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affaires étrangères par un ennemi de la Prusse et de l'Italie, le duc de Gramont. Ce fut lui qui engagea la France dans le conflit avec la Prusse. Le parti belliqueux et autoritaire reprit de l'influence sur le gouvernement; le ministère, formé sur un programme de paix, se laissa entraîner à faire déclarer la guerre au nom de l'honneur national. La Chambre l'approuva en refusant (par 159 voix contre 84) d'exiger la communication des documents diplomatiques et en votant un crédit de 500 millions pour la mobilisation. Mais elle comptait sur une victoire assurée; le ministre de la guerre disait : « Nous sommes prêts, archiprêts », et Ollivier : « Nous acceptons la responsabilité d'un cœur léger. »>

A la nouvelle des premières défaites, le ministère fut abandonné par sa majorité; un ordre du jour de défiance fut voté par la Chambre, et l'impératrice, régente en l'absence de l'Empereur parti pour la frontière, chargea un général, Palikao, de former un ministère. Ce ministère, pris dans la Droite belliqueuse, fut le dernier de l'Empire.

BIBLIOGRAPHIE

Pour la bibliographie, voir chap. V.

Sources. Pour les documents parlementaires, législatifs, judiciaires, et les annuaires, voir chap. précédent. Parmi les documents parlementaires le plus important est l'Enquête sur le 15 mai et les journées de juin. Pour les journaux, très nombreux de 1848 à 1851, voir Catalogue de l'Hist. de France, t. IV. Les principaux pour la période de l'Empire sont Journal des Débats (libéral), le Siècle (républicain), le Temps (depuis 1861), le Pays (impérialiste), l'Univers (catholique).

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Dans la catégorie des mémoires et correspondances:

SUR LA PÉRIODE 1848-51: Odilon Barrot, 4 v., 1875. Tocqueville, 1893. Proudhon, 1849. Caussidière, 2 v., 1849 (détails sur la préfecture de police). De la Hodde, La naissance de la République, 1850 (l'auteur était un espion affilié aux sociétés secrètes). L. Blanc, Révolution de février au Luxembourg, 1849. E. Thomas, Hist. des ateliers nationaux, 1848. - On ne peut considérer que

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comme des souvenirs les histoires de la Révolution de Lamartine, 1849; GarnierPagès, 1861; L. Blanc, 1870.

SUR LE COUP D'ÉTAT : Pascal Duprat, Les tables de proscription de L. Bonaparte, 2 v., 1852.

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SUR LA PÉRIODE 1851-70: De Maupas, 2 v., 1884. H. de Viel-Castel, 6 vol., 1881-84 (très suspect). Granier de Cassagnac, 3 v., 1879. Hausmann, 1890; Persigny, 1896 (tous deux peu instructifs). Darimon, plusieurs ouvrages, chacun avec un titre, formant une série de souvenirs. Ollivier, série sous des titres différents. - Ebeling, 1891. Voir surBeaumont-Vassy, 1874. - Ranc, 1878. tout Senior (Nassau-W.), Conversations with Thiers, Guizot, etc., 2 v., 1878, recueil d'interviews avec les personnages des différents partis de 1852 à 1860, détails sur le régime intérieur de la France dans la période où les journaux ne pouvaient écrire librement. La censure sous Napoléon III, 1852-66, 1892; rapports sur la censure dramatique; Papiers et Correspondance de la famille

impériale, 2 v., 1870-72, complété par R. Halt, Papiers sauvés des Tuileries, 1871, Recueil de pièces de tous genres trouvées aux Tuileries, publié par le gouvernement républicain.

Ouvrages. Pas d'histoire d'ensemble satisfaisante.

SUR LA RÉVOLUTION DE 1848: Dan. Stern (comtesse d'Agout), Histoire de la Révolution de 1848, 3 v., 1850 (républicain). V. Pierre, Hist. de la République de 1848, 2 vol., 1873-78 (conservateur). L. Stein, Geschichte der sozialen Bewegun, in Frankreich, 1850, reste l'ouvrage le plus scientifique sur la Révolution de 48. SUR LA RÉPUBLIQUE: V. Pierre, déjà cité. - P. de la Gorce, Hist. de la 2o république française, 2 v., 1887 (très conservateur). - E. Spuller, Hist. parlement. de la 2 république, 1891. Thirria, Napoléon III avant l'Empire, t. II, 1895.

