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ne fut point aboli.» (Retraites de N.-D., Jour de la prière, 1876) En résumé, ceux qui, comme le doyen de Saint-Romain, prétendent lire le contraire dans la Somme de saint Thoma's le font se contredire, interprètent faussement un terme de sa réponse à la quatrième objection, en tirent une conclusion qui ne se trouve nullement dans les prémisses. (Voy. la note précédente.)

V. Le catéchisme du Concile de Trente est, dans son article, le grand cheval de bataille de M. le curé Palfray. C'est visible, il se complaît à citer, longuement et exclusivement, les premiers paragraphes de la leçon relative au troisième précepte du Décalogue; mais reste à savoir si ce catéchisme enseigne que le repos religieux hebdomadaire, transféré, .quant à son application, au jour suivant, - a cessé, pour d'être un précepte divin et si son observation est devenue une simple loi ecclésiastique.

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Cet organe officiel de l'Eglise semble plutôt exposer la doctrine contraire; puisque pour nous stimuler à y être fidèle, il fait intervenir l'autorité divine. C'est facile à démontrer « Nous devons, dit-il, observer ce précepte avec le plus grand soin et le zèle le plus ardent. » Pourquoi ? Parce que « si Dieu, répond-il, nous avait commandé de le servir ainsi tous les jours de notre vie, nous devrions obéir; mais, puisqu'il ne s'est réservé qu'un petit nombre de jours, pourrions-nous san's crime ne pas accomplir un devoir si facile ? » Il contient quelque chose de plus expressif encore : « Dieu ne nous ordonne de travailler six jours que pour nous ôter tout prétexte de renvoyer au dimanche ce qui doit se faire pendant la semaine...... Præterea hoc præcepto illud Dominus jubet ut sex ipsis diebus opera nostra efficiamus, ne aliquid eorum quæ aliis hebdomadæ diebus agere oporteat in diem festum rejiciatur, etc..... » « Car, ajoute le même catéchisme, c'est le Seigneur lui-même qui nous défend de travailler en ce jour. » «< Quare inquit Dominus: Non fac'es omne opus in co, tu et filius tuus et filia tua...... et ju

mentum tuum. » « Si donc Dieu, remarque-t-il, oblige par ce précepte d'épargner le travail des bêtes en son jour, combien plus, par conséquent, veut-il qu'on épargne celui des hommes. »> « Itaque hujus præcepti lex eo etiam spectat ut si jumentorum laboribus homines parcere Deus vult, eò certe magis...... etc... » Or, continue le même catéchisme : «En cela, Dieu, loin de nous imposer un devoir pénible, que, néanmoins, nous devrions remplir pour l'amour de lui, malgré ses difficultés, nous ordonne de demeurer en repos et d'abandonner en ce jour le soin des choses de la terre. N'y aurait-il point une insigne témérité à ne pas se soumettre à un commandement si doux? Cum enim Deus non labores nobis imponat quos vel difficillimos Ejus causa suscipere deberemus, sed quietos illis diebus festis a terrenis curis liberos esse jubeat, magnæ temeritatis indicium est hujus præcepti legem recusare. » « Ceux donc, dit-il encore, qui négligent l'observation de ce précepte, désobéissent à Dieu, puis à l'Eglise, deviennent ainsi les ennemis de Dieu, de son précepte et de ses saintes lois ; ils sont d'autant plus inexcusables que ce commandemeut est facile à garder puisqu'il s'agit d'un repos et de ne faire en ce jour réservé aucun travail. » — « Qui verò hanc legem omninò negligunt, ii, cum Deo et Ecclesiæ non obediant neque Ejus præceptum audiant: et Dei et sanctorum legum hostes sunt, quod animadverti potest ex eo quod præceptum hoc ejusmodi est ut nullo labore servari queat. » Et il conclut : « Afin donc de ne pas tomber dans. une telle offense de Dieu en méprisant de la sorte son précepte, ayons soin de penser souvent à cette parole divine : Memento, » <«< souviens-toi ». De quoi faut-il se souvenir ? « de garder le jour du repos et le sanctifier. » « Memento ut Diem sabbati sanctifices.

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Voilà ce qu'enseigne aux chrétiens le catéchisme du Concile de Trente relativement à l'autorité qui leur prescrit le repos hebdomadaire religieux. Il est donc loin de soutenir que celui-ci a cessé d'être de droit divin et n'est qu'un précepte de l'Eglise.

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« Illud Dominus jubet ut..... » « facere Deus vult.... » « Cum enim Deus (illo die) non labores nobis imponat...... « Cúm Deo non obediant, neque Ejus præceptum ; et Dei..... hostes sunt. » etc., etc.... »

Ces termes choisis expriment bien l'intention de faire ressortir à nos yeux l'autorité divine qui commande. On ne s'énoncerait pas de la sorte en parlant d'un précepte purement et simplement ecclésiastique, dont il n'est nullement question ici.

