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» de conduite à suivre pour amener cette affaire à une >> issue prompte et satisfaisante. >>

En conséquence, en admettant que les puissances consentent en principe à accéder aux conventions de S. M. T. C. l'Empereur propose « 1°. Que les ministres accrédités à >> Paris discutent et arrêtent le plan d'après lequel cette >> négociation serait entamée avec les plénipotentiaires » français,» et pour l'accélérer, l'Empereur propose une présidence qui réunit à juste titre le suffrage et la confiance de toutes les puissances de l'Europe (1).

(Ici l'Empereur donne connaissance de sa lettre à lord Wellington.)

2°. Que la somme des réclamations ayant été clairement fixée, et attendu qu'elle sera jugée exhorbitante, l'Empereur propose de la réduire, en écartant tout ce qui ne sera pas créances particulières, de répartir cette réduction « sur les » différentes puissances, de fixer ensuite la somme dont la » France serait comptable envers les créanciers pris excla» sivement, de déterminer le mode de paiement, etc. »

« 3°. Par-là, les puissances auraient donné à l'Europe » un nouveau témoignage de la moralité sévère qui carac» térise leur politique, le génie du mal aurait peut-être » un moyen de moins pour nuire à la cause générale, » toute catastrophe possible dans l'avenir ne pourrait être » attribuée à aucune déviation quelconque de la part des » alliés. A l'égard du système dont jouit l'Europe, la » France tranquille et heureuse en serait reconnaissante, » ou bien dans l'hypothèse contraire, elle en porterait la >> peine la plus juste et la plus formidable. »

SUR LE COMTE DE MALSBOURG.

(Extrait des feuilles allemandes.)

Cassel, le 24 janvier.

Le comte de Malsbourg, qui vient d'être l'objet d'une disgrâce si éclatante à notre cour, jouit d'une réputation parfaite dans l'Electorat. Le ci-devant roi de Westphalie l'honorait d'une confiance particulière, dont il usait toujours

(1) Voyez cette lettre, Bibliothèque Historique, p. 165.

pour le bien de ses concitoyens. Il fut cependant arrêté en 1815, et conduit à la forteresse de Spangenbourg; après avoir subi une assez longue détention, il obtint permission d'en sortir pour aller habiter une de ses terres; plus tard, à la demande du général Goor, il fut autorisé à revenir dans la capitale, aux environs de laquelle il a depuis vécu dans la retraite la plus absolue.

Quelques uns de ses parens et de ses amis voulurent dernièrement célébrer par une fête, son installation dans une maison qu'on lui préparait depuis quelque tems, et qui venait enfin d'être achevée. C'était ce qu'on appelle pendre la crémaillère. Le Comte ne crut pas devoir s'opposer à ce vœu de ses amis; mais il se détermina en même tems à en prévenir la police.

La fête eut donc lieu. Les principales familles de la noblesse, plusieurs fonctionnaires publics et un grand nombre d'officiers y assistèrent. On eût même le soin d'y inviter quelques personnes connues pour avoir des relations avec la police, afin qu'elle pût être convenablement informée de ce qui s'y passerait.

Malgré toutes ces précautions, le comte de Malsbourg reçut, le 20 janvier, ordre de quitter la capitale dans les vingt-quatre heures, et de se rendre comme prisonnier à la forteresse de Spangenbourg, « pour avoir donné une fête pendant que l'Electeur souffrait d'une attaque de goutte ». L'Electeur s'était fait remettre une liste de toutes les personnes qui avaient assisté à cette fête, et il avait même déjà donné ordre de les faire conduire dans différentes prisons d'état; mais le prince héréditaire, à force de remontrances et de prières, parvint à faire révoquer cet ordre, et à ne faire condamner ces personnes qu'à une simple réprimande. Des protections puissantes, et, par dessus tout, les démarches du conseiller privé de Malsbourg, vénérable doyen de l'ordre Equestre, réussit enfin à faire changer la première peine prononcée contre M. de Malsbourg en un décret d'exil à sa terre de Glémerode, située près de Spangenbourg.

En conséquence, le 21 janvier, à six heures du soir, ce seigneur fut transféré au lieu de sa destination, sous la conduite d'un commissaire de police accompagné de deux dragons. Sa femme n'a pu obtenir de l'y suivre; toute correspondance lui est interdite.

Lettre adressée par

M. le duc D'ORLÉANS à l'évéque

de Landaff, à l'occasion de l'oraison funèbre du duc D'ENGHIEN, prononcée à Londres.

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Twikenham, ce 28 juillet 1804.

