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lui fit renouveler le serment d'abjurer toutes les haines, d'étouffer tous les ressentimens, de ne former plus qu'une famille de frères, d'enfans soumis au même Dieu, de sujets fidèles et dévoués au meilleur des rois. Ah! nous n'en doutons pas, parce que nous l'avons délicieusement proféré nous-mêmes ce serment toutes les bouches le prononcèrent, tous les cœurs l'ont ratifié (1).

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Il nous resterait encore à parler du dernier jour où nous avons eu le bonheur d'entendre ces Anges de paix et de charité, de recevoir leurs adieux, et de leur exprimer une reconnaissance qui ne finira pas même avec notre vie, car nous en transmettrons le sentiment à nos enfans. Il nous resterait à parler de ce moment de leur départ, où nos yeux, nos voix, nos mains leur exprimaient si vivement tout ce qui se passait dans nos ames; où chacun de nous se pressait pour les voir, pour les toucher, pour les embrasser une dernière fois, pour recevoir une dernière parole de consolation de leur part.

La garde nationale à pied et à cheval les a escortés jusques dans Tarascon, où nos braves leur ont porté nos derniers hommages.

Hélas! notre patrie a voulu du moins perpétuer leur souvenir par un monument en marbre qui sera placé dans la principale église, témoin de leur triomphe, en face de la chaire de vérité: là, nos enfans et nos petits-enfans liront les noms de MM. RAUZAN, supérieur; FAYET, RODET, du MesNILDOT, FERAIL, MENJAUD, POLJE et LEVENBRUCK, de la Congrégation des Missions de France, et de MM. MYE et DEBLIEUX, de celle d'Aix, leurs collaborateurs: là, nos arrière-petits neveux viendront apprendre à bénir la mé

(1) La nécessité de réduire notre relation aux circonstances les plus saillantes de la Mission, nous force à rappeler seulement dans cette note le service funèbre qui fut célébre le 19 décembre, pour le repos des âmes de nos aïcux et de nos devanciers dans l'éternité.

moire des Apôtres de Jésus-Christ, consolateurs de leurs ancêtres (1).

Des Congrégations d'hommes et de femmes, fondées par ces pieux Missionnaires, éterniseront leurs bienfaits, et transmettront d'âge en âge les vœux que nous formons tous, pour que l'Éternel couronne des vertus qu'aucune puissance hu- ̈ maine ne saurait récompenser.

Ah! si jamais des hommes ont été utiles à l'humanité, à leur Prince, à leur patrie, ce sont ceux qui, doués de talens aussi rares, aussi modestes, les consacrent à faire revivre l'antique piété dans les cœurs, à rétablir l'union et la paix dans les villes, à inspirer à tous l'amour et le dévouement pour leur Roi. Puisse ce pieux Monarque, ce tendre père, être partout et toujours servi par d'aussi généreux, d'aussi puissans défenseurs!

Puisse la France entière sentir tout le prix de leurs travaux, de leurs vertus, de leur zèle! Et nous-mêmes, puissions-nous leur prouver la sincérité de nos sentimens par

(1) Voici l'inscription qui a été placée vis-à-vis de la chaire, dan s l'église de St.-Trophime:

A L'ÉTERNEL SOUVENIR

De la Mission faite dans cette ville par les Prêtres de la Congrégation des Missions de France.

DU HAUT DE CETTE CHAIRE, CES OUVRIERS ÉVANGÉLIQUES

ONT RAFFERMI SUR SES FONDEMENS

LA SOCIÉTÉ CHRÉTIENNE,

SI SOUVENT ÉBRANLÉE PAR LES ATTAQUES DE L'IMPIÉTÉ.
HABITANS D'ARLES !

APPRENEZ A VOS ENFANS A TRANSMETTRE A LEURS ENFANS
LES NOMS DE MM......

( suivent les noms tels que nous les avons donnés. )
AUJOURD'HUI GRAVÉS DANS TOUS LES CŒURS.
16 décembre 1817.

SOLI DEO HONOR ET GLORIA.

notre persévérance dans la voie sainte à laquelle ils nous ont ramenés, plus encore par leurs exemples que par leurs dis

cours.

Sit oblitus fuero tui Jerusalem, oblivioni detur dextera mea.
Adhereat lingua mea faucibus meis, si non meminero tui.

Vu et permis d'imprimer.

A Arles, en mairie, le 29 décembre 1817.

Ps. 136.

Le maire de la ville d'Arles, PERRIN DE JONQUIÈRE.

Ordre du 11 Mai 1817.

Dans les instructions que son S. E. Monseigneur le Grand Aumonier de France a données à l'aumonier du régiment, il lui est expressement recommandé, au nom du Roi, de chercher à réveiller les sentimens religieux chez les soldats où ils ne sont pas tout-à-fait éteints, et à les faire naître chez ceux qui en sont dépourvus.

