fi c'est notre Vernis huileux qui fera femblable à celui de la Chine, qui pour l'ordinaire a un brillant comme l'émail ou le verre mais un peu plus mat.

Le Vernis employé fur les métaux, qui fe doit endurcir en le cuifant, devient très-brillant; de façon que quand même il ne feroit pas parfaitement uni, il ne laiffera pas d'être fort beau; & on pourra l'orner avec un mordant, de figures & de feuillages d'or: fi cependant on le veut uni, on le pourra polir de la même manière.

CHAPITRE XX.

Diverfes compofitions de couleurs.

A

Yant rapporté la façon de polir le Vernis, il refte à dire de quelle manière fe font les compofitions des différentes

couleurs: le Père Athanafe Kirker, dans la Chine illuftrée, parlant des vernis compofés avec des gommes diffoutes dans l'efprit de vin, en rapporte quelques re. cettes, qu'il dit avoir été pratiquées par le Père Jamart, premier inventeur de ce Vernis, comme d'autres l'ont depuis pareillement rapporté; favoir qu'en premier lieu il faut teindre le bois de la couleur qu'on aime le mieux délayée dans le Vernis même, faifant le rouge avec le cinabre, le noir avec (1) la fumée de réfine, le jaune avec la gomme gutte, le bleu avec le tournefol, & de même des autres couleurs, qu'on recouvre enfuite avec le Vernis.

Dans les Vernis huileux, on peut en user comme les Chinois; & comme ils mêlent les couleurs avec le Chiaram avant que de le

(1) Noir de fumée, qui eft de la fuye de poix brûlée.

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noircir avec le vitriol, de même nous pouvons les incorporer avec le Vernis rapporté ci-dessus, avant de le noircir avec le bitume de Judée; & fi lorsqu'il eft noirci, on y ajoute du minium & du cinabre, on aura une trèsbelle couleur de noix qu'on voit fi fouvent dans les ouvrages de la Chine: ils n'ufent point d'art pour y donner le luftre, les laiffant tous, excepté le noir, tels qu'ils font lorfqu'ils font fecs.

Prefque tous les ouvriers de F'Europe qui travaillent en vernis, commencent ordinairement par teindre leur fujet avec leurs couleurs délayées avec la colle de poiffon ou de parchemin, & la gomme arabique ; & enfuite ils mettent leurs Vernis, qui rendent les couleurs beaucoup plus belles & plus vives.

Il ne fera point hors de propos de rapporter ici la manière de

compofer un Vernis d'un fi beau

rouge, qu'il furpaffe le corail: on le pratique ordinairement en Angleterrre & en France, & j'en ai vu des écritoires, qui étant garnies de bronze, & dorées, font confervées dans des cabinets de Princes. La manière de le compofer m'a été communiquée par un Cavalier Allemand qui fe plaifoit infiniment à la peinture; on doit d'abord teindre le fujet avec du minium bien pulvérifé & délayé avec de la colle; lorfqu'il eft fec, il faut mettre une couche de lacque de graine, & la couvrir enfuite de carmin, fur lequel donnant plufieurs couches de Vernis avec l'efprit de vin, comme on l'a déjà expliqué on aura une parfaitement belle couleur; & comme ce Vernis eft fi fort eftimé, & fe vend trèscher, il eft bon de le favoir compofer foi-même comme l'on (1)

(1) Les ornemens dorés qu'on appli

fait en France, d'où on le tranf porte en Italie.

ou

On prend le bois nommé vulgairement Fernambourg bois de bréfil, qu'on apporte de l'Amérique en Europe, il doit être de couleur orangée, & odorant; réduisez-le en petits coppeaux, ou le pilez dans le mortier,

que fur ce Vernis, ne font point ordinairement en relief, mais unis comme le ref. te de l'ouvrage; voici la façon de les travailler: lorfque le Vernis eft fec & bien poli, on prend un blanc d'œuf que l'on bat bien avec un petit bâton, on le laiffe enfuite repofer, & on en met avec un pinceau ou avec le doigt dans les endroits que l'on veut dorer, enfuite on y applique des morceaux de feuilles d'or à peu près de la grandeur de la figure que l'on veur dorer, cela sèche dans le moment: lorfque cela eft fec, on prend une épingle dont la pointe eft un peu émouffée; & qui eft emmanchée dans un petit bâton, & on s'en fert pour enlever l'or, fuivant le deffein que l'on veut; les traits. peuvent être auffi fins que l'on fouhaite,