Si donc M. le curé-doyen de Saint-Romain, au lieu de n'avoir des yeux que pour les premiers paragraphes du Catéchisme conciliaire, (Loc. cit.), (1), eût parcouru les derniers avec la même attention, il y aurait vu, comme nous que <«<le sabbat ayant été fait pour l'homme, son divin Auteur conserve sur lui tous ses anciens droits et les réclame. » (2)

(1) De ces premiers paragraphes du catéchisme romain il tire la conclusion que le sabbat est aboli et qu'il n'en reste plus trace; que le Dimanche est nécessairement une simple loi ecclésiastique, on voit maintenant s'il a raison. Certes, le catéchisme conciliaire ne peut se contredire à ce point, celui-ci expose d'abord que le jour primitivement fixé pour la solennité du sabbat étant cérémonial n'existe plus pour cette fin, mais il ajoute que la solennité elle-mème du repos religieux hebdomadaire, pouvant se déplacer sans inconvénient et sans rien détruire d'essentiel, — a été transférée au Dimanche. Transférée et non abrogée. Ces deux mots ne sont pas synonymes. Par la suite, comme nous venons de le voir, il fait clairement entendre. que l'obligation d'observer ce nouveau jour vient de la même autorité que l'ancienne : «Dominus jubet.. Deus vult,... etc... »

Ces expressions en sont une preuve irréfragable. Pour l'observation d'une simple loi humaine on ne fait pas appel à l'Autorité divine, mais à celle qui l'a établie et intimée.

(2) Remarquons-le Notre-Seigneur dans l'Evangile ne dit pas : « sabbatum propter Judæos factum est; » mais: «< propter hominem. » (Marc, II, 27). Si donc, au propre témoignage divin, le sabbat est fait pour l'homme, en général, c'est-à-dire, pour l'humanité entière et non pour une nation en particulier, peut-on croire raisonnablement qu'après avoir prononcé ces paroles le miséricordieux Jésus se serait complu à l'en priver, à lui ravir presque immédiatement cet insigne bienfait dont l'homme naturel et surnaturel a besoin? S'il s'en déclare le Maître absolu, « Filius hominis est Dominus etiam sabbati, » (Luc, VI, 5). Ce n'est ni pour s'en dessaisir ni pour l'abolir : «Non veni solvere legem, sed adimplere et perficere, » (Math. V, 17) mais pour annoncer que n'existant pas exclusivement pour les Juifs, il sera dans la Nouvelle Alliance conservé pour l'avantage du peuple chrétien et aura, dans la semaine, une place de choix et plus glorieuse.

Non, dit le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, <«< cette loi d'un jour par semaine consacré au repos religieux n'était pas du nombre de celles que le divin Rédempteur devait déchirer sur le calvaire, parce qu'elle était destinée à former l'homme céleste. Elle est donc entrée dans l'ensemble de ces préceptes que Jésus-Christ s'était proposé de donner à son Eglise pour se préparer en elle une Epouse. digne de lui. (Instr. Past.). Aussi, « est-elle la plus imprescriptible de toutes les lois, » dit à son tour le cardinal Pie, le grand et savant évêque de Poitiers; et il ajoute, après une démonstration en règle : « Puisqu'il est irréfragablement démontré qu'en fait Dieu a porté et qu'il maintient la loi du sabbat chrétien, il ne reste qu'à obéir au Législateur divin. << C'est pourquoi, c'est à dessein que nous n'avons parlé du Dimanche qu'au seul point de vue de l'Autorité; cette Autorité est divine. » (Instr. past. sur le Dimanche, 1859.)

(A suivre.)

Fr. LÉONARD d'Armentière,

O. M. C.

LA FRANCE CATHOLIQUE

EN ORIENT

LES MISSIONS CAPUCINES AU XIX SIÈCLE

Suite (1)

La Révolution tarit, pour les missions des capucins français en Orient, la source du recrutement. Quelques-unes restèrent sans ouvriers apostoliques; la plupart empruntèrent des missionnaires aux autres pays catholiques. C'est ainsi qu'entre les années 1808 et 1826 les capucins italiens prirent possession de la plupart des postes établis en Syrie, en Palestine et en Grèce.

Rétablis dès 1821, les capucins français avaient essayé presque aussitôt de reprendre au moins leurs missions de Grèce; deux ou trois pères furent même envoyés à cet effet ; mais il fallut bientôt renoncer à ces projets trop ambitieux: nos pères, tourmentés par toutes sortes de persécutions avaient de la peine à vivre en France, ils ne pouvaient songer sérieusement à émigrer au dehors. Enfin à partir de 1850 la liberté fut rendue à l'Eglise et aux Ordres religieux. Les capucins se développèrent rapidement, et ils purent tourner leurs regards vers l'apostolat au milieu des nations infidèles.

(1) Voir le numéro de novembre dernier.

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