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substances albuminoïdes mélangées ensemble, les substances cristalloïdes traversent le dialyseur et peuvent être retrouvées presque en totalité, au bout de quelques heures, dans l'eau sous-jacente. Si, par exemple, on verse dans le dialyseur une solution albumineuse contenant des sels de quinine, de strychnine, etc., on retrouve bientôt ces substances dans le liquide inférieur. »

Cette nouvelle méthode a fait beaucoup de bruit à son apparition, mais elle n'a pas donné, en médecine légale, tous les résultats qu'on pouvait en attendre. MM. Tardieu et Roussin pensent que lorsque la quantité de matière vénéneuse contenue dans les organes est très-abondante, le dialyseur peut permettre d'en isoler plus facilement une petite portion; mais lorsque le poison n'existe plus qu'en très-petite quantité, la dialyse n'aboutira qu'à le délayer encore davantage ou à le séparer d'une manière trop incomplète pour être utile aux recherches. Néanmoins, ces auteurs conseillent d'appliquer cette méthode au début de l'analyse; si elle ne fournit pas de résultats, il sera toujours facile à l'expert de traiter les résidus par les autres procédés.

ARTICLE II

RECHERCHE DES POISONS ET IDENTIFICATION
DES SUBSTANCES

Nous ne suivrons pas l'ordre chimique, qui n'a pas une grande importance en médecine légale; cependant, nous nous attacherons à décrire les substances qui se rencontrent le plus fréquemment dans les empoisonnements, d'après une méthode aussi scientifique que possible. Nous étudierons d'abord les caractères chimiques des principaux métalloïdes, puis des métaux; nous parlerons ensuite des acides et des alcaloïdes.

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Nous

1° Recherche de l'arsenic. Procédé de Marsh. ne décrirons que le procédé perfectionné tel qu'il est employé aujourd'hui.

Le principe de la méthode consiste à isoler l'arsenic à l'état métallique en mettant à profit les trois faits suivants (Dragendorff):

1° L'hydrogène à l'état naissant, réduit à l'état métallique les composés oxydés de l'arsenic et leurs sels.

2° L'hydrogène et l'arsenic, tous deux à l'état naissant, s'unissent pour former des hydrures d'arsenic; l'un, solide, ne se forme qu'en petite quantité et n'est

FIG. 27.

pas volatil; le second est gazeux et constitue le produit principal de la réaction. Que, par exemple, on reçoive sur une soucoupe de porcelaine la flamme d'un jet d'hydrogène arsénié se dégageant d'un flacon (fig. 27), cette flamme étant refroidie et l'afflux de l'oxygène de l'air étant gêné, l'arsenic ne brûle plus ou ne brûle qu'en faible

quantité et se dépose sur la soucoupe en formant des taches miroitantes.

3 L'hydrure d'arsenic gazeux traversant un tube chauffé au rouge se décompose en hydrogène et en arsenic qui se dépose dans les parties refroidies du tube sous forme d'un anneau brillant.

L'appareil de Marsh employé aujourd'hui se compose d'un flacon à deux ouvertures A: à l'une est adapté un tube droit descendant jusqu'au fond du vase; à l'autre se trouve un tube horizontal qui conduit dans un tube B plus

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gros contenant de l'amiante ou du coton et qui reçoit un troisième tube entouré de clinquant, effilé à son extrémité, reposant sur un support et au-dessous duquel sont placés des charbons ardents (fig. 28).

On produit dans le flacon un dégagement d'hydrogène, au moyen du zinc, de l'acide sulfurique et de l'eau, puis on chauffe le petit tube entouré de clinquant pendant un quart d'heure environ. Au bout de ce temps, on retire le feu et on enflamme le gaz; si aucune tache ne se dépose sur la soucoupe présentée à l'extrémité du tube, cela indique que les réactifs ne contiennent pas d'arsenic. On répète ensuite l'opération après avoir introduit les matières

à examiner dans le flacon; si elles contiennent de l'arsenic, on voit la flamme de l'hydrogène devenir d'un blanc livide et répandre des fumées blanches d'acide arsénieux. La flamme, refroidie par la soucoupe, donne un dépôt noir brillant d'arsenic.

