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LE SIXIÈME CHAPITRE DE LA MESSE ET SAINCT SACREMENT

Les Sœurs doivent avoir singulière dévotion à la messe et Sainct Sacrement, et doivent régulièrement communier de quinze iours en quinze iours, et pour la communion se confesser en toute humilité sans celer ou déguiser leurs péchéz; car un péché celé fait que tous ceux qui estoient confessés ne deuvent estre pardonnez. Les Sœurs se doivent estudier de tenir les autels, corporaux, et tous ornemens d'Église nets et mondes, et où il y aurait opportunité, seroit bon faire la louange continuelle durant l'octave du Sainct Sacrement. Les Sœurs, outre ce qui est dict de la quinzaine doivent communier tous les dimanches de l'Avent et du Quaresme. le iour de la Toussaincts, le iour de sainct François, le iour de saincte Elizabeth, et aussi les grandes festes de nostre Seigneur et de nostre Dame, si non que par le conseil du confesseur aucune Sœur en voulut demeurer.

L'office divin diront auec reverence, attention et joye, ainsi qu'il nous est monstré au Cantique de la Vierge Marie, une Sœur qui sçait bien communier et bien Dieu loüer, fait les sciences à Dieu plus plaisantes. Les Sœurs Clergesses diront l'Office selon l'ordinaire Romain, comme font les Frères qui ont leur gouvernement. Les Sœurs Layes diront douze Pater noster, et Ave Maria pour Matines, pour les Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, pour une chacune desdites heures cinq. Pour Vespres sept, et autant pour Complies, et quand bonnement faire se pourra, la Mère doit prier, s'il n'y a pas empeschement notable, que le ieudy la Messe du Sainct-Sacrument, le vendredy des cinq playes de Jésus et le samedy des vertus de la Vierge Marie.

LE SEPTIÈME CHAPITRE DE LA VERTU DE PAIX

Les Sœurs qui ont esleu pour espoux le Roy Jésus, Prince de paix, doivent bien vivre en paix : car en un couvent où il n'y a paix, Jésus ne sçauroit faire demeurance. Le sainct Evangile nous enseigne que nostre Sauveur principalement n'a fait que trois choses en ce monde, prescher paix et vertus, instituer le Sainct Sacrement de paix et de l'autel et la saincte Hostie, et endurer la mort en la croix pour faire paix entre le Createur et le pecheur. Donques l'Espouse doit bien soy se conformer à son espoux et vray amy, et aymer ce que tant il ayme :

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les Sœurs doivent estre advocates de paix, fuyr noyses et procès : et la Mère doit griesvement punir la Sœur, qui par rapports ou parolles, serait cause en un couvent de noyses entre les Sœurs de ceste reli gion, comme a esté touché au premier Chapitre, charité et paix en son fondement et ne peut la Sœur profiter ny se sauver, si premier elle n'a amour avec toutes ses Sœurs.

LE HUITIEME CHAPITRE DE LA CROIX ET DES CINQ PLAYES DE JESUS

Les Sœurs à l'exemple de sainct François leur père apprendront la science de la croix, et s'estudieront plonger et laver en la fontaine du sang des sacrées playes, en puisant l'eau de vie avec la Samaritaine, et l'eau de contrition et de dilection avec la Magdelaine. Bien parfaite est la Sœur qui pour l'amour de Jesus son Sauveur souffre et endure ioyeusement aucune playe ou persecution, ou quand on se moque d'elle ou quand on la mesprise. Qui plus de playes en ce monde pour Jesus endurera, plus de couronnes d'or et de pierres precieuses en Paradis recevra. et pourtant que en playes fut la fin de Jesus votre espoux, aussi sera la fin de votre Reigle :

Car la Sœur qui veut monter en ceste croix, et endurer axec Jesus playes et tribulations, elle est au dernier et plus haut degré de perfection Toutesfois à la fin de leur Reigle, pour ce que Jesus demande une Sœur et une espouse qui lui serve ioyeusement, sans scrupules, craintes et nubilations.

:

Doivent les Sœurs notter, qu'elles ne sont obligées, sur peine de péché mortel, qu'à huict choses.

Premierement aux commandemens de Dieu.

Secondement au vou d'obedience.

Tiercement au vœu de chasteté.

Quartement au vœu de pauvreté.

Quintement au vou de closture.

Sextement au divin office.

Septiesmement aux ieusnes de l'Eglise.

Huictiesmement à l'habit de Religion.