SUR L'EMPIRE P. de la Gorce, t. I et II, 1894-96, en cours de public. (conservateur). Taxile Delord, Histoire du 2 Empire, 6 v., 1870 (républicain); reste encore l'ouvrage le plus complet. - Bulle, Geschichte des zweiten Kaiserreichs

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und des Koenigreichs Italien (collection Oncken), vulgarisation scientifique. MONOGRAPHIES SUR DES ÉPISODES: E. Ténot, La province en décembre 1851, 1865. Paris en décembre 1851, 1868, histoire du Coup d'Etat (républicain). — E. Ténot. Les suspects en 1858, 1869.

SUR LA FIN DE L'EMPIRE : D'Abrantès, Essai sur la régence de 1870, 1879.

SUR LES FINANCES G. du Puynode, L'administration des finances en 1848-49, 1849.

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De Nervo, Les finances de la France de 1852 à 1860, 5 v., 1861.

CHAPITRE VII

LA RÉPUBLIQUE PARLEMENTAIRE

Gouvernement de la Défense nationale. Le gouvernement impérial était défendu contre la population républicaine de Paris par son armée. Quand il l'eut perdue dans la guerre contre la Prusse, l'Empire tomba sans résistance. A la nouvelle de la capitulation de Sedan, la Gauche proposa au Corps législatif de voter la déchéance et de former une commission de gouvernement (3 sept.). Le ministère essaya de sauver la Régence en apportant un projet signé de l'impératrice instituant un conseil de cinq députés (4 sept. 1870); Thiers proposa une commission. Mais le Corps législatif n'eut pas le temps de voter, il fut envahi par la foule, aux cris de : « Déchéance! Vive la République! » La République fut proclamée au milieu du tumulte; les députés de Paris unis à Trochu, gouverneur militaire, constituèrent un Gouvernement de la Défense nationale qui refusa de négocier avec la Chambre et, suivant la tradition républicaine, s'installa à l'Hôtel de Ville. Comme en 1848, la République était sortie d'un mouvement insurrectionnel. Mais en 48 elle était imposée par une moitié à peine de Paris à tout le reste de la France, en 1870 elle fut réclamée par un parti nombreux qui dominait toutes les grandes villes et une partie du Midi et de l'Est. A Lyon, Bordeaux, Marseille on l'avait proclamée sans attendre les nouvelles de Paris.

Le gouvernement de la Défense nationale dura jusqu'à la fin de la guerre. Il s'était coupé en deux : la portion principale restait dans Paris assiégé; une délégation de 3 membres, renforcée de Gambetta venu en ballon (6 oct.), gouvernait le reste de la France (elle résida à Tours, puis à Bordeaux).

A Paris le gouvernement traversa une crise analogue à celle de 1848. Le parti républicain, comme en 48, se composait de démocrates et de socialistes; les démocrates seuls avaient pris le gouvernement. Mais en organisant la garde nationale on arma tous les hommes valides de Paris (plus de 300 000), ce qui mit le gouvernement à la discrétion de la garde nationale. Un parti révolutionnaire, groupé autour de l'éternel insurgé Blanqui, réclama la création d'une Commune de Paris élue au suffrage universel, comme en 1792; il reprit la tactique blanquiste d'un coup de main sur le siège du gouvernement et profita de la défiance contre Trochu qu'on accusait de défendre mollement Paris. A la nouvelle de la capitulation de Metz et de l'armistice (annoncé officiellement), les gardes nationaux de Belleville marchèrent sur l'Hôtel de Ville et l'occupèrent en criant: « Guerre à outrance! Commune! » Ils tenaient le gouvernement prisonnier (31 octobre). Le gouvernement fut dégagé par les gardes nationaux des autres quartiers. Puis, pour s'affermir, il organisa un plébiscite des habitants de Paris qui reconnut ses pouvoirs (357 000 oui, 62 000 non). Il n'y eut plus qu'une attaque contre l'Hôtel de Ville à la fin du siège; le gouvernement y répondit en fermant les clubs et créant deux conseils de guerre (22 janv.).

