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tente du cervelet. Ce procédé laisse intacts la faux et le sinus longitudinal supérieur. On pratique ensuite une incision perpendiculaire à la première sur chacune des deux portions externes de la dure-mère, et les deux hémisphères cérébraux se trouvent à nu. On constatera d'abord l'aspect extérieur du cerveau: arachnoïde, pie-mère, circonvolutions; puis l'organe sera enlevé et examiné tranche par tranche, suivant la méthode adoptée pour la démonstration anatomique. On explorera ensuite la base du crâne dépouillée de la dure-mère.

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Face, cou, larynx et pharynx. On mène d'abord une première incision verticale et médiane de la lèvre inférieure à la fourchette du sternum; puis de l'extrémité inférieure de cette ligne on fait partir de chaque côté une incision horizontale longeant la clavicule et arrivant jusqu'à l'extrémité externe de cet os. Enfin, on réunit par une incision les commissures des lèvres à l'orifice du conduit auditif externe. On obtient ainsi deux lambeaux quadrilatères, et il suffit alors de scier l'os maxillaire à sa partie moyenne et de le renverser en dehors après avoir disséqué les muscles qui s'y insèrent. Il est ensuite facile de découvrir par la dissection le larynx, la trachée et les vaisseaux.

Thorax. De la partie moyenne de chaque clavicule on fait une incision qui passe sur le tiers antérieur des côtes, et qui finit sur le côté de l'abdomen; on coupe par un trait de scie, de chaque côté, la clavicule et les côtes et l'on reuverse sur l'abdomen le plastron ainsi obtenu, en ayant soin de détacher le tissu cellulaire sous-jacent sans ouvrir les veines sous-clavières. Les organes thoraciques sont ainsi mis à nu.

On commence par l'examen du cœur sans le déplacer. Après avoir incisé le péricarde et noté la quantité de liquide qu'il contient, on ouvre le ventricule droit par une incision en V; puis l'oreillette par une incision courbe et cruciale, entre les veines caves et dans la direction de ces vaisseaux, de manière à ménager la cloison interauriculaire. Le ventricule gauche est aussi divisé par une double incision qui forme un lambeau triangulaire; l'oreillette est ouverte entre les veines pulmonaires. Après avoir noté la quantité, la

consistance, la couleur, la disposition du sang et toutes les autres particularités, on enlèvera le cœur en incisant les gros vaisseaux qui partent de sa base et on constatera son état de rigidité ou de flaccidité, son poids, son volume et les altérations de la couche musculaire. On examinera ensuite les vaisseaux, le larynx, la trachée, les bronches et les poumons. Après quoi ces organes seront extraits et soumis à un examen détaillé.

Abdomen. — Il est souvent utile d'ouvrir le thorax sans toucher à l'abdomen afin d'éviter tout mélange des épanchements. On peut ensuite ouvrir l'abdomen par en bas et pratiquer la section de ses parois dans toute leur circonférence inférieure, en suivant une ligne qui s'étend de la crête de l'os iliaque et de l'épine iliaque antérieure et supérieure d'un côté à celle du côté opposé en passant au-dessus de l'arcade crurale et des pubis. Ce procédé permet de ménager le diaphragme et les muscles abdominaux.

Avant de rien inciser, on constate l'état du péritoine et on explore toute la surface des viscères. On incise transversalément l'épiploon gastro-colique pour explorer le pancréas et la face postérieure de l'estomac; puis on le renverse de bas en haut pour examiner le canal intestinal et le mésentère. Des ligatures doubles sont placées au-dessus du cardia, au-dessous du pylore et à la partie inférieure du duodénum; cette première partie du tube digestif est enlevée, examinée et son contenu mis à part s'il y a lieu. D'autres ligatures interceptent les intestins grêles et le côlon qui sont traités de la même manière.

Organes génito-urinaires. — Deux procédés: 1o Sectionner le pubis sur la ligne médiane et inciser sur les côtés l'articulation sacro-iliaque, ce qui permettra l'écartement des branches et l'exploration de la cavité pelvienne; 2° pratiquer avec une scie la section des branches horizontales et descendantes du pubis, de manière à renverser en avant la symphyse. Ce dernier procédé est d'une exécution plus facile. Les parties génitales seront examinées méthodiquement, les recherches porteront sur les points suivants: présence du sperme, congestion des corps caverneux, état des corps jaunes, menstruation, accouchement ré

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cent, forme et dimensions de l'utérus, virginité, etc., etc. Rachis et membres. Le cadavre est ensuite retourné pour l'examen du dos et du rachis. Deux incisions profondes longeant les apophyses transverses et s'étendant de la protubérance occipitale à la deuxième vertèbre lombaire, permettent d'écarter les masses musculaires et d'appliquer la double scie du rachitome et d'enlever à l'aide d'une forte pince les segments de colonnes détachés par la scie. On note ensuite l'injection des vaisseaux, la quantité de liquide cérébro-spinal, etc. L'ouverture entière du rachis n'est pas toujours pratiquée (Tourdes) et on se contente souvent de l'examen de la partie supérieure.

L'autopsie se termine par l'examen des membres sur lesquels on pratique des incisions pour rechercher les ecchymoses profondes et autres lésions. Les viscères sont ensuite remis en place et les cavités refermées et cousues.

Nous donnerons plus loin les indications spéciales qui peuvent se présenter dans l'examen post mortem des individus qui ont succombé à l'empoisonnement et à l'asphyxie par strangulation ou submersion. Nous signalons maintenant l'importance que l'expert doit attacher à la description. et à la dissection des blessures.

L'examen microscopique et les recherches chimiques qui sont le complément nécessaire de toute autopsie se pratiquent généralement plus tard et sont souvent confiés à des hommes spéciaux. Nous reviendrons plus loin sur ces recherches dans les chapitres consacrés à la chimie et à la micrographie légales.

Il est souvent nécessaire de conserver certains organes ou certaines parties du corps. On pourra également avoir recours au dessin, à la photographie, au moulage, pour faire connaître l'attitude et certaines lésions intéressantes et rares. On ne négligera aucun des moyens qui peuvent conserver l'image des faits ou être utiles à l'établissement de l'identité.

EXAMEN JURIdique des bleSSURES SUR LE VIVANT.

Il faut autant que possible procéder immédiatement à l'examen avant que les parties soient tuméfiées et que les pansements et appareils aient été appliqués. Lorsque l'examen n'aura pas été immédiatement pratiqué et que la tuméfaction est considérable, il est préférable de remettre la visite à un autre jour et de constater seulement dans un rapport provisoire l'état général du blessé. Avant d'enlever l'appareil d'un pansement, il faut toujours s'assurer par un examen minutieux que ce déplacement peut être fait sans danger pour le malade.

L'expert pourra, dès sa première visite, fixer l'époque probable de la guérison. S'il s'agit d'un accident de peu d'importance, il pourra déclarer que la blessure ne causera pas une incapacité de travail de plus de vingt jours et qu'elle n'entraînera ni infirmités ni de dérangement de fonctions. La prudence exige néanmoins qu'il fasse une restriction; il devra donc ajouter à sa déclaration une des formules suivantes ou toute autre analogue: sauf le cas de circonstances imprévues ; à moins de circonstances extraordinaires et dont on ne prévoit pas la possibilité.

Si la blessure parait grave, il pourra exprimer ses craintes sur l'issue probable de l'accident, mais il sera toujours très-circonspect et se réservera de donner son pronostic dans un second rapport.

Les détails que nous avons donnés plus haut seront consultés, lorsqu'il s'agira de constater la nature et la gravité de la blessure. Nous terminerons en signalant quelques circonstances particulières qui peuvent aggraver le pronostic. Ces circonstances sont antérieures ou postérieures à la blessure. Parmi les premières nous citerons les prédispositions morbides relatives à la grossesse, à la mauvaise constitution de l'individu. Un coup léger peut produire un ulcère sur une jambe variqueuse, un étranglement herniåire, la rupture d'un anévrysme s'il atteint certaines régions. Les circonstances aggravantes postérieures sont ordinairement le résultat du traitement, de la constitution médicale, des épidémies, etc.

ARTICLE III

DE L'ASPHYXIE

L'asphyxie est la conséquence directe de la suspension des phénomènes respiratoires (Perrin). Cette (suspension peut se produire soit parce que le sang ne vient pas au contact de l'air, soit parce que la composition de l'air inspiré s'oppose à l'exhalation de l'acide carbonique, soit parce que l'état organique des membranes osmotiques se refuse à tout échange gazeux, soit enfin parce que le sang a subi une modification qui le rend incapable d'absorber l'oxygène.

Les différentes causes d'asphyxie qui se rapportent particulièrement à la médecine légale sont la submersion, la pendaison, la strangulation, la suffocation et la respiration de gaz méphitiques. Ce dernier genre d'asphyxie se rattache à l'étude des empoisonnements.

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La submersion peut déterminer deux ordres de phénomènes distincts: ou bien l'individu submergé succombe à une véritable asphyxie après avoir fait des efforts pour surnager et respirer; ou bien, après avoir été précipité subitement dans l'eau, il éprouve un violent saisissement, tombe en syncope, et la mort est alors produite par la congestion cérébrale, l'apoplexie ou toute autre cause.

Dans le premier cas, on observe une pâleur générale, des excoriations à la face dorsale et au bout des doigts, de la vase ou du sable sous les ongles, quelquefois des plaques rosées ou violacées aux oreilles, aux cuisses et sur d'autres points du corps. Le submergé qui a lutté contre la mort s'est efforcé de remonter à la surface pour inspirer, mais il a aspiré de l'eau en même temps que de l'air, de là la formation de l'écume et la présence de l'eau dans les bronches. La présence de l'eau et de l'écume dans les voies respiratoires est aujourd'hui incontestée: on trouve environ

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