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LA NATIVITÉ.-LE CHRIST ET SES MIRACLES. cause de l'illustration que lui donna le sang des martyrs.

XVIII. Dans la quarante-troisième année du règne d'Auguste, naquit, selon la chair, Notre-Seigneur JésusChrist, conçu, comme nous l'avons dit, par la Vierge Marie, dans Bethléem, ville de David. Les Mages, ayant vu de l'Orient son étoile immense, vinrent avec des présents, et, déposant leurs offrandes, adorèrent le nouveau-né. Hérode, par crainte pour son royaume, s'efforçant d'atteindre le Dieu-Christ, fit périr tous les petits enfants. Mais il ne tarda pas à être frappé luimême du jugement de Dieu.

XIX.-Notre-Seigneur Dieu, Jésus-Christ, prêche la pénitence, accorde la grâce du baptême, promet à toutes les nations le royaume des cieux, et fait, au milieu du peuple, des prodiges et des miracles : c'est-à-dire qu'il change l'eau en vin, qu'il guérit les fiévreux, rend la lumière aux aveugles, fait renaître les morts à la vie, délivre des esprits immondes ceux qui en sont obsédés, et guérit la peau dégoûtante des malheureux lépreux. Pendant qu'il opérait ces miracles, ainsi que beaucoup d'autres, il prouva clairement aux peuples qu'il était Dieu; ce qui alluma la colère des Juifs et anima leur haine. Alors leur esprit, nourri du sang des prophètes, médita méchamment de faire périr le Juste. Pour que les oracles des anciens prophètes fussent accomplis, Jésus-Christ fut livré par un de ses disciples, condamné injustement par les pontifes, insulté par les Juifs, crucifié avec des larrons, et, après avoir rendu l'âme, son

JOSEPH D'ARIMATHIE.-L'APOTRE JACQUES.

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corps fut gardé par des soldats. Pendant que ces choses se passaient, des ténèbres se répandirent sur le monde entier, et un grand nombre d'hommes, s'étant convertis avec gémissement, confessèrent Jésus fils de Dieu.

XX.-Joseph, qui avait embaumé d'aromates le corps de Jésus et l'avait renfermé dans son tombeau, fut arrêté et mis dans une prison, où il fut gardé par les chefs mêmes des prêtres, qui, comme on le voit par les rapports que Pilate envoya à l'empereur Tibère, l'avaient en plus grande haine que le Seigneur lui-même, puisqu'il fut gardé par des prêtres, tandis que Jésus ne l'avait été que par des soldats. A la résurrection du Seigneur, une vision d'anges ayant effrayé les gardes qui ne le trouvaient plus dans le tombeau, pendant la nuit les murs de la prison qui renfermait Joseph furent enlevés en l'air, et un ange, après avoir délivré le pri... sonnier, remit les murs à leur place. Comme les pontifes faisaient des reproches aux gardes et leur redemandaient vivement le corps, tous les soldats leur dirent: « Rendez vous-même Joseph, et nous rendrons le Christ. Mais, en vérité, vous ne pouvez rendre le bienfaiteur de Dieu, ni nous le fils de Dieu. » Les prêtres restèrent confus, et les soldats furent absous par cette

excuse.

XXI.-On rapporte que l'apôtre Jacques, ayant vu le Seigneur mort sur la croix, jura plein d'affliction, qu'il ne mangerait de pain que quand il aurait vu le Seigneur ressuscité. Enfin, le troisième jour, le Seigneur, revenant, échappé avec triomphe au Tartare, se montra

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LA RESURRECTION.-L'ASCENSION..

à Jacques et lui dit : Lève-toi, Jacques, et mange, parce que je suis ressuscité d'entre les morts. C'est Jacques le Juste, qu'on nomme le frère du Seigneur parce qu'il était fils de Joseph qui l'avait eu d'une autre femme que Marie.

XXII.-Nous croyons que la Résurrection du Seigneur a eu lieu le premier jour et non le septième, comme beaucoup le pensent. Le jour où Notre-Seigneur JésusChrist est ressuscité est celui que nous avons appelé dimanche, c'est-à-dire jour du Seigneur, à cause de sa sainte résurrection. Ce jour fut le premier qui, dans l'origine des temps, vit la lumière, et c'est aussi le premier qui eut le bonheur de contempler le Seigneur sortant du tombeau.