Et quant à ces trois derniers, la Mère avec le confesseur, ont de l'auctorité apostolique, puissance de dispenser avec les Sœurs malades et debiles, ou pour autres raisonnables causes à leur discretion.

A nulle est permis contredire à nostre approbation, confirmation,

innovation, et déclaration et si aucun presumoit par une folle hardiesse dire au contraire sçaiche qu'il encourt la malediction de Dieu tout puisant, et de ses Apostres sainct Pierre et sainct Paul. Donné à Rome, apud sanctum Petrum, l'an de l'Incarnation de nostre Seigneur mil cinq cent dix sept Pontificatus nostri, anno quinto.

Cy finist la Reigle du Tiers-Ordre Sainct-Francois baillée aux Sœurs de Chasteau-Gontier, par le Reverend Père Frere Gabriel Maria, luy estant commissaire general.

F. UBALD D'ALENÇON

LES TERTIAIRES REGULIERES

DE SAINT FRANÇOIS

DURANT LE XIX SIECLE

Plusieurs auteurs éminents ont jeté un regard sur le dixneuvième siècle qui vient de mourir. Tous ont catalogué leurs intéressantes investigations et leur synthèse démontre que le défunt très regretté qui nous a bercés, fut terriblement actif.

Nous adressant particulièrement à ceux qui voient tout en noir, nous nous permettrons, pour relever leur courage abattu, d'écrire ce mot Evangélique sur la pierre tombale: Confidite, ego vici mundum.

Oui! Nous avons vu de nos yeux une véritable résurrection religieuse l'Eglise catholique voguant sur la mer orageuse, au fond de laquelle gisent ses persécuteurs, nous rappelle ce mot d'un grand chrétien: « Il y a jouissance à se tenir sur un vaisseau battu par la tempête, quand on a la certitude qu'il ne sombrera pas. »

L'Eglise allait périr au commencement du siècle quand le modeste et patient Pie VII tenait le gouvernail. Au milieu du même siècle, Pie IX nous a attirés à lui, sa parole infaillible nous a rendu l'espérance, quand il a proclamé Marie Immaculée. Enfin Léon XIII nous donne avec son allègre vieillesse un renouveau qui nous force à chanter : « Les Papes qu'ils ont tués se portent assez bien. »

Mais laissons le reste de l'Eglise pour n'étudier que l'ordre de Saint-François; et dans cet ordre qui pousse tant de rejetons vigoureux, examinons de près ces humbles violettes cachées aux pieds des chênes et que la bonne odeur

trahit à leur insu: je veux parler des sœurs franciscaines, ou Tertiaires régulières de saint François d'Assise.

Au commencement du XIXe siècle les Tertiaires régulières étaient très peu nombreuses; à peine rencontrait-on quelques épaves échappées à la tourmente révolutionnaire ; au commencement du XX• siècle nous comptons, en France seulement, une cinquantaine de congrégations indépendantes dont nous avons connu presque tous les fondateurs ou fondatrices.

Moins nombreuses en France que les sœurs de SaintVincent-de-Paul qui atteignent le chiffre très respectable de 12,000 religieuses, elles sont pourtant plus répandues que les Petites Sœurs des pauvres, qui ne sont pas 5000.

Nos Tertiaires régulières sont 7,800 répandues dans 458 maisons, (1) en France seulement, et 40,000 dans le monde entier.

Sans attirer les regards du public comme les deux autres congrégations, elles savent, dans leur obscurité, se charger des besognes les plus dédaignées, mais qui pour cette raison fixe l'attention de Celui qui plaça l'humble François au rang des séraphins.

Près de 40,000 religieuses franciscaines dans tout le monde et près de 8,000 en France ont donc mis un siècle à germer, à grandir et à répandre partout les fruits de leur charité.

La variété de leurs œuvres est infinie: il n'est pas une infirmité physique ou morale pour laquelle les filles dévouées de Saint-François n'aient un remède.

Comme leur Séraphique Père, elles puisent leur force dans la Divine Hostie. La maison des Franciscaines de Troyes est vouée au culte Eucharistique; elles reconnaissent l'amour qui a rendu Jésus captif jour et nuit sur nos autels; dans ce sanctuaire cet amour est honoré, loué, exalté par une action de grâce perpétuelle.

(1) Nous empruntons ces détails au volume laborieusement fouillé du R. P. Norbert de Laissac, frère-mineur, ayant pour titre Les religieuses franciscaines, 1 vol. in-12, 478 pages, Poussielgue

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