Mon cher Lord, je vous remercie beaucoup de votre obligeante lettre : j'ai vivement regreté de ne point vous voir,. lors de votre séjour à Londres.Du moment que j'ai su que vous y étiez, je suis allé dans George Street de très-bonne heure, afin d'être plus sûr de vous trouver; mais j'ai appris là, que vous aviez changé de demeure, et je n'ai pu me procurer d'autre adresse sinon que vous demeuriez dans les environs d'Albermarle-Street, et quant au numéro de votre maison, on n'a pu m'en désigner aucun. Cependant, si j'avais été fixé à Londres, bien sûrement j'aurais fait ensorte de vous trouver, mais je n'y fus que trèsrarement l'hiver dernier, et je n'y avais même ni maison ni appartement; je suis resté ici dans la retraite, que j'aime de plus en plus tous les jours de ma vie.

J'étais certain, Milord, que votre ame élevée éprouverait une juste indignation à l'occasion du meurtre atroce de mon infortuné cousin. Sa mère était ma tante, lui-même, après mon frère, était mon plus proche parent. Nous fûmes camarades ensemble, pendant nos premières années, et vous devez penser d'après cela, que cet événement a dû être moi un coup pour bien rude. Son sort est un avertissement pour nous tous. Il nous indique que l'usurpateur Corse ne sera jamais tranquille, tant qu'il n'aura pas effacé notre fa

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Ce prélat,

(1) Extrait des mémoires du feu évêque de Landaff. dans une note qui précède, prie l'illustre auteur de cette lettre d'en regarder la publication comme un témoignage posthume de son estime et de son respect.

mille entière de la liste des vivans. Cela me fait ressentir plus vivement que je ne le faisais, quoique cela ne soit guère possible, le bienfait de la généreuse protection qui nous est accordée par votre nation magnanime. J'ai quitté ma patrie de si bonne heure, que j'ai à peine les habitudes d'un Français, et je puis dire avec vérité, que je suis attaché à l'Angleterre, non-seulement par la reconnaissance, mais aussi par goût et par inclination. C'est bien dans la sincérité de mon cœur que je dis puissai-je ne jamais quitter cette terre hospitalière !

:

Mais ce n'est pas seulement en raison de mes sentimens particuliers, que je prends un vif intérêt au bien-être, à la prospérité et au succès de l'Angleterre; c'est aussi en ma qualité d'homme. La sûreté de l'Europe, celle du monde même , le bonheur et l'indépendance future du genre humain, dépendent de la conservation et de l'indépendance de l'Angleterre, et c'est là la noble cause de la haine de Bonaparte pour vous, et celle de tous les siens. Puisse la providence déjouer ses projets iniques et maintenir ce pays dans sa situation heureuse et prospère. C'est le vœu de mon cœur, c'est ma prière la plus fervente.

Vous devez être également instruit, Milord, de mes opinions touchant la dissidence parmi les chrétiens, en d'autres termes, parmi les hommes qui professent la même religion. Je pense que chacun doit rester fidèle aux principes dans lesquels il a été élevé, et je pense également que ce n'est point dans les temps comme ceux où nous vivons, que pareilles dissidences doivent être une cause de désunion. Il ne s'agit pas d'être chrétien de telle ou telle manière, mais d'être chrétien, ou de ne pas l'être.

D'après mon humble avis, c'est de cela seul qu'il s'agit à une époque où les parties vitales de la religion et de la morale sont attaquées d'une manière si redoutable, et où la triste expérience de ces dernières années montre avec

quelle rapidité l'irréligion et l'immoralité répandent leur influence funeste sur les hommes

Je jugeais bien, Milord, d'après la connaissance que j'avais de votre belle âme, que votre opinion sur tous ces points, serait telle que je l'ai trouvée. Mais permettez-moi d'ajouter que je vous félicite d'avoir des sentimens si digues à-la-fois d'un prélat anglais et d'un véritable chrétien.

Veuillez bien me rappeller au souvenir de Madame et de Mesdemoiselles Watson, et croire aux sentimens d'estime et de considération avee lesquels je suis.

L. P. P. ORLEANS.

P. S. Mes frères me chargent expressément de vous faire leurs complimens ainsi qu'à toute votre famille. Hs vous ont cherché comme moi à Londres, et chacun de nous, moi-même en particulier, nous conservons le souvenir le plus agréable du court séjour que nous avons fait à Calgartt.

La chute de la monarchie française, les emprisonnemens, les confiscations, les proscriptions, les meurtres, les boucheries qui ont accompagné cette chûte, et la honteuse tyrannie qui y a succédé, sont des événements dignes de la considération des princes et de leurs sujets. Ils apprennent aux princes à user avec modération du pouvoir arbitraire, et même à bien réfléchir si le despotime est en rien convenable aux peuples éclairés qui habitent aujourd'hui l'Europe. Ils leur apprennent à se garder d'aceabler leurs sujets d'impôts, pour soutenir des guerres inutiles, ou le luxe et. les prodigalités de leurs cours. Ces événemens enfin apprennent à leurs sujets, je ne dis point à se soumettre à une oppression extrême de la part de leurs princes, mais à supporter avec patience des maux légers, de crainte qu'en voulant s'en affranchir, ils ne soient accablés par de plus grands. Des réformes faites à propos peuvent être sans danger; mais la résistance aux réformes se termine le plus souvent par des révolutions.

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