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Ce n'est donc point le Saint Père qui déclare la guerre à l'Empereur, par le rappel supposé de son Légat, c'est l'Empereur qui veut la déclarer à Sa Sainteté; et, non content de la déclarer à son autorité temporelle, il menace d'élever dans son autorité spirituelle, un mur de division entre les Catholiques de la France et le Souverain Pontife, en assurant dans la note de M. de Champagny, qu'en ôtant les pouvoirs à M. le Cardinal Légat, l'Église Gallicane rentre dans toute l'intégrité de sa doctrine.

Sa Sainteté a une trop bonne opinion de l'illustre Clergé de France, pour pouvoir douter que l'Eglise Gallicane, aussi attachée à la Chaire de Saint Pierre, que jalouse de ses prérogatives, ne sache pas se maintenir dans les vrais principes, sans s'attribuer des droits qu'elle n'a pas, et qu'elle ne peut avoir, et sans vouloir devenir schismasique, en séparant du centre de l'unité catholique.

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Ce n'est donc pas, on le répète, ce n'est pas le Saint Père qui veut la rupture. Prince pacifique et sans armes, quoiqu'il se soit vu dépouillé, contre toute équité, des Etats de Bénévent et de Ponte-Corvo; malgré les énormes dépenses qu'il a faites pour maintenir les armées Françaises; malgré l'usurpation de ses Provinces, durant les négociations d'un traité; malgré la violente déportation de tant d'individus respectables

qui composaient son Sénat sacré et malgré tant d'autres attentats, par lesquels on a vilipendé sa dignité; Sa Sainteté n'a fait que recommander à ses peuples le respect pour l'armée Française, lorsqu'elle est entrée dans Rome; elle n'a fait, depuis son entrée, que lui fournir hospitalement tout ce qu'elle a pu, en réclamant cependant auprès de Sa Majesté, pour être délivrée du surcroît de ses charges, de tant d'injures et d'outrages; elle n'a fait, dans ces tristes momens, que pleurer entre le vestibule et l'autel, priant le Seigneur d'avoir pitié de son peuple, de diriger la grande puissance de l'Empereur Napoléon; de ne pas permettre que l'héritage du Siége Romain, donné par la Providence au Chef de la Religion Catholique, pour son libre exercice, fût perdu et avili.

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Voilà comment Sa Sainteté déclare la guerre; voilà comment elle s'est corduite jusqu'ici envers sa Majesté. Quoique le résultat ne soit qu'affligeant et malheureux, Sa Sainteté ne veut pas cependant encore abandonner entièrement l'espoir que Sa Majesté rejettera les suggestions des ennemis du Saint Siège, qui ont mis en œuvre tous les artifices, pour faire changer son cœur; et qu'elle voudra revenir à la première correspondance amicale, et se contenter des concessions exprimées dans la note du 28 Janvier.

Si, par les desseins occultes de Dieu, il

doit en arriver autrement, et que Sa Majesté sans consulter sa gloire, sans écouter la justice, voulût consommer ses menaces, et s emparer des Etats de l'Eglise, à titre de conquéte, et renverser le Gouvernement, comme un résultat de cette conquête, Sa Sainteté ne pourra point remédier à ces funestes évènemens; mais elle déclare solennellement que d'abord ce ne sera point une conquête, puisque Sa Sainteté est en paix avec tout le monde; mais l'usurpation la plus violente qu'on ait jamais vue; et en second lieu, que le changemeut de Gouvernement ne sera point le résultat d'une conquête, mais la suite de cette même usurpation; elle déclare en même temps que ce ne sera point l'ouvrage du génie, de la politique et des lumières, qui sera détruit; mais l'onvrage de Dieu même, d'où dérive toute souveraineté, et principalement celle donnée au Chef de l'Eglise, pour le plus grand bien dẹ la Religion.

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Dans ce cas, Sa Sainteté adorant profondément les décrets du Ciel, se consolera par pensée que Dieu est le père et maître absolu de tout, et que tout cède à sa divine volonté, quand la plénitude des temps qu'il a établie,

est arrivée.

Voilà. Monsieur, la réponse précise que le Saint Père a ordonné au soussigné de donner

à la note de Monsieur de Champagny, et de communiquer à vous-même. En exécutant l'ordre qu'il a reçu, il vous renouvelle les sentimens de sa considération distinguée.

Le Cardinal JULES GABRielli.

A MESSIEURS LES CARDINA U X..

Du Palais Quirinal, le 20 Avril 1808.

M. le Chargé des affaires de France demanda ces jours passés au Saint Père une audience, où il lui fit connaître que Sa Majessé l'Empereur voulait absolument qu'il entrât dans une ligue offensive et défensive avec les Princes d'Italie, ainsi que le Ministre des relations extérieures l'avait déjà manifesté à M. le Cardinal Caprara, par sa note du 3 du courant; et où il déclara que si Sa Sainteté refusait d'adhérer à cette ligue, sans délai et sans modification, il avait ordre de partir de Rome.

Aprèse un telle ouverture, la note originale de ce Ministre étant arrivée de Paris, avec les dépêches dudit Ministre, et Sa Sainteté l'ayant mûrement examinée, s'est convaincue

que la dernière proposition ne différant que par le nom, induisait le Saint Père dans le même système permanent d'hostilité, que la fédération qu'il a tant de fois refusée d'après l'avis du sacré Collège.

En conséquence il a ordonné au Cardinal Gabrielli, Pro-Secrétaire d'Etat, de répondre à la note de M. de Champagny, et de la communiquer à M. le Chargé d'affaires de France. Voulant cependant que le sacré Collège connaisse non-seulement la note de M. de Champagny, mais aussi la réponse qui y a été faite, il a chargé le soussigné de vous faire passer copie de l'une et de l'autre.

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Le Chef de l'Etat-major Français s'est porté ce matin, par ordre de Votre Excellence, chez le Cardinal Pro-Secrétaire d'Etat, pour le prévenir que l'arrestation et la déportation qui va se faire de Monseigneur le Gouverneur de Rome à Fenestrelles, n'a d'autre motif que de s'être refusé à administrer la justice, suivant les lois et les règles de l'Etat.

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