mais s'il eft vifqueux, il eft cuit autant qu'il faut. Dans le livre de Chriftophle Love-Morley, imprimé à Lyon, fous le titre de Collectanea Chimica Leydemfia, il donne la recette fuivante, fous le nom de Vernis Italien: Prenez huit onces de térédenthine, & cuifez-la fur le feu, jufqu'à ce qu'elle foit réduite à une once, (1) qui fera dure & fragile; lorfqu'elle fera réfroidie, on la réduit en poudre, & on la jette dans l'huile de térébenthine chaude, elle s'y diffout; il faut alors la laiffer repofer, & féparer ce qui eft de plus clair en haut pour s'en fervir. On fait un Vernis dont les Arabes & les Perfes font beaucoup d'ufage; & c'eft ainsi qu'on le prépare, fuivant une relation (1) Cette matière eft la fauffe colophenne, elle refte dans la cornue après la diftillation de l'efprit de térébenthine. que j'ai eue d'un Prêtre Grec. Prenez, dit-il, ambre Oriental appellé fandrus, (il entend par ce mot la fandaracque, ) & le double d'huile de lin que vous ferez bouillir à feu lent: pendant qu'elle bout, jettez-y la fandaracque, en poudre, remuant fans ceffe jufqu'à ce que toute l'écume foit fortie on prend enfuite une once de maftic qu'on fait bouillir dans une demie once d'huile de lin, jufques à ce qu'il ait jetté toute fon écume, puis on unit ces deux compofitions à feu lent, on les filtre, & on les conferve pour les mettte fur les fur les ouvrages, après qu'ils ont été peints de la couleur que l'on veut. Un Prêtre Maronite, appellé Donato Aldoenfe, en a écrit d'Alep une autre recette prefque femblable, la voici: On prend une once d'huile de lin, & une once & demie de maftic de Perfe que l'on fait fondre, après quoi on y met l'huile, puis on les incorpore enfemble à feu lent, jufques à ce qu'il fe forme une écume blanche; lorfque l'on veut s'en fervir, on le mêle avec les couleurs pulvérifées, & le tout étant bien incorporé, doit être en confistence de miel: on s'en fert èn en couvrant les ouvrages, & c'est un Vernis qui devient très-dur. Pour ce qui regarde ces fortes de Vernis où entre la fandaracque, Fioravanti avertit dans le chapitre 68 de fes Secrets, que fouvent on les manque pour ne pas favoir la manière de la cuire; parce que fi l'on met la fandaracque, avant que l'huile foit cuite, elle fe brûle: ainfi il faut premièrement cuire l'huile & la laiffer réfroidir, enfuite y mettre la fandaracque en poudre, & l'incorporer à feu lent. Čet avertiffement de cuire premièrement l'huile, eft bon: ainfi quand on veut faire quelque Ver nis avec cette huile, il faut toujours qu'elle foit cuite, autrement on ne fera jamais rien de bon; & comme il y a plufieurs différentes façons de la cuire, il fera bon d'en favoir quelques-unes de celles qui font le plus en ufage. CHAPITRE XI. Différentes manières de préparer Phuile de lin pour le Vernis. LA A manière la plus commune & la plus universellement pratiquée, eft de faire bouillir l'huile, jufqu'à ce qu'elle (1) brûle une plume que l'on y trempe. Quelques-uns y ajoutent une mic de pain felon la quantité (1) On y trempe la frange d'une plume; & lorfque l'huile eft affez cuite, elle toulit la plume & la fait pétiller: lorfqu'elle eft ainfi préparée, les Peintres la nom nent huile graffe. d'huile qu'ils cuifent, parce que Le Père Zahn de l'Ordre des cure THE UNIVERSITY OF MICHIGAN LIBRARIES |