gift le fondement de l'affaire, pour la confervation de tous nos fujets, eftat & royaume, ett d'entendre qui font ceux de noftre royaume qui tiennent la main à ladicte confpiration & conjuration. Car ce n'eft vraisemblable que iceluy de Bourbon ait entrepris une telle folie, qu'il n'euft des gens efquels fe fiaft pour conduire l'execution d'icelle; lettre fignée : CHARLES & portant pour tirer en Flandres fe joindre la fufcription fuivante: « A mef- avec le Roy d'Angleterre. Sire, j'ai feigneurs mes bons freres & grands renvoyé ledict gentilhomme devers amis meffeigneurs les avoyers & mondict frere pour favoir s'il feroit ambassadeurs de tous les cantons content que, en passant, je pusse affemblés en la ville de Berne» parler à luy; fi ainfi le veut, je Mf. 5109 fo IIIIIX, eft datée de ferai pouvoir & devoir de lui reBesançon, 9 octobre; voici mainte- montrer ce que me semblera estre nant l'autre lettre de la ducheffe pour votre fervice & pour fon de Lorraine Renée de Bourbon, fœur du Connétable : « Sire, le gentilhomme des miens que j'avois envoyé devers monfieur de Bourbon, mon frere, eft retourné & m'a rapporté qu'il a trouvé mondict frere à Lure, qu'eft à une journee de Besançon, accompagné de beaucoup de gentilshommes du quartier de par delà, & a fu de lui qu'il n'avoit couché que une nuit audict Befançon. Après que ledict gentilhomme lui a eu declaré la charge que je lui avois donnee lui dire, mondict frere lui a refpondu qu'il eftoit deliberé de fuivre fon entreprise & de ne retourner jamais en France; & a mandé à monseigneur, mon mari, qu'il eftoit delibéré de deloger lundi prochain & de paffer parmi fes pays, avec dix huit cents che vaux & dix mille hommes de pied, bien, & de favoir le plus que je pourrois de fon vouloir & intention; & de ce que j'en pourrois entendre, Sire, je vous en advertirai en toute diligence. Sire, pour ce que defirez favoir fi mondict frere eftoit marié, ledict gentilhomme s'en eft enquis & m'a auffi rapporté qu'il a entendu qu'il a fiancé la fœur de l'Empereur, par paroles de prefent, lequel lui doit donner par traicté de mariage trente mille livres de rentes & la fomme de trois cens mille ducats. Sire, c'est tout ce que mon homme m'a rapporté... de Luneville le XIIIe jour d'octobre. » Signé : RENEE DE BOURBON [Mf. 5109, fo vi]. En présence de ces deux lettres il était impoffible de conferver aucune espèce de doute fur les intentions du Connétable. attendu memement que nous avons fu par explorateurs que, fous efperance d'icelle conjuration, les Anglois avoient paffé la mer & fejourné longtemps autour de Calais pour recouvrer Boulogne & Therouenne (1), moyennant les intelligences que pretendoient avoir à cause dudict de Bourbon. Et par ainfi, afin que nous fachions à qui nous devons fier & defier, eft neceffaire favoir ceux qui tiennent le . parti dudict de Bourbon; & par ainfi nous ne voyons cause, ni fondement qui nous doive mouvoir à pardonner à iceluy de Sainct-Vallier, ni que fa confeffion doive eftre tenue fecrete; laquelle vous ordonnons eftre communiquee à Salat & Papillon & adviser ensemble par bonne & mure deliberation, de mettre prompte fin à ceft affaire, qui eft de l'importance & confequence que chacun connoift, auquel ne faut proceder froidement, ains virilement & vertueufement, & n'epargner ceux qui ont efté fi mechants, laches, deloyaux, parjures, (1) Le Journal d'un bourgeois de Paris, p. 169, nous fournit fur ce point de curieux renfeignements: <«< Audict an [dans le courant du mois d'août] defcendit à Calais grand nombre d'Angloys, eftimés à bien trente mil hommes, que le Roy d'Angleterre envoya pour faire la guerre en France; mais on ne fçait où ils devoient tirer, ni aller. Et combien que le Roy d'Angleterre eût promis & juré alliance & confédération avec le Roy de France, néantmoins il n'a tenu fa foy envers luy. Or donc le Roy envoya en Picardie fon lieutenant général, monfieur de la Trémouille, pour réfifter contre lefdits Angloys. » Il ne faut pas oublier que d'Escars fervoit fous les ordres de la Trémouille & entretenait des intelligences avec le Connétable. Dans le courant du mois d'octobre de cette année 1523, les Anglois, après avoir fait une démonstration devant Dourlans, s'avancèrent jufqu'à Roye & Montdidier, & puis enfin, repouffés par les généraux de François Ier, ils fe replièrent fur Calais, où ils reprirent fubitement la mer fur la fin de novembre. & traitres d'avoir fu la menee qui fe fefoit & que de prefent nos ennemis s'evertuent executer, pour ruiner entierement nous, nos enfants, fujets & royaume, fans icelle nous reveler. Et fi ne fuft qu'aucuns de nos bons & loyaux fujets, qui