Page images
PDF
EPUB

précipité. Le fer se trouve ainsi totalement éliminé. On filtre, on lave le précipité et l'on ajoute à la liqueur filtrée un excès de potasse. S'il y avait dans la liqueur du cobalt, du nickel et du manganèse, ce qui est peu probable, il se formerait un précipité persistant qu'on séparerait par le filtre et dont on n'aurait plus à s'occuper, ces trois métaux n'étant pas vénéneux. Quant à la liqueur filtrée, elle peut contenir de l'alumine et du zinc. Pour y découvrir ce dernier métal, on la rend acide au moyen de l'acide acétique et l'on y verse une solution d'hydrogène sulfuré. Le zinc se dépose alors sous la forme d'un précipité blanc.

[blocks in formation]

Considérations générales.

D'après Dragendorff, la réaction fortement acide des matières vomies, du contenu de l'estomac et du tube digestif, est un caractère d'une si haute importance dans la recherche des acides, que l'on pourrait se dispenser de faire l'analyse lorsque ce caractère manque. M. Ritter signale cependant une restriction à cette loi, c'est lorsqu'un contre-poison alcalin (magnésie, bicarbonate, savon) aura été administré.

M. Naquet fait observer que les acides ne peuvent être recherchés que sur le tube digestif ou son contenu; leur découverte dans le reste de l'organisme ne permettrait pas d'arriver à des conclusions rigoureuses, puisqu'on trouve normalement dans l'économie, à l'état de sels, les divers acides qu'on pourrait avoir à rechercher. Nous apprécions la justesse de cette remarque, mais nous pensons que l'analyse peut souvent faire découvrir dans l'organisme des sels qui par leur nature et leur quantité ne sauraient être mis sur le compte des produits naturels de l'économie et des aliments.

Comme méthode générale, ce même auteur conseille de faire bouillir le tube digestif et son contenu avec de l'eau, que l'on renouvelle jusqu'à ce qu'elle cesse de rougir le tournesol. On filtre, on précipite par l'alcool les substances organiques en dissolution; on filtre ensuite une seconde

fois et l'on traite la liqueur obtenue de différentes manières selon l'acide qu'on recherche.

1° Acide chlorhydrique. Le procédé le plus simple consiste à distiller la liqueur dans une cornue munie d'un récipient jusqu'à ce que le liquide devienne pâteux. Le liquide recueilli dans le récipient possède tous les caractères du chlorure d'argent : il est acide, il est précipité en blanc par l'azotate d'argent; le précipité se dissout facilement dans l'ammoniaque et ne se dissout pas dans l'acide azotique.

MM. Tardieu et Roussin recommandent le procédé sui

vant :

« Les organes internes et produits de vomissements sont divisés en petits fragments et réduits en une bouillie claire que l'on divise en deux parties parfaitement égales. L'une de ces portions est saturée par un grand excès de carbonate de soude exempt de chlorure, et mise à évaporer au bain-marie jusqu'à dessiccation à peu près complète. L'autre portion acide est soumise à la même évaporation sans saturation préalable. Les deux produits qui en résultent sont calcinés séparément dans deux creusets de porcelaine jusqu'à complète carbonisation. Chaque masse charbonneuse est épuisée par un égal volume d'eau distillée, et les liqueurs qui en résultent soumises à la filtration. Chaque solution est alors fortement acidulée par l'acide azotique pur et additionné d'un excès d'azotate d'argent. Il se forme constamment, dans ce cas, un précipité dans chaque solution, attendu que les liquides alimentaires et les organes renferment des chlorures à l'état normal. Les deux précipités sont séparément recueillis sur de petits filtres de papier Berzélius, lavés jusqu'à épuisement, desséchés, calcinés avec leur filtre dans de petites nacelles de porcelaine, puis finalement pesés à la balance de précision. Si la quantité de chlorure d'argent est sensiblement la même dans les deux cas, l'expert aura la preuve certaine qu'il n'existait pas d'acide chlorhydrique libre dans les organes et les vomissements. Si la portion saturée par le carbonate de soude a fourni une quantité de chlorure d'argent beau

coup plus considérable que la portion non saturée, il sera évident qu'il provient de source étrangère. ›

2' Acide azotique. — Après avoir traité les matières par la méthode générale indiquée ci-dessus, on sature le produit de la distillation par la potasse ou la soude et on évapore à siccité. On recueille ensuite le résidu, on le mélange avec de la limaille de cuivre et on le place dans un tube de verre fermé à un bout et muni à l'autre extrémité d'un bouchon traversé par un tube adducteur dans lequel on verse de l'acide sulfurique. On chauffe, et les gaz qui se dégagent donnent une coloration brune qui tourne au violet par l'addition d'acide sulfurique, lorsqu'on les recueille avec du sulfate de protoxyde de fer, et ensuite ane coloration rouge lorsqu'on les recueille avec le sulfate de narcotine.