Depuis la captivité de Jérusalem et la destruction du Temple jusqu'à la Passion de Notre-Seigneur JésusChrist, c'est-à-dire jusqu'à la dix-septième année du règne de Tibère, on compte six cent soixante-huit ans.

XXIII. Le Seigneur étant ressuscité, et ayant discouru pendant quarante jours avec ses disciples sur le royaume de Dieu, fut enveloppé à leur vue dans un nuage, et monta aux cieux, où il est assis dans sa gloire à la droite du Père. Pilate envoya à Tibère des rapports dans lesquels il lui parle des miracles de Jésus-Christ, de sa Passion et de sa Résurrection. Ces rapports nous ont été conservés jusqu'à présent1. Tibère en fit part au

1 Les Gesta Pilati, qui sont parvenus jusqu'aux temps modernes, sont évidemment des fabrications dépourvues de toute authenticité.

PERSÉCUTION DE NÉRON.

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sénat, qui les rejeta avec colère, parce qu'il n'en avait pas été instruit le premier. De là naquirent les premiers germes de haine contre les Chrétiens. Pilate ne resta pas impuni du crime de sa méchanceté, c'est-à-dire de la mort qu'il fit subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il se tua de ses propres mains. Un grand nombre croient qu'il était manichéen, d'après ce qu'on lit dans l'Évangile: Quelques-uns des Galiléens vinrent dire à Jésus que Pilate avait mêlé leur sang avec celui de leurs sacrifices 1.

De même le roi Hérode, ayant persécuté les apôtres du Seigneur, fut frappé pour tant de crimes par la main de Dieu; son corps enfla, se remplit de vers; Hérode prit un couteau pour se délivrer de son mal et s'en frappa de sa propre main.

XXIV.-Sous le règne de Claude,quatrième empereur depuis Auguste, le bienheureux apôtre Pierre se rendit à Rome où, dans ses prédications, il prouva clairement par un grand nombre de miracles que le Christ est fils de Dieu. C'est dans ce temps que les Chrétiens commencèrent à paraître à Rome. Comme le nom du Christ se répandait de plus en plus parmi les peuples, la haine du vieux serpent se ralluma, et insinua une cruelle méchanceté dans le cœur de l'Empereur; car ce Néron luxurieux, vain et superbe, se livrant aux hommes et assouvissant sur eux ses désirs, amant infâme de sa mère, de ses sœurs et de toutes ses proches parentes, pour combler la mesure de ses iniquités, excita le pre

1 Évang. selon saint Luc, chap. xiii, v.

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SAINT PIERRE CRUCIFIE.

mier une persécution contre les Chrétiens. Il avait avec lui Simon le Magicien, homme plein de méchanceté et maître dans les arts de la magie. Cet homme ayant été vaincu par les apôtres du Seigneur Pierre et Paul, Néron, irrité contre eux parce qu'ils prêchaient le Christ fils de Dieu, et refusaient avec mépris d'adorer les idoles, ordonna qu'on fît mourir Pierre sur la croix et Paul par le glaive. Bientôt lui-même, cherchant à fuir une sédition qui s'était élevée contre lui, se tua de sa main, à la quatrième borne à partir de la ville.

Dans ce temps, Jacques, le frère du Seigneur, et Marc l'Évangéliste reçurent la glorieuse couronne du martyre pour le nom du Christ. Le premier, Étienne, lévite et martyr, était entré dans cette bienheureuse voie. Après la mort de l'apôtre Jacques, une grande calamité accabla les Juifs; car Vespasien étant monté sur le trône, le Temple fut incendié, et six cent mille Juifs périrent dans cette guerre par le glaive et la famine. Domitien fut le second qui, après Néron, persécuta les Chrétiens: il envoya en exil dans l'île de Pathmos l'apôtre Jean, et exerça contre le peuple diverses cruautés. A sa mort, saint Jean, apôtre et évangéliste, revint de l'exil âgé et plein de jours, et, après avoir mené une vie parfaite en Dieu, il s'enferma vivant dans le sépulcre. On dit qu'il ne connaîtra point la mort avant que le Seigneur vienne de nouveau pour le jugement, le Seigneur lui-même disant dans les Évangiles: Je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne 1.

1 Évang. selon saint Jean, chap. xx1, v. 22.

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