estoient pratiqués pour entrer en icelle conjuration, nous l'euffent revelee, nous euffions paffé les monts & laiffé iceluy de Bourbon avec Madame noftre Mere, pour la deffenfe de noftre royaume, qui euft executé fon mauvais vouloir & mis en ruine & perdition totale noftre royaume. Nous ne trouvons bon, attendu le temps & affaire tels qu'ils font, ce que nous mandez, de renvoyer le tout en noftre Parlement, & ne faut plus ufer de ces paroles envers nous, que par ce moyen chacun connoiftra la faute d'iceluy de Bourbon, car elle eft trop evidente & connue, & fi aucun la veut ignorer, faut conjecturer qu'il eft hors du fens, ou a intelligence avec luy. Nous vous avons choifis & eflus à faire ledict proces pour le favoir, prud'homie & finguliere foi qu'avons à vous; faites en façon que nous connoiffions par effet qu'eftes tels que jufques ici vous avons eftimés, & ne nous donnez à connoiftre que par pufillanimité vous voulez decharger dudict affaire. Il faut neceffairement & promptement faire deux chofes l'une favoir, & par torture, fi besoin eft, qui font les conjurateurs & confpirateurs afin qu'à heure y pourvoyons, & ne foyons furpris. Nos ennemis font de tous coftés en noftre royaume, & ledict de Bourbon fait de gros amas de gens du cofté de cefte ville (1). S'ils avoient quelques intel (1) Voy. plus haut page 98 la lettre de la ducheffe de Lorraine ligences, & n'eftions advertis à heure, vous entendez affez comment nous en prendroit, & fi aurions cause nous plaindre de vostre longueur. Sainct-Vallier & d'Efcars (1) favent tout; vous voyez les conjectures qui font contre eux & la matiere dont eft question & l'eminent peril qui eft à nos portes, par quoi pourvoyez y, en forte que mal, dont Dieu nous veuille garder, ne nous en arrive. L'autre point, apres ledict preparatif, eft de donner fentence definitive contre les coupables & icelle promptement faire executer, afin que ceux qui pourroient eftre d'icelle conjuration, par l'exemple, fe retirent de leur mauvais vouloir. Et auffi pourra advenir qu'à l'execution finale declareront les conjurateurs, fi auparavant ne l'ont voulu faire. Nous vous avons bien voulu efcrire les chofes fufdictes, afin que connoiffiez de combien ceft affaire touche nous & noftre royaume, & fi la prompte & diligente execution y eft neceffaire, & quel dommage irreparable à François Ier. Elle nous fournit en effet de curieux renfeignements fur le nombre de gens armés que le Connétable avait réuffi à réunir autour de lui; voy. également ibid. la lettre du Connétable aux Suiffes. Charles de Bourbon se rendit du refte prefque immédiatement en Italie à travers l'Allemagne; il s'arrêta d'abord quelques jours à Trente, & trouva à Plaifance Charles de Lannoy, viceroi de Naples, qui l'accueillit avec les plus grands égards au nom de l'Empereur [voy. Dubellay, memoires, liv. II]. Vallier, François Ier ne fe trompait guère, comme on en peut juger par les dépofitions contenues dans ce volume; Saint-Vallier en favait bien long & il finit par dire à peu près tout ce qu'il favait; quant à d'Escars, ou il était moins inftruit, ou il opposa plus de réticences. Après avoir tenté d'abord de s'échapper de la Conciergerie & avoir tué un archer de la garde dans cette tentative d'évafion qui échoua, il fut appliqué à la question le 2 juillet 1524; on ne put lui arracher aucun aveu, & il finit par obtenir fon élargisse(1) En ce qui concernait Sainct- ment en faifant fes foumiffions. nous pourroit porter la longueur & froideur. Et par ainfi, donnez nous à connoiftre le zele qu'avez au bien de la chofe publique, & quand ne voudriez proceder promptement à ce que vous mandons, faites le nous entendre, & en vos lieux y pourvoierons d'autres, & au furplus adviferons qu'aurons à faire; & à Dieu, qui vous tienne en fa faincte garde. Donné à Lyon, le premier jour de novembre. Et au deffous eft efcrit: FRANÇOIS. Et font leidictes lettres foufcrites: A nos amés & feaux confeillers, Mes Jean de Selva, premier Prefident, Salat, Me des requeftes de noftre Hotel, de Loynes, Prefident aux enqueftes, & Papillon, Confeiller en noftre Cour de Parlement, à Paris. [Mr. 5109, fo c".] LETTRE DU CHANCELIER DUPRAT A MESSIEURS JEAN DE SELVE, SALAT, DE LOYNES ET PAPILLON POUR LEUR ANNONCER QUE LE ROI VEUT QUE LE PROCÈS SUIVE SON COURS. ESSIEURS, j'ay prefenté au Roy vos lettres & le paquet clos que vous luy avez envoyé; & apres avoir le tout vu, a ordonné qu'on vous escrivist amplement fon intention, qui eft telle que verrez par lefdictes lettres qu'il vous efcrit. Il n'a fait aucun cas de la confeffion de Sainct-Vallier, & entend qu'on tire outre fans rien epargner. Je voudrois |