En province la Délégation fut dirigée par Gambetta, chargé de l'intérieur et de la guerre, qui exerça un pouvoir à peu près absolu; il remplaça les fonctionnaires de l'Empire par un personnel improvisé, nomma des délégués cantonaux investis de pouvoirs indéfinis, déclara dissous les conseils généraux (25 déc.), ordonna des levées d'hommes et des réquisitions, lança des proclamations; il opérait au nom du salut de la patrie, sans contrôle, suivant la tradition de 1793. Il n'y eut pas de résistance, rien qu'un coup de main à Lyon, où une troupe de francs-tireurs occupa la préfecture (22 sept.) et essaya d'établir une Commune. Les fédérations entre les départements qui se formèrent sous les noms de ligues (de l'Ouest à Rennes, du Midi à Toulouse, du Sud-Est à Marseille) n'existèrent guère que de nom.

Le gouvernement se qualifiait lui-même de provisoire; le gouvernement définitif de la France devait dépendre de deux décisions: Quel serait le gouvernement reconnu par les Allemands? Que serait l'assemblée souveraine élue par les Français? Il s'agissait de faire accepter la République au gouvernement allemand et de la faire ratifier par les électeurs.

Le gouvernement allemand hésita; Bismarck eut une entrevue avec le délégué de la Défense nationale, J. Favre, à Ferrières (19 sept.)

sans résultat. J. Favre ne proposait aucune cession de territoire et Bismarck exigeait un fort dominant Paris en échange de l'armistice.

Il restait dans Metz une armée impériale; le général en chef, Bazaine, envoya demander au roi de Prusse de la laisser sortir pour aller rétablir dans Paris l'ordre et l'Empire; le roi accepta, à condition que l'armée se déclarerait prête à maintenir le pouvoir de l'impératrice régente, et que l'impératrice ferait un appel au peuple pour ratifier la paix et la cession des territoires exigés par la Prusse. L'impératrice, à Londres, sur l'avis de son conseil, déclara ne pouvoir accepter une mutilation de la France (23 oct.) et demanda un armistice pour l'armée de Metz; le roi refusa et l'armée capitula (27 oct.). Désormais le gouvernement allemand, renonçant à rétablir l'Empire, ne négocia plus qu'avec la Défense nationale, et chercha à faire convoquer les électeurs pour élire l'assemblée qui seule pouvait conclure la paix.

Le gouvernement de Paris hésitait, il croyait les électeurs disposés à élire une assemblée républicaine, mais il les savait avant tout décidés à la paix et tenait, pour l'honneur de la France, à continuer la guerre jusqu'au bout. La Délégation de Tours avait convoqué les électeurs pour le 16 octobre, le gouvernement de Paris annula le décret. Il envoya Thiers au camp allemand négocier un armistice (31 oct.). Bismarck exigea quelques-uns des forts de Paris, puis proposa de faire élire l'assemblée sans armistice; le gouvernement refusa. En province Gambetta parlait de la guerre à outrance. On laissa donc passer le moment de faire élire une assemblée républicaine; on laissa se former l'impression que l'élection des républicains signifierait la continuation de la guerre.

L'élection de l'Assemblée et la Commune. En signant la capitulation de Paris le gouvernement accepta un armistice pour faire élire une Assemblée nationale. Il revint aux formes de 1848, fit voter les électeurs au canton et au scrutin de liste par département, à la majorité relative, pour élire 750 députés recevant la même indemnité qu'en 1848. Gambetta à Bordeaux ajouta, contrairement aux conditions de l'armistice, une clause qui déclarait inéligibles les anciens fonctionnaires et députés de l'Empire; il se mit ainsi en conflit avec le gouvernement de Paris qui annula son décret.

L'élection du 8 février 1871 se fit sans préparation. Les impérialistes que Gambetta avait voulu écarter n'osèrent pas se présenter; les électeurs eurent le choix, à Paris entre les partisans du gouvernement et les révolutionnaires, en province entre les listes républicaines soutenues par la délégation de Bordeaux et les listes d'opposition

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