Page images
PDF
EPUB

ques, un emphysème considérable, des ecchymoses disséminées sous la plèvre et sous le cuir chevelu, de l'écume sanguinolente dans les voies aériennes.

Dans la submersion, la mort est produite par l'asphyxie ou (ce qui est plus rare) par une syncope et par une congestion cérébrale.

Dans l'asphyxie par submersion, on trouve une petite quantité d'écume blanche mousseuse dans les voies respiratoires et un peu d'eau dans l'estomac, quelquefois de la vase et du gravier dans ces mêmes organes. Les poumons sont engoués, durs et laissent écouler un liquide spumeux et sanguinolent.

I importe de déterminer: 1° si la mort est due à la submersion; 2o si l'individu est tombé accidentellement ou a été précipité dans l'eau; 3° s'il n'avait pas d'abord été victime d'un crime.

LUTAUD, Méd. lég.

15

CHAPITRE VI

DE L'IDENTITÉ

Les questions d'identité sont soulevées lorsqu'il s'agit de déterminer 1° si un individu est bien celui qu'il prétend être, comme lorsqu'un absent reparaît et réclame ses droits de famille; 2° s'il est celui que l'on présume reconnaître et auquel s'adresse une question judiciaire; 3° si le cadavre ou le squelette soumis à l'examen est celui de tel individu présumé victime d'un assassinat ou d'un empoisonnement.

Dans le premier cas, l'identité s'établit le plus souvent par des papiers et des titres; cependant la loi a précisé certaines circonstances dans lesquelles les connaissances médicales peuvent être requises. On en jugera par l'exposé des articles de la législation qui se rapportent aux preuves de la filiation des enfants légitimes.

Code civil. ART. 319. La filiation des enfants légitimes se prouve par les actes de naissance inscrits sur les registres de l'état civil.

ART. 320. A défaut de ce titre, la possession constante du titre d'enfant légitime suffit.

ART. 321. Sa possession d'état s'établit par une succession constante de faits qui indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il prétend appar

Les principaux de ces faits sont :

Que l'individu a toujours porté le nom du père auquel il prétend appartenir;

Que le père l'a traité comme son enfant, et a pourvu en cette qualité à son éducation, à son entretien et à son établissement; Qu'il a été reconnu constamment pour tel dans la société; Qu'il a été reconnu pour tel dans la famille.

ART. 323.

- A défaut de titre ou de possession constante, ou si l'enfant a été inscrit soit sous de faux noms, soit comme né de père et de mère inconnus, la preuve de la filiation peut se faire par témoins.

Néanmoins cette preuve ne peut être admise que lorsqu'il y a commencement de preuves par écrit, ou lorsque les présomptions ou indices résultant de faits constants sont assez graves pour déterminer l'admission.

Ce sont ces présomptions et ces indices que le médecin sera quelquefois appelé à constater, et dont il aura à déterminer la valeur au point de vue de l'identité.

Les questions d'identité se résolvent d'après les particularités de conformation ou d'altération pathologique, telles que la date et la nature de certaines cicatrices, les nævi materni existants ou qu'on a cherché à dissimuler ou à effacer. Certaines professions laissent chez ceux qui les exercent des stigmates caractéristiques; enfin, la dentition, le développement du système osseux, la coloration des poils fournissent des signes d'une grande valeur. Nous allons passer en revue les questions et étudier successivement les indices qui peuvent constater l'identité d'un individu et d'un cadavre.

1er.

Indices de l'identité sur le vivant.

