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jaunes. Toutes les parties corrodées par l'acide nitrique présentent une coloration jaune orangé.

Traitement. Comme pour l'acide sulfurique.

4° Acide acétique concentré (vinaigre radical). 10 à 12 grammes de cet acide suffisent pour occasionner la mort.

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Symptômes et lésions. - On observe au pourtour de la bouche des taches brunâtres en partie desséchées, ce qui les distingue de celles produites par l'acide sulfurique, qui sont humides. La langue est noire et contractée, et les matières contenues dans l'estomac sont semblables à de la suie humide.

5° Acide oxalique. Cet acide est très-rarement employé dans l'empoisonnement criminel, mais il peut être ingéré par erreur à la place du sulfate de magnésie, du sulfate de soude ou de la crême de tartre. 8 à 10 grammes suffisent pour produire la mort.

Symptômes. Si l'acide a été pris en solution concentrée, on observe des douleurs violentes à la gorge et à l'épigastre, des vomissements de matière sanguinolente, et une sensation de spasme et de suffocation. Si la solution est étendue, on n'observe que des symptômes généraux : les maJades tombent dans le collapsus, le pouls se ralentit et devient imperceptible, la peau devient froide et visqueuse, et les extrémités des ongles prennent une coloration d'un gris de plomb. La mort survient très-rapidement dans les deux

cas.

Lésions cadavériques. Les muqueuses de la bouche, de l'œsophage et de l'estomac sont blanches, ramollies et dépouillées de leur epithélium. L'estomac présente. des érosions et contient un liquide brunâtre, couleur de café. On trouve généralement une coloration vermeille du sang et de tous les tissus pourvus d'un système capillaire trèsapparent.

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Traitement. Il faut administrer de la craie en suspension dans de l'eau ou de la magnésie pour transformer la substance vénéneuse en oxalate de chaux ou de magnésie

qui sont presque insolubles. On emploiera l'opium contre la douleur et les accidents nerveux et l'alcool pour diminuer la prostration. Lorsque l'acide a été ingéré en solution concentrée, l'usage de la pompe stomacale et des vomitifs est contre-indiqué à cause du ramollissement de l'estomac,

6o Acide tartrique.

L'empoisonnement par cet acide est très-rare. Taylor rapporte l'observation d'un individu qui succomba neuf jours après avoir pris 30 grammes 'd'acide tartrique au lieu d'un purgatif. MM. Devergie et Bayard, ont attribué la mort à l'ingestion de cet agent dans un cas d'empoisonnement criminel qui a donné lieu à de vives controverses (1).

Lésions cadavériques. - Dans le cas observé par M. Devergie la muqueuse de la bouche et de l'estomac, était blanchie; celle de l'estomac présentait des arborisations et des ecchymoses et contenait un liquide rougeâtre et violacé. Le sang était fluide et présentait une coloration rouge groscille qui se communiquait aux tissus. Des lésions analogues ont été observées sur des animaux empoisonnés par l'acide tartrique.

Traitement. Comme pour l'acide oxalique.

Pour les recherches chimiques relatives aux acides (voy. p. 505 et suivantes).

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Les poisons alcalins, si différents des poisons acides au point de vue chimique, s'en rapprochent au contraire au point de vue des symptômes toxiques qu'ils déterminent. Dans l'empoisonnement par les alcalins, la matière des vomissements au lieu d'être acide et de bouillonner au contact d'une matière calcaire, est alcaline et verdit le sirop de violette.

Nous étudierons dans cette catégorie lapotasse, la soude et l'ammoniaque.

(1) Annales de médecine légale, 1852, t. XLV, II, p. 199.

1° Potasse et soude. L'empoisonnement par ces substances est rarement criminel et a lieu le plus souvent accidentellement ou par suicide. La potasse et la soude du commerce (carbonate de potasse et carbonate de soude), l'eau seconde dont se servent les peintres et les graveurs, l'eau de javelle (chlorure de potasse ou de soude), sont les poisons de cette catégorie les plus employés.

Symptômes.-Immédiatement après l'ingestion du poison, sensation de brûlure avec constriction à la bouche, à la gorge et à l'œsophage. Les vomissements viennent ensuite et sont suivis de déjections alvines abondantes dans lesquelles on trouve souvent des stries de sang et des fragments de muqueuses. Les liquides vomis ont une réaction alcaline. A ces symptômes s'ajoutent souvent le hoquet et des mouvements convulsifs des membres. La mort survient plus ou moins rapidement, mais elle ne peut être évitée. Lorsqu'elle n'a pas lieu dans les premiers jours qui suivent l'empoisonnement, elle survient par suite des lésions de l'estomac et des rétrécissements de l'œsophage.