3o Acide cyanhydrique. On soumettra à l'analyse le contenu de l'estomac et de l'intestin; on peut encore opérer sur le sang, le foie et le cerveau. Voici le procédé indiqué par Dragendorff: Les matières finement divisées sont transformées par l'addition d'eau en une bouillie fluide; si le liquide n'a pas une réaction fortement acide, on la lui communique par l'addition d'acide sulfurique ou mieux encore d'acide tartrique, car un excès d'acide minéral peut avoir des inconvénients. On distille le liquide dans une cornue qui communique avec un réfrigérant de Liébig; on chauffe au bain de chlorure de calcium, mais en ne dépassant pas la température de 105 à 110 degrés. Les produits distillés sont fractionnés; pour chaque 100 cubes de liquide on retire 300 cubes qui ont passé à la distillation. On a proposé, pour faciliter la distillation, de faire traverser le liquide par un courant d'air. L'acide prussique se retrouve dans les premières portions et se reconnaît déjà à la simple odeur, quand il en existe une quantité un peu notable. (Dragendorff.)

1o On ajoute à une partie du liquide distillé une solution de sulfate ferreux qui s'est oxydée partiellement au contact de l'air (et est devenue jaune), et un excès de soude; on

agite fortement et l'on ajoute de l'acide chlorhydrique, jusqu'à ce que le liquide soit devenu acide; il se précipitera du bleu de Prusse, s'il y a de l'acide prussique en quantité un peu notable; on n'obtient qu'un liquide vert qui peu à peu abandonne un précipité bleu lorsque la liqueur n'en renferme que des traces.

2o Une autre partie du liquide distillé est neutralisée avec de la potasse; on ajoute à cette solution quelques gouttes d'une solution d'acide picrique, on chauffe entre 50 et 60 degrés, et l'on obtient une coloration rouge, pour peu qu'il y ait de l'acide prussique.

On ajoute un centilitre du liquide distillé, une ou deux gouttes de solution de sulfate cuivrique, puis assez de potasse ou de soude pour que l'oxyde cuivrique commence à se précipiter; on acidule de nouveau avec un peu d'acide azotique ou sulfurique, et l'on voit se former un précipité blanc de cyanure de cuivre. On a pu constater ainsi la présence de 0,00006 d'acide dans un centilitre de liquide.

On peut se servir d'un papier trempé dans le sulfate cuivrique et puis dans la teinture de gaïac, pour reconnaître, à l'ouverture des bocaux qui renferment les matières à examiner, si l'atmosphère ne renferme pas d'acide prussique. Schonbeim a vu le papier se colorer dans l'atmosphère d'un ballon de 46 litres de capacité dans lequel il avait introduit une goutte d'une solution au 1/100 d'acide cyanhydrique; il put déceler le même corps dans l'atmosphère d'un ballon de 10 litres, dans lequel il avait projeté un morceau gros comme un pois de cyanure de potassium. Cette réaction, malheureusement, n'appartient pas exclusivement à l'acide prussique; elle se produit encore sous l'influence d'autres corps et notamment de l'ammoniaque. Seule, elle n'est donc pas caractéristique de l'empoisonnement par l'acide prussique, mais elle est néanmoins trèsprécieuse puisqu'elle nous dispense de rechercher cet acide, lorsque le papier ne bleuit pas.

4° Acide sulfurique.

Les liqueurs filtrées du lavage des organes et des vomissements sont évaporées en con

LUTAUD, Méd. lég.

29

sistance semi-sirupeuse et introduites dans un tube fermé avec un peu de limaille de cuivre. On chauffe ensuite jusqu'à ce qu'il se dégage de l'acide sulfureux, reconnaissable à son odeur autant qu'à sa réaction sur un papier amidonné imprégné d'acide iodique.

MM. Tardieu et Roussin reprochent à ce procédé de ne produire des résultats qu'autant que la proportion d'acide est considérable, et ils proposent le suivant, qui est fondé sur la solubilité du sulfate de quinine dans l'alcool. On fait digérer les matières pendant plusieurs heures avec de l'eau distillée, on filtre, et les matières filtrées sont introduites dans une capsule de porcelaine, additionnées d'un petit excès d'hydrate de quinine, jusqu'à neutralité complète, et soumises à l'évaporation ménagée du bain-marie. L'extrait semi-liquide qui en résulte est traité à plusieurs reprises par de l'alcool absolu, qui dissout le sulfate de quinine formé aux dépens de l'acide libre et laisse indissous tous les autres sulfates. Les solutions alcooliques filtrées sont évaporées de nouveau, et l'extrait qu'on obtient est redissous dans un peu d'eau distillée bouillante et filtré immédiatement. Si la proportion d'acide sulfurique est un peu notable, le sulfate de quinine cristallisera par refroidissement. Si la quantité est trop faible pour que le sulfate de quinine formé puisse cristalliser, il sera facile de constater la présence de l'acide sulfurique à l'aide du chlorure de baryum, qui donnera naissance, dans ce cas, à un précipité blanc, complétement insoluble dans l'eau et dans les acides azotique et chlorhydrique.

5° Acide oxalique. Les matières sont découpées en petits morceaux et réduites en bouillie claire, le mélange est évaporé au bain-marie et repris par l'alcool. La solution ainsi obtenue est divisée en deux parts qui sont traitées séparément.

Dans l'une on verse du carbonate de chaux et l'on obtient un précipité blanc d'oxalate de chaux insoluble dans l'acide acétique et le chlorhydrate d'ammoniaque et qui, calciné légèrement, fait effervescence avec l'acide chlorhydrique.

« PreviousContinue »