Il s'agit maintenant de reconnaître si les taches sont réellement produites par de l'arsenic, car on sait que l'hydrogène antimonié se dépose de la même manière que l'hydrogène arsénié. On distinguera ces taches par les caractères suivants, que nous reproduisons d'après M. Naquet (1):

1° Les taches d'arsenic sont brunes, tandis que celles d'antimoine sont noires, surtout près des bords; mais ce caractère ne donne même plus des probabilités dès que les taches acquièrent un certain volume.

2o Les taches d'arsenic obtenues dans le tube peuvent se volatiliser facilement d'un bout du tube à l'autre, si l'on a soin d'y entretenir un courant d'hydrogène ou d'anhydride carbonique; les taches d'antimoine sont bien moins volatiles.

3o Si l'on chauffe le tube au point où se trouve la tache, en le laissant ouvert à ses deux extrémités et en le tenant incliné de manière à y déterminer un courant d'air, l'arsenic s'oxyde, et il vient se sublimer plus haut un anneau d'anhydride arsénieux sur lequel on peut reconnaître à la loupe la forme octaédrique des cristaux. Cet anneau peut être soumis aux essais suivants :

a. On le dissout dans une goutte d'acide chlorhydrique, et l'on traite la solution par l'hydrogène sulfuré; il se forme un précipité de sulfure jaune d'arsenic soluble dans l'ammoniaque et les sulfures alcalins, et insoluble dans l'acide chlorhydrique.

b. Il se dissout dans l'eau pure et donne alors, avec le sulfate de cuivre ammoniacal, un précipité d'un beau vert (vert de Scheele) composé d'arsénite de cuivre.

4o Les taches arsenicales, traitées par l'acide azotique concentré, s'y dissolvent. Si l'on évapore ensuite à siccité

(1) Précis de chimie légale. Paris, 1873.

la liqueur, il reste un résidu d'acide arsénique très-soluble dans l'eau, et dont la dissolution aqueuse est précipitée en rouge brique par l'azotate d'argent ammoniacal. Soumis à un traitement semblable, l'antimoine laisse un résidu d'oxyde intermédiaire insoluble dans l'eau.

5° Si l'on dépose sur une des taches une goutte de sulfhydrate d'ammoniaque, le métalloïde se sulfure, et l'on peut constater sur le composé produit les propriétés énumérées plus haut du sulfure d'arsenic. Nous ajouterons, comme caractère distinctif, que le sulfure d'antimoine est très-soluble dans l'acide chlorhydrique, et qu'il affecte la couleur rouge, tandis que le sulfure d'arsenic est jaune.

6o Les taches métalliques, traitées par une dissolution d'hypochlorite de soude (obtenue en faisant agir le chlore gazeux sur une dissolution de carbonate de soude), disparaissent aussitôt si elles sont arsenicales; elles persistent au contraire sans altération si elles sont constituées par de l'antimoine.

Pour la destruction des matières organiques, on emploiera de préférence le procédé par l'acide sulfurique et le chlorure de sodium (voy. p. 479)

On voit, d'après ce

2o Recherche de l'antimoine. que nous venons de dire, que l'appareil de Marsh peut également servir pour la recherche de l'antimoine, mais il ne peut servir à séparer l'arsenic de l'antimoine, s'il y a mélange de ces deux poisons. On arrive à ce résultat à l'aide de l'appareil et de la méthode de M. Naquet.

Cet appareil se compose d'un flacon à deux tubulures A (fig. 29), dans lequel on introduit un alliage de sodium et de mercure; une des tubulures de ce flacon porte un bouchon que traverse un tube terminé par un entonnoir à sa partie supérieure, et qui sert à introduire la liqueur suspecte dans le flacon. La seconde tubulure est fermée par un bouchon que traverse un petit tube B courbé à angle droit; celui-ci, par son extrémité opposée, et à l'aide d'un bouchon de liége, communique avec un tube d'un plus grand diamètre C, rempli de coton ou d'amiante, à l'autre extrémité duquel se fixe un tube à boules de Liebig D

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