dant pû rien faire qui eut les pro priétés du Vernis de la Chine: il fera bon pourtant de rappor ter quelques-uns des différens moyens dont on s'eft fervi, & qui font venus à ma connoiffance. Il faut remarquer en premier lieu, que pour le Vernis huileux, toutes les gommes rapportées cideffus dans le chap. 2. ne font pas également bonnes, mais que l'on doit choisir celles qui n'ont rien ou très-peu d'une humidité aqueufe, & qui en même temps abondent en oléaginofité vifqueufe: on doit enfuite chercher une huile avec laquelle elles puiffent être diffoutes, & intimément unies, & qui ait en mêmetemps beaucoup de facilité à fécher; c'eft pourquoi, parmi toutes les huiles, je crois qu'on n'en peut pas trouver de meilleure, ni en même-temps de plus commune, que l'huile de lin; & je rapporterai l'ufage qu'on peut faire

de celle-là feulement pour un ex-
cellent Vernis, que je crois le
plus approcher de celui de la
Chine cependant avant de le
décrire, il me femble qu'il eft à
propos de favoir plufieurs ma-
nières dont on a compofé des
Vernis huileux, & qui m'ont été
communiquées par des amis, ou
qui font rapportées dans diffé-
rens Auteurs.

re

CHAPITRE X.

Diverfes compofitions de Vernis
huileux.

L

E Père Jean Zahn, tom. 3. de fon Oculus Artificialis, page 166, en enseigne une forte en la manière fuivante, qu'il dit être très-rare & très-brillant : prenez gomme élemi, gomme aniarmée mée, encens blanc, & ambre. ir blanc, de chacun deux dragmes;

& les ayant pulvérifés, faites-les digérer dans un * vase de verre avec du vinaigre distillé, y ajoutant deux dragmes de gomme adragant, & quatre de fucre candi; faites enfuite deffécher le * tout & le réduifez en poudre ; incorporez avec cette poudre une livre d'huile d'afpic ou de térébenthine, & ajoutez-y fix onces de térébenthine de Chypre, faites cuire le tout au bain-marie; & lorfque la térébenthine fera diffoute, mettez-y les poudres & les mêlez bien avec la fpatule; faites bouillir pendant trois ou quatre heures, & vous aurez un Vernis très-rare & précieux.

Le même Auteur dans un autre endroit en rapporte un au tre. Prenez huile d'afpic deux.

*Sume olei fpica nardi, vel hujus loco olei terebenthina libram unam, &c. *Una libra di oglio di Spigo overo di cre

mentina.

onces, maftic & fandaracque pulvérifés une once, térébenthine demi-once; mettez bouillir l'huile au bain-marie; quand elle fera bien chaude, mettez-y la térébenthine, & lorfqu'elle fera diffoute, les poudres de maftic & de fandaracque; faites bien incorporer le tout à feu très-lent & au bain-marie, car cela prend feu facilement.

Le Cavalier Fioravanti, dans fon troisième Livre des Secrets, chapitre 95, enfeigne celui-ci qu'il affure être employé par les Turcs pour les arcs & carquois: il dit qu'on prend une partie d'huile de lin & trois parties de poix grecque que l'on fait bouillir à feu lent, jufqu'à ce qu'ils foient bien incorporés enfemble; & qu'avec cette compofition, ils mêlent les couleurs qu'ils veulent, & en enduifent leurs ouvrages. (1) (1) On

porte

à Rome la nuit dans les

Il y a un autre Vernis qui eft en ufage chez les Imprimeurs, & qui fe nomme Vernis d'ambre, qui n'eft autre chofe que la préparation précédente que nous avons dit être mife en usage par les Turcs on s'en fert aufli pour couvrir les lames de fer de lanternes & autres chofes femblables.

Le même Auteur, liv. 5, chap. 67, en enfeigne un autre commun, & pour employer dans les ouvrages groffiers: huile de lin une partie, poix grecque deux parties, (1) réfine de pin, une demie partie, faites bouillir le tout enfemble; la façon de connoître s'il eft bien cuit, eft d'en jetter une goutte fur un couteau ou fur une fpatule; fi on le trouve onctueux, il n'eft pas affez cuit;

de petites lanternes fourdes qui font noires, & dont toute la montûre qui eft de fer, eft couverte de ce Vernis. (1) Poix-réfine.