rien en comparaison de celle que faisoit Sa Majesté, qui prenoit en échange de la riche contrée adjacente à l'Escant et à la Scarpe, et la meilleure partie du bailliage de Mortagne, les bruyères de Wiers et les bois d'Hovardries.

L'on assure que l'intendant de Calonne (f) qui passoit alors, non

(f) Monsieur de Calonne, intendant de Flandre, depuis ministre et contrôleur général des finances, étoit né à Douay en Flandre.

Son père, premier président au par. lement de cette province, étoit né et originaire de Tournay; il étoit le magistrat le plus intègre et le plus estimable

Son fils a déployé dans l'intendance de Flandre et le ministère des finances, des talens qui l'eussent égalé à Colbert,

sans raison, pour le premier génie de l'Europe, en administration, par

s'il avoit eu pour prince un Louis XIV, ou un Napoléon, au lieu du vacillant et indéterminé Louis XVI.

La postérité plus sage saura mieuș apprécier ce grand homme, cet homme unique qui fut culbuté par la cabale philosophique, qui à tout prix vouloit renverser le trône et l'autel, en faisant banqueroute, et en se gorgeant de leurs propriétés; ce qu'on n'eut pu effectuer si le perspicace Calonne fut resté au ministère.

Calonne concevoit, écrivoit et parloit avec une aisance, une clarté, une précision, une dignité et une profonde prévoyance qui firent le désespoir de ses antagonistes, et l'admiration des personnes sages, éclairées et impartiales,

Les Souverains de l'Europe qui entretenoient Monsieur de Calonne ne pou voient se lasser de l'entendre.

vint à cet heureux échange pour son maître, par le développement de ses rares talens, et l'on ajoute que d'autres moyens connus à tous, et dont le cabinet de Versailles a toujours usé fort à propos, y furent employés avec profusion.

L'on voit d'un compte rendu par Prevost, pour l'année finie le premier octobre 1714, à monsieur Méliand, intendant de Flandre, que les droits de consommation sur les biè

De Calonne étoit Flamand, originaire de Tournay,

Le pays, dit à la bière, a certes fourni des hommes aussi spirituels que celui aux vignobles et aux olives, aux châtaignes, au cidre et au poiré.

Les Flamands en général n'ont ce pendant pas la forfanterie pour lot.

res, eau-de-vie, tabacs, menus impôts, ventes d'héritages, ont pro→ duit pour le bailliage de Mortagne la somme de 3,552 florins 10 patards ▲ denier.

Monsieur Hoverlant du Carnoisqui avoit toujours particulièrement protégé les habitans du bailliage de Mortagne, et qui vivoit dans la meilleure intelligence avec les officiers de justice et d'administration de cette riche et intéressante contrée, s'opposa tant qu'il le put aux échanges ruineux pour la maison d'Autriche, et stipulés aux traités des limites de 1769 et 1779.

Feu son excellence le chef président, le comte de Nény, qui fut négociateur de ces traités, avoit

pour

monsieur Hoverlant la plus haute

estime et la considération la plus distinguée; on le voit d'une lettre qu'il lui écrivit à ce sujet, et qui est ainsi conçue :

» MONSIEUR,

» Le prochain départ des ambas» sadeurs de notre cour et de celle » de France a donné lieu à monsieur le marquis de Botta de me presser » de nouveau pour un plan d'échange;

J'attends donc dans 10 ou 12 jours les informations que nous avons demandées dans le Luxem

bourg et dans le Hainaut, sur la >> valeur et la consistance des lieux contestés, ainsi que sur la conve»nance qu'il y auroit d'échanger » l'un ou l'autre ;

» Et après cela, il ne nous manquera plus que les notions que