après la mort à l'état de grumeaux. Quand on exprime cette substance du muscle, il perd la faculté de se raidir. Le muscle redevient souple quand l'ammoniaque sature l'acide et quand la fibre se désorganise (1). »

La rigidité cadavérique commence trois ou quatre heures après la mort; elle est générale après vingt-quatre heures; elle diminue ensuite pour cesser après trente-six ou quarante heures. Elle est plus rapide chez les vieillards et les sujets affaiblis par les maladies; elle se manifeste plus tard chez les jeunes sujets et chez ceux qui ont péri de mort violente, et particulièrement chez les asphyxiés par le charbon. Elle se prolonge beaucoup plus longtemps lorsque la température est sèche et froide. Il faut distinguer la rigidité cadavérique de la congélation. L'état des tissus congelés se distingue aisément en fléchissant les jointures on entend alors en petit bruit comparable au cri de l'étain, et qui est causé par la rupture des petits glaçons renfermés dans le tissu cellulaire.

(1) Dict. encyclop. des sc. méd., article MORT, t. IX, 2a série, p. 676.

10° Putréfaction. La décomposition du corps humain est certainement le signe le plus caractéristique de la mort. Elle se reconnaît aux caractères suivants : 1° coloration bleuâtre, verdâtre ou brunâtre des téguments; 2° ramollissement des tissus; 3° odeur cadavérique; 4o développement de gaz; 5° apparition d'organismes accessoires.

La coloration verdâtre ou bleuâtre abdominale est toujours la première à se montrer; elle commence le plus souvent par le flanc droit, se répand à tout l'abdomen, gagne le thorax et envahit tout le corps. A la coloration verte succède quelquefois une teinte brunâtre qui commence aussi par l'abdomen et suit la même marche.

Vient ensuite le ramollissement des téguments et le développement des gaz dans les vaisseaux, dans le tissu cellulaire et dans les cavités séreuses. L'emphysème qui se développe chasse, par les gaz putrides, les aliments jusque dans le pharynx. Ce dernier point a quelque importance, car la présence des aliments dans l'estomac permet de conclure que l'individu n'est pas mort depuis longtemps. L'odeur cadavérique se développe de plus en plus; les parois abdominales se rompent et donnent issue à des matières putrides et à des gaz. La putréfaction peut être alors suspendue si la température atmosphérique est chaude et sèche et si la ventilation est très-active; mais le plus souvent elle continue; les parties molles se réduisent en putrilage, laissent les os à nu, et il ne reste que le cambouis, dernier produit de la putréfaction (Devergie).

A quelle époque surviennent les signes manifestes de la putréfaction? D'après M. Tourdes, la décomposition se révèle par des signes évidents au bout de vingt-quatre ou de trente-six heures, c'est-à-dire au moment où la rigidité cadavérique disparaît. Mais cette époque est nécessairement variable, selon la température, l'humidité, l'état du sujet et le genre de mort.

Ce que nous venons de dire se rattache évidemment à la putréfaction à l'air libre. Nous reviendrons plus tard, à propos de la mort par submersion, sur les phénomènes qui caractérisent la putréfaction.

TABLEAU III. Phénomènes de putréfaction

PREMIÈRE PÉRIODE.

DEUXIÈME PÉRIODE.

Le cadavre exhale une odeur infecte.

Le cadavre est recouvert d'une matière graisseuse, jaune rougeâtre ou d'un enduit sec analogue à la croûte de fromage desséchée.

Les ongles se ramollissent et se soulè- Les ongles tombent.

vent.

L'épiderme se ramollit, se détache, se plisse, s'épaissit; il blanchit aux pieds. Souvent il se forme des vésicules remplies d'une sérosité verdâtre. La peau est rosée, puis verdâtre; bleuâtre ou jaune sale.

La peau se recouvre de granulations s blonneuses formées de phosphate calcaire. Elle se déchire facilement et est décollée sur certains points où elle forme poche.

Les parties molles de la face s'affais- Les parties molles de la face s'amincis

sent.

sent et se détachent.

Le thorax conserve son aspect.

Les côtes se séparent de leurs cartilages. Le sternum se déprime et se rapproche de la colonne vertébrale.

L'abdomen devient vert, jaune marbré Les parois abdominales s'amincisse ou ocracé.

s'affaissent et se rapprochent de la ce lonne vertébrale.

Les membres prennent les mêmes cou-Les membres se déforment. leurs que l'abdomen.

Les muscles se ramollissent.

Les muscles se saponifient, s'humectet d'un liquide séro-sanguinolent qui les donne une apparence gélatineuse.

des corps inhumés, d'après Briand et Chaudé.

TROISIÈME PÉRIODE. QUATRIÈME PÉRIODE. CINQUIÈME PÉRIODE.

Les parties molles sont in-
suffisantes à maintenir
les os.

Toute trace d'épiderme a disparu.

ment disparu.

La peau est amincie, jaune La peau est jaunâtre, amin-La peau a presque entièreou brune, recouverte de cie, percée par les vers. moisissure.

es parties molles de la Les os de la tête sont à nu. face sont détruites.

e sternum et les cartilages sont détachés des côtes.

Le moindre effort détache
la tête du tronc.

Le sternum est tombé dans
la poitrine ou l'abdomen
et laisse antérieurement
une large ouverture.

Les os de la tête sont désarticulés.

La cage thoracique est détruite, les côtes sont détachées.

L'abdomen n'est plus qu'une masse noire ayant le luisant du cambouis; c'est le reste des parties molles.

es membres sont en grande

partie dépouillés de leurs

parties molles.

es muscles sont réduits à Les muscles sont transfor-Les muscles, les ligaments

un petit volume et quel

quefois saponitiés.

més en masses aréolaires

brunes noirâtres.

et les tendons finissent par disparaître. Les os sont nus et désarticulés.

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