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Boudja; et un cinquième pour cause de santé est rentré en Allemagne, sa patrie.

En résumé dans l'espace de dix-huit années, l'Institut oriental a conduit au sacerdoce et préparé à l'œuvre des missions 52 religieux prêtres. La plupart, si l'on en excepte un ou deux, et ceux que la mort a fauchés, sont restés fidèles à leur vocation et travaillent aujourd'hui à la diffusion de la foi dans les contrées d'Orient. Cette moyenne de trois prêtres missionnaires, donnés chaque année par l'Institut, est un magnifique résultat, surtout si l'on tient compte que l'on se trouve en Orient et au début de l'œuvre. La gloire de ce succès après Dieu doit être attribuée en konne part au Révérendissime Père Linus de Sterzing. Depuis la fondation définitive de l'Institut en 1885, il n'a cessé en effet de porter le poids de sa direction avec autant de zèle que de prudence et de dévouement.

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Revenons maintenant à l'œuvre de nos capucins français, et étudions la, à son tour, dans ses résultats.

Le 16 septembre 1891, le P. Marcel écrivait ces lignes : « Nous avons une rentrée brillante cinquante élèves au petit Séminaire. Le grand Séminaire a eu son ordination, il ya huit jours un diacre, quatre minorés, quatre tonsurés ;

c'est un commencement... »

On entend ici le cri de joie du laboureur, qui voit dans le champ longtemps arrosé de ses sueurs, mûrir enfin une belle et abondante moisson. Durant onze années, en effet, nos pauvres missionnaires travaillèrent sans récolter. Le champ qu'ils avaient entrepris de défricher n'avait pas été préparé par d'autres mains, comme celui où étaient venu travailler les maîtres de l'Institut oriental. Pour eux tout était à créer ; et comme le programme imposait aux élèves onze années d'études, il fallait égrener ce long chapelet de mois et d'années avant de pouvoir contempler un de leurs enfants gravir les marches du saint autel.

Cette fête du premier né eut lieu enfin en 1892 et depuis

lors elle se renouvelle chaque année, mais les élus s'y pressent plus nombreux. Il est vrai que les missionnaires n'ont pas toujours le bonheur de voir ordonner eux-mêmes ceux qu'ils ont préparés à l'honneur du sacerdoce. Parfois, souvent même, les évêques, qui leur ont confié l'enfant de leur amour, se réservent cette joie à eux-mêmes et à leur peuple. Mais nos Pères n'inscrivent pas moins le nom du nouveau prêtre dans les archives de la Mission. Car les liens,` qui unissent les maîtres de Constantinople et les élèves dispersés par toutes les îles et les montagnes de l'Orient, sont noués pour toujours ; et des lettres nombreuses, échangées de part et d'autre, attestent que les anciens élèves de SaintLouis aiment toujours à venir chercher auprès des maîtres, qui formèrent leur jeunesse, conseil, force et direction.

Donnons maintenant quelques chiffres indiquant les résultats obtenus.

Nous avons donné déjà le nombre des élèves. Il varie selon les années ou plutôt selon les ressources.

En 1888, avant la création du grand Séminaire, ils étaient trente-trois. Ils venaient des divers diocèses de l'empire Ottoman, dit le rapport de cette année; il y en avait d'Athènes, de Tynos, de Smyrne, de Kutahié, de Césarée, de Diarbékir, de Trébizonde et même de Géorgie.

En 1890 le grand Séminaire est organisé. Il reçoit quatre élèves de philosophie, et un autre de théologie. Vingt-quatre élèves sont au petit Séminaire sans compter les externes.> Tous ces jeunes gens avaient été envoyés par douze patriarches, archevêques ou évêques des divers diocèses d'AsieMineure et des îles. Dès 1886, Msr Azarian, patriarche des Ar méniens, avait confié ses séminaristes à la mission, l'évêque d'Athènes et d'autres suivirent plus tard cet exemple.

En décembre 1893, le P. Marcel écrit : « La famille de Saint-Louis devient nombreuse, nous sommes soixante et en comptant les externes quatre-vingt-quatre. C'est une charge assez lourde, surtout pour le budget, mais je compte sur la

Providence. Je vous ai dit, je crois, que le patriarche Chaldéen avait absolument tenu à nous envoyer des élèves; les évêques de la Syrie en font autant............. Le nouvel archevêque d'Athènes m'a écrit dernièrement, pour me prier de vouloir bien recevoir en notre Séminaire ses élèves ecclésiastiques. Depuis quelques années ces chiffres ont un peu diminué. Les séminaristes étaient 68 en 1895 63 en 1896 - 67 en 1897 en comprenant les externes. Depuis lors ils ont été 50 en 1898 45 en 1900-44 en 1901. Cette diminution dans le nombre des élèves provient en grande partie du manque de ressources (1).

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Les évêques qui, jusqu'à ce jour ont confié des élèves à Saint-Louis sont :

1o Les évêques arméniens de Constantinople, Smyrne, Tinos, Syra, Athènes, Corfou, Santorin, Bukarest.

2o Les évêques arméniens de Constantinople (Patriarcat), Brousse, Trébizonde, Erzeroum, Diarbékir, Marach, Tokat, Alep, Sivas, Césarée, Karpouth, Malatia.

3o Le patriarche chaldéen de Mossoul et l'évêque de Diarbékir du même rite.

4. Le patriarche des Syriens -un évêque maronite et l'évêque bulgare uni d'Andrinople.

Quels sont les résultats acquis jusqu'à ce jour ?

En ce qui concerne les élèves ecclésiastiques, les années 1892 et 1894 ont donné deux prêtres. L'année suivante n'en compte qu'un. Les années 1896, 1897, 1898 donnent respectivement les chiffres de 3, 4 et 5. En 1900 il en sort 4 et en 1901, 3. Au total 25 prêtres sont sortis de Saint-Louis en l'es pace de dix années; et la plupart ont reçu là leur éducation complète.

Quels services rendent à l'Eglise d'Orient tous ces prêtres orientaux? Ils sont nombreux et variés. En novembre 1898,

(1) La Propagation de la Foi a accordé à Saint-Louis 3.500 francs en 1900 - l'Euvre des Ecoles d'Orient a donné 1.500 francs. Le déficit considérable que laissent ces allocations doit être couvert par la Province de Paris.

deux d'entre eux ont fondé une mission à Ouchak en AsieMineure; un autre depuis 1896 est curé d'une nombreuse colonie allemande à Kara-Murat dans la Dobroudja; deux arméniens et un chaldéen exercent