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Lésions cadavériques. On trouve dans le tube digestif des lésions moins profondes mais plus étendues que celles qui résultent du contact des acides. Les eschares de la bouche sont grises, molles, savonneuses. Le sang conserve sa fluidité. L'estomac présente des altérations qui peuvent aller jusqu'au ramollissement.

Traitement.

Provoquer des vomissements et administrer des boissons acides: eau vinaigrée, jus de citron étendu d'eau, solutions faibles d'acide citrique. Faire prendre ensuite de l'eau tiêde avec de l'huile, mélange qui peut rendre moins dangereux le contact du poison avec les parois du tube digestif.

2o Ammoniaque liquide (alcali volatil). Cet empoisonnement est rarement criminel, mais il a été fréquemment observé à la suite d'accidents. C'est surtout à l'aide de l'eau sédative, qui n'est toxique que par l'ammoniaque qu'elle contient, qu'ont lieu ces empoisonnements accidentels.

Symptômes. Aussitôt après l'ingestion du poison,

de

sensation affreuse de brûlure, de constriction à la gorge, suffocation; déchirement à la région épigastrique, toux convulsive, difficulté de la déglutition, vomissements glaireux, striés de sang. Les lèvres et la cavité buccale sont rouges et douloureuses par suite de la desquamation de l'épithélium. Le pouls est lent, irrégulier; l'intelligence est le plus souvent conservée.

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Lésions cadavériques. On trouve une rougeur générale du tube digestif. L'estomac et les intestins sont ulcérés et renferment un liquide sanguinolent. Le tissu pulmonaire est congestionné et on remarque souvent des exsudations membraniformes dans les bronches. A ces lésions, il faut ajouter la stéatose du foie et des reins qui a été signalée par M. Potain.

Traitement. Le même que pour l'empoisonnement par la potasse et la soude. On administrera utilement le chlorate de potasse contre la salivation et les mucuosités secrétées par les voies respiratoires.

III. · IRRITANTS DRASTIQUES.

Les poisons rangés par M. Tardieu dans cette classe, sont des agents thérapeutiques appartenant au règne végétal et possédant des propriétés purgatives ou drastiques dues, dans la plupart des cas, à un principe actif, la vératrine. Ces substances produisent des empoisonnements accidentels, mais elles sont rarement employées dans un but homicide. Quelques-unes d'entre elles, administrées dans le but de procurer l'avortement, ont déterminé des accidents mortels sans que l'action spéciale sur l'utérus eût été manifeste.

Symptômes. Les poisons de ce groupe exercent sur la peau une action locale énergique et produisent une éruption vésiculeuse. A l'intérieur, ils déterminent les symptômes les plus alarmants : douleur intense dans le ventre et l'estomac, vomissements répétés, évacuations alvines, sanguinolentes et cholériformes, refroidissement général, ralentissement du pouls, puis, dans la période ultime, pros

tration, convulsions et paralysie. La mort survient en général au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures.

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Lésions cadavériques. Les intestins sont plus profondément lésés que l'estomac. On trouve la muqueuse intestinale ramollie, parsemée d'ulcérations, de taches noirâtres et de plaques gangréneuses, l'intestin contient un liquide floconneux, blanchâtre. Tous les viscères, le foie et la rate principalement, sont le siége d'un ramollissement profond. Traitement. On a conseillé plusieurs antidotes contre la vératrine et les végétaux qui contiennent cette substance. L'iodure de potassium ioduré, qui donne avec la vératrine des précipités très-peu solubles, a été proposé. Aussitôt après l'administration de cet antidote, on provoquera les

vomissements et les selles.

Nous allons rapidement examiner les substances drastiques les plus employées:

1° Croton tiglium. L'huile qu'on extrait des graines de cette plante est épaisse, d'une couleur brune, d'une odeur désagréable et d'une âcreté excessive. Elle purge à la dose de une à deux gouttes et peut empoisonner à la dose de 4 centigrammes.

M. Tardieu indique le procédé suivant pour constater la présence de ce poison dans l'organisme: on traite par l'éther les déjections et les parties d'intestin réduites en bouillie, on agite et on décante l'éther; le résidu traité par l'alcool à 85° donne une solution qu'on filtre au papier et qu'on évapore à siccité. Ce dernier résidu obtenu doit renfermer toute l'huile de croton et peut être essayé sur la peau de l'expert, soit sur un animal à l'intérieur ou à l'extérieur.

MM. Mayet et Hallé ont publié un cas d'empoisonnement par l'huile de croton dans lequel la substance fut criminellement introduite dans la cavité de la pulpe de fraises que l'assassin recouvrit avec la corolle et la queue.

20 Gomme-gutte.

Cette gomme résine est employée en médecine vétérinaire et dans les arts; elle se dissout très-rapidement dans les alcalis caustiques; les acides la précipitent de cette solution.

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