Obligé, par mon serment, de concourir de tout mon pouvoir à l'exécution des ordres de Sa Majesté, je dois employer tous mes moyens pour seconder l'aumonier dans ses fonctions, et parvenir au résultat que le Roi attend d'un emploi que, dans sa sagesse, il a jugé convenable d'établir; mais si je réduis les fonctions de l'aumonier à la simple célébration de la messe, les jours de dimanche et de fête, je n'aurai pris qu'un seul moyen, et ce moyen me parait même très-éloigné. Il faut avant tout rappeler l'idée de Dieu, la présenter souvent anx esprits: la croyance en Dieu est le fondement de toute religion, la base de toute morale.

J'ai donc résolud'introduire au régiment une pratique sage qui remonte au tems des premiers hommes, qui s'observe dans toutes les familles où la religion n'est pas un vain mot,

une pratique qui est celle de tous les peuples idolâtres comme chrétiens.

Cette pratique est celle d'une invocation commune, matin et soir cette invocation sera exacte, ne prendra pas cinq minutes dans la journée, et sera terminée par une prière pour le Roi.

Que cette pratique soit taxée de nouveauté, qu'elle excite la risée et les plaisanteries des hommes irréligieux, que nous importe? gens comme nous ne se laissent pas arrêter par des préjuges.

Que les apôtres de la philosophie prétendent que cette pratique nous reportera au siècle d'ignorance, nous rirons de leurs prétentions, et nous leur demanderons s'ils ont beaucoup favorisé ce qu'ils appellent le progrès des lumières, lorsqu'en 1794 ils promenaient en triomphe les filles publiques, qu'ils plaçaient sur les autels de la religion, qu'ils les adoraient sous le nom de déesses de la liberté.

Je vous signale comme ennemis du roi, tous ceux qui oseront traiter de puérilité, la pratique que je veux introduire parmi ' vous; croyez qu'elle ne sera blâmée que par ceux qui voudraient étouffer dans vos cœurs tous principes religieux, et éteindre dans vos esprits toute idée de Dieu; oui, ces misérables sont eunemis du Roi, ils savent bien que la religion peut seule raffermir le trône; que le soldat athée et immoral n'agit plus que pour son intérêt particulier, et qu'il devient certainement factieux et rebelle quand son intérêt ne le retient plus.

En est-il un parmi vous qui osera dire que c'est une puérilité de reconnaître tous les jours, par une prière de quelques instans, l'existence de Dieu et son domaine absolu sur tout ce qui existe? Comment sera-t-il distingué de la bête qui profite des bienfaits du créateur, sans aucun sentiment de gratitude? Reportez-vous un moment au milieu de vos familles, voyez ce qui s'y passe. Oserez - vous blámer les

coutumes de vos pères ? êtes-vous plus savans qu'eux depuis que vous avez pris la carrière des armes?

Obligé, par son propre serment, de consacrer sa vie au Roi, et de répandre son sang pour son service, est-il un soldat qui rougira de prier Dieu pour la conservation de son Prince et de son auguste famille. Je m'arrête! Je paraîtrais douter de vos sentimens si j'insistais davantage : la pratique à laquelle je vous rappelle vous sera agréable, parce qu'elle fût celle de vos premières années! et qu'elle n'a été détruite chez vous que par l'empire du mauvais exemple, qui ne doit pas entraîner des hommes forts et courageux. Direzvous que je me suis trompé et que j'ai mal jugé de vos sentimens ? Résisteriez-vous à la voix de vos pères, si, rentrés aujourd'hui dans vos familles, ils vous appelaient avec leurs autres enfans pour la prière commune?

Non, sans doute, vous n'affligeriez pas leur vieillesse jusqu'à ce point; eh bien! familiarisez-vous donc avec la présence d'un aumonier que le Roi vous envoie pour représenter vos pères.

En conséquence, tous les matins et à six heures, jusqu'à nouvel ordre, les sous-officiers et cannoniers sortiront de leurs chambres, se formeront en bataille par les soins de l'adjudantmajor et du sous-adjudant-major de semaine, puis on formera le cercle au milieu duquel l'aumonier se placera pour faire à haute voix la prière qui sera écoutée debout, tête découverte, et les armes reposées. Si, par quelque circonstance particulière, la troupe était descendue armée; la prière terminée, on rompra le cercle pour commencer la mamanoeuvre du canon.

Le soir, la retraite étant battue, les tambours feront, avant de se séparer, un roulement suivi de trois coups de baguettes; à ce signal, les sous-officiers et cannoniers sortiront comme le matin, l'adjudant-major fera former le cercle, et l'aumonier fera la prière.

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