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(La Chambre a décidé qu'il y avoit lieu de s'occuper
de cette Proposition.)

ESSIEURS, je vais avoir l'honneur de vous soumettre un projet d'adresse au Roi. Il s'agit de réclamer les droits de l'humanité, et d'effacer, j'ose le dire, la honte de l'Europe. Le parlement d'Angleterre, en abolissant la traite des noirs, semble avoir indiqué à notre émulation l'objet d'un plus beau triomphe faisons cesser l'esclavage des blancs. Cet esclavage existe depuis trop long-temps sur les côtes de la Barbarie; car, par un dessein particulier de la Providence qui place l'exemple du châtiment là où la faute a été commise, l'Europe payoit à l'Afrique les douleurs qu'elle

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lui avoit apportées, et lui rendoit esclaves pour esclaves.

J'ai vu, Messieurs, les ruines de Carthage; j'ai rencontré, parmi ces ruines, les successeurs de ces malheureux chrétiens, pour la délivrance desquels saint Louis fit le sacrifice de sa vie, Le nombre de ces victimes augmente tous les jours. Avant la révolution, les corsaires de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Maroc, étoient contenus par la surveillance de l'Ordre de Malte : nos vaisseaux régnoient sur la Méditerranée, et le pavillon de Philippe-Auguste faisoit encore trembler les Infidèles profitant de nos discordes, ils ont osé insulter nos rivages. Ils viennent d'enlever la population d'une île entière: hommes, femmes, enfants, vieillards, tout a été plongé dans la plus affreuse servitude. N'est-ce pas aux François, nés pour la gloire et pour les entreprises généreuses, d'accomplir enfin l'œuvre commencée par leurs aïeux ? C'est en France que fut prêchée la première croisade; c'est en France qu'il faut lever l'étendard de la dernière, sans sortir toutefois du caractère des temps, et sans employer des moyens qui ne sont plus dans nos mœurs. Je sais que nous avons pour nous-mêmes peu de chose à craindre des puissances de la côte d'Afrique; mais plus nous sommes à l'abri, plus nous agirons no

blement en nous opposant à leurs injustices. De petits intérêts de commerce ne peuvent plus balancer les grands intérêts de l'humanité : il est temps que les peuples civilisés s'affranchissent des honteux tributs qu'ils paient à une poignée de Barbares.

Messieurs, si vous agréez ma proposition, et qu'elle se perde ensuite par des circonstances étrangères, du moins votre voix se sera fait entendre; il vous restera l'honneur d'avoir plaidé une si belle cause. Tel est l'avantage de ces gouvernements représentatifs par qui toute vérité peut être dite, toute chose utile proposée : ils changent les vertus sans les affoiblir; ils les conduisent au même but en leur donnant un autre mobile. Ainsi nous ne sommes plus des chevaliers, mais nous pouvons être des citoyens illustres; ainsi la philosophie pourroit prendre sa part de la gloire attachée au succès de ma proposition, et se vanter d'avoir obtenu dans un siècle de lumières, ce que la religion tenta inutilement dans des siècles de ténèbres.

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Veuillez maintenant, Messieurs, écouter ma proposition:

PROJET D'ADRESSE AU ROI.

Qu'il soit présenté une Adresse au Roi par la Chambre des Pairs : dans cette Adresse, Sa Majesté sera humblement suppliée d'ordonner à son ministre des affaires étrangères d'écrire dans toutes les cours de l'Europe, à l'effet d'ouvrir des négociations générales avec les puissances barbaresques, pour déterminer ces puissances à respecter les pavillons des nations européennes, et à mettre un terme à l'esclavage des chrétiens.

PROPOSITION

FAITE A LA CHAMBRE DES PAIRS,

Dans la séance du 23 novembre 1816,

ET TENDANTE

A ce que LE ROI Soit humblement supplié de faire examiner ce qui s'est passé aux dernières élections, afin d'en ordonner ensuite selon sa justice;

SUIVIE DES PIÈCES JUSTIFICATIVES

ANNONCÉES DANS LA PROPOSITION.

AVERTISSEMENT.

D

ANS la Proposition que j'eus l'honneur de faire à la Chambre des Pairs, le 23 du mois dernier, j'annonçai des Pièces justificatives. La Proposition ayant été écartée, il me restoit à prouver, par respect pour Messieurs les Pairs, que je n'avois rien annoncé légèrement. Il m'importoit encore de montrer aux personnes qui m'avoient remis les pièces justicatives que j'avois fait tout ce que j'avois pu faire, que je n'avois

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