La célèbre consultation de Louis, par laquelle il parvint à faire réintégrer un individu qui avait été condamné comme faussaire et imposteur, nous paraît propre à montrer l'intervention médico-légale, dans le cas d'identité, sur le vivant. Nous en donnons un résumé d'après Briand et Chaudé :

«On a prétendu que l'individu qui s'est présenté sous

le nom de Baronet est le fils de François Babilot; mais Babilot avait à la cuisse une tache indélébile, une tache qu'on n'aurait pu faire disparaître qu'au moyen de caustiques, qui auraient laissé des cicatrices, ou en appliquant sur la peau quelque couleur, que les lotions effaceraient facilement. Or, Baronet n'a à la cuisse ni taches ni aucune trace de l'action d'un acide ou d'une matière colorante. Babilot avait les épaules hautes, mais il était très-droit et bien fait. Il ne boitait pas. Baronet est voûté, il a une jambe un peu plus courte que l'autre, et les malléoles très-grosses; il a la colonne de l'épine contournée, sans doute à cause de l'habitude qu'il a contractée de marcher incliné de l'autre côté, pour corriger les inconvénients de la claudication. Babilot doit avoir une cicatrice à la joue: nous n'en voyons pas sur Baronet. Nous lui voyons une cicatrice au sourcil, et, en effet, Baronet avait au sourcil une cicatrice, suite d'un coup de pierre, ainsi qu'il est attesté par celui même qui l'avait lancée. Suivant tous ceux qui ont connu Babilot, il doit avoir à la partie droite du visage, près du cou, une cicatrice d'humeurs froides guéries, et cette cicatrice, qui a succédé à l'ouverture spontanée d'un abcès scrofuleux, doit être ronde et située dans la région correspondant aux glandes. Nous voyons au contraire chez Baronet une cicatrice longue, s'étendant le long du bord de la mâchoire inférieure, depuis l'angle jusqu'au menton. Sa largeur et la manière dont la cicatrisation s'est opérée annoncent qu'il y a eu blessure par un corps contondant, tel qu'un coup de pied de cheval, et l'on sait que, en effet, Baronet a reçu un pareil

coup, etc... >>

Nous allons étudier, comme signes d'identité, le tatouage, la coloration des poils, les cicatrices et les stigmates professionnels.

A. Tatouage. Le tatouage a une véritable importance en médecine légale. Il ne fournit que de vagues renseignements sur le sexe et la nationalité, mais il donne d'excellents indices sur la classe et la profession, et peut même conduire à des constatations décisives, surtout lors

qu'il existe des lettres initiales, des noms, des dates, des emblèmes des différentes professions.

Le tatouage se pratique à l'aide d'aiguilles convenablement disposées plusieurs ensemble, qu'on trempe dans une matière colorante, et avec lesquelles on pique la peau, en suivant le contour d'une image préalablement dessinée. La matière colorante le plus souvent employée est l'indigo, le curcuma, le minium et surtout l'encre de Chine.

Le tatouage ne se pratique pas dans les classes instruites, et c'est chez les soldats et les marins qu'il est le plus en honneur, quoique cette coutume devienne tous les jours moins fréquente. Sur six cent vingt-huit dessins observés par MM. Hutin et Tardieu, cinq cent cinquante étaient aux avant-bras, les autres existaient sur diverses parties du corps, les bras, les mains, le visage, la poitrine, les membres inférieurs, le pénis. Nous ne saurions admettre, avec M. Tardieu, que le tatouage ne s'observe jamais avant seize ans; nous avons vu, non-seulement un grand nombre de mousses et de novices tatoués au-dessous de cet âge, mais aussi des enfants de treize et quatorze ans qui n'appartenaient pas à la marine. On a prétendu que la nature des dessins pouvait indiquer les habitudes et les mœurs des individus; mais nous ne saurions admettre cette assertion, car non-seulement on trouve sur le même sujet un singulier alliage de figures obscènes et religieuses, mais il est aujourd'hui démontré que le tatouage est le plus souvent l'œuvre d'un moment d'entraînement, d'irréflexion ou d'orgie. Presque tous les tatoués que nous avons rencontrés regrettaient amèrement de s'être ainsi défigurés,

Le tatouage est presque toujours indėlėbile, néanmoins on possède un grand nombre de cas dans lesquels il a disparu spontanément. La persistance de la tache dépend du reste de la matière colorante. De toutes celles qui sont employées, le vermillon est la moins tenace, peut-être même la seule qui disparaisse spontanément.

Follin a indiqué un moyen de reconnaître les traces du tatouage sur les cadavres, lors même qu'il n'existerait plus de traces extérieures. Il a trouvé que les ganglions

« PreviousContinue »