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tion. Le cerveau est sain ou congestionné, selon que la mort a été plus ou moins rapide.

Un autre caractère important est la fluidité et la rutilance du sang. Ce fait a été expliqué par M. Cl. Bernard, qui a démontré que les corpuscules sanguins ont pour l'oxyde de carbone une affinité bien supérieure à celle qu'ils ont pour l'oxygène. Sous l'influence du premier de ces gaz, ils prennent la teinte du sang artériel, et cette teinte, au lieu de disparaître pendant la circulation, sous l'influence de la désoxygénation, est stable et persiste. Le spectre fourni par le sang ainsi altéré est donc le spectre du sang artériel, que les agents réducteurs, tels que le sulfhydrate d'ammoniaque, sont impuissants à transformer en spectre veineux. Cette action de l'hémoglobine explique également la présence des taches rosées sur la peau.

La lenteur de la putrefaction est tout à fait caractéristique sur les cadavres des asphyxiés par le charbon; elle a été signalée par tous les observateurs. Il importe également de rappeler que l'asphyxie arrête complétement la digestion.

L'asphyxie par le charbon peut donner lieu à un grand nombre de questions médico-légales dont voici les plus importantes :

1° L'asphyxie peut-elle avoir lieu lorsque la pièce est imparfaitement close? De nombreux exemples permettent de répondre affirmativement à cette question. L'asphyxie peut avoir lieu lors même que la cheminée n'est pas bouchée, que la fenêtre et la porte sont mal fermées. Bien plus, deux personnes peuvent être placées à des hauteurs inégales dans une chambre et n'être pas toutes deux atteintes, ou succomber à des intervalles trèsdifférents. Ces faits s'expliquent par la disposition des ouvertures, le tirage des cheminées, et surtout par la densité de l'oxyde de carbone, qui est de 0,967. Il faut donc avoir présentes à l'esprit les règles suivantes formulées par M. Coulier :

1o L'air vicié qui s'échappe du fourneau est plus léger que l'air et va occuper la partie supérieure de la pièce;

2° Lorsqu'il est suffisamment refroidi, il est plus lourd et va se rassembler sur le parquet;

3° Lorsque la diffusion a eu le temps de s'opérer, le mélange devient uniforme;

4° Cette diffusion s'opère assez lentement pour que, dans une pièce de capacité moyenne, telle couche puisse être asphyxiante sans que les autres aient cette propriété.

La disposition et le tirage des cheminées peuvent être la cause d'asphyxies accidentelles. D'Arcet rapporte le cas de deux dames qui furent asphyxiées dans une maison de la rue de Bondy parce que le tuyau du poële de la salle à manger donnait dans une cheminée de l'étage inférieur, où l'on avait entretenu du feu pendant toute la nuit (1). On possède également de nombreux exemples d'asphyxie par carbonisation de poutres placées sous les foyers ou de pièces de bois adossées à des poëles ou à des calorifères.

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2° Quelle est la quantité de charbon nécessaire pour produire l'asphyxie? Il faut, pour que l'atmo sphère d'une pièce devienne asphyxiante, qu'un centième de l'air soit converti en oxyde de carbone. Il faudra done, pour résoudre cette question, se rendre compte des dimensions de la pièce, puis de la quantité de charbon qu'on a dû brûler pour produire la quantité de carbone nécessaire. D'après Leblanc, un kilogramme de charbon ou braise en combustion libre peut rendre asphyxiants 25 mètres cubes d'air. D'après Devergie, cet effet peut être produit par 60 grammes environ de charbon. Mais on ne peut résoudre qu'approximativement cette question. On sait du reste que la nature du charbon permet une production plus ou moins grande d'oxyde de carbone, suivant la marche de la combustion. D'après Ébelmen, cité par M. Coulier, la braise des boulangers fournit plus d'oxyde de carbone que le charbon ordinaire.

3o Combien de temps faut-il pour produire l'asphyxie? - C'est en examinant les circonstances relatives

1) Ann. d'hyg. et de méd. lég., t. XVI, p. 30.

à chaque cas que l'expert pourra fournir une réponse approximative à cette question. Il faut tenir compte des dimensions de la pièce, de la quantité de charbon, de l'activité de la combustion, de la ventilation. Dans l'observation de Déal (voy. p. 242), la mort semble avoir été produite en moins d'une heure.

l'indi

4° Une prompte syncope est-elle favorable vidu exposé à l'action des vapeurs de charbon? La syncope peut retarder les accidents, mais il est difficile d'admettre qu'elle les éloigne complétement. La respiration continue de s'effectuer; elle est faible, mais cependant suffisante pour que l'inspiration du gaz amène la mort au bout d'un temps plus ou moins long.

5° Quelle est l'influence de l'âge et du sexe sur la marche de l'asphyxie? Castelnau a prétendu, probablement avec raison, que les enfants périssent plus vite. Quelques faits semblent également démontrer que les hommes succombent plus rapidement que les femmes.

En résumé, l'expert appelé à la constatation d'un cas d'asphyxie par le charbon, ne se contentera pas de constater la cause de la mort, mais recherchera si, sous les apparences d'un suicide, il n'y a pas un crime. Il recherchera d'abord les lésions et les symptômes que nous avons décrits plus haut, et ne conclura qu'après avoir étudié les lieux et les circonstances qui se rattachent à l'accident.

B. ASPHYXIE PAR LE GAZ D'ÉCLAIRAGE.

Les propriétés toxiques du gaz d'éclairage sont dues à l'hydrogène bicarboné, aux carbures d'hydrogène, et surtout à l'oxyde de carbone.

L'odeur exhalée par ce gaz est une garantie précieuse pour la santé publique, puisqu'elle avertit du danger et rend ainsi les cas d'empoisonnements relativement rares. Cette odeur se fait déjà sentir lorsque le gaz n'est encore mêlé que pour un millième à l'air atmosphérique, et elle

terbent pits lasupportacie à mesure que la proportion agmente. Liesga je gur une à former un onzième de Tar. declare a acomete fa corps ea ignition, mais Fattoso bere pent soutenir une quantité de gaz insuffisante porr detocner et suffisante pour asphyrier.

Symptines. - Le gu feciinage semble avoir une action deletere speciale sur le systeme cerebro-spinal. Lorsque la quantité de par inspiré est considérable, on observe de la cephalalgie, pris une alteration rapide et profonde de l'intelligence, de la sensibilité et des mouvements volontaires. Les phénomènes ordinaires de l'asphyxie apparaissent en

suite.

On trouve généralement à l'autopsie une congestion cé rébrale intense. Le sang est noir et coagulé, au lieu d'ètre rouge et liquide comme dans l'asphyxie par le charbon. Les voies respiratoires sont injectées, les bronches remplies d'une écume visqueuse et sanguinolente; le parenchyme pulmonaire est d'un rouge vif qui contraste avec la nuance gris-rougeâtre de la surface de l'organe. On observe également des plaques rosées sur différentes parties du corps.

C.

ASPHYXIE PAR LES FOSSES D'AISANCES ET LES ÉGOUTS.

Le méphitisme des fosses d'aisances est dù à l'action isolée ou combinée de trois corps gazeux principaux : ce sont l'acide sulfhydrique, le sulfhydrate d'ammoniaque et l'azote. Ces gaz occupent différentes places dans la fosse : ou ils remplissent la partie dépourvue de matières fécales, ou ils s'accumulent sous la croûte ou dans la pyramide qui se forme au-dessous du conduit de descente.

On connaît la fréquence des accidents par le méphitisme, accidents qu'il est facile d'éviter en descendant dans la fosse des lampes allumées, afin d'observer si elles brûlent, et en y introduisant des réchauds remplis de charbons bien allumés.

L'individu exposé à l'action de l'acide sulfhydrique et du sulfhydrate d'ammoniaque éprouve d'abord une vive

douleur à la tête et à l'épigastre; il perd rapidement connaissance, et une écume roussâtre découle de sa bouche. Le corps est froid, la face livide, les yeux ternes, les pupilles sont dilatées et immobiles; le malade pousse des cris, éprouve de vives douleurs, des convulsions, des envies de vomir, et il succombe en proie à de violentes secousses convulsives. Dans des cas plus rares, l'affaiblissement et le coma sont les symptômes prédominants.

Le méphitisme des égouts est principalement produit par l'azote, l'acide carbonique et l'acide sulfhydrique, mais plus particulièrement par ce dernier. Ces gaz se dégagent surtout au moment du curage, lorsqu'on détache les matières concrètes.

Les symptômes différent peu de ceux que nous venons de décrire pour les fosses d'aisances. On observe des syncopes, une faiblesse générale, quelquefois un tremblement général et un délire furieux. Le sang devient noir, ainsi que tous les organes parenchymateux, les muscles perdent leur contractilité et les tissus de l'organisme se putréfient rapidement après la mort.

RÉSUMÉ

La mort est la cessation des phénomènes physiques qui concourent à l'entretien de la vie.

Les signes de la mort doivent être étudiés avec le plus grand soin par le médecin légiste.

Il n'existe aucun signe absolument certain de la mort, mais l'ensemble des caractères permet d'arriver à un diagnostic certain.

Les signes les plus certains sont les suivants :

Abaissement de la mâchoire inférieure, ouverture des yeux et de la bouche, flexion du pouce, lividités cadavériques et vergetures. Perte de la sensibilité, des mouvements musculaires. Abaissement de la température, absence de la circulation et de la respiration, relâchement des sphincters.

Affaissement et flaccidité du globe oculaire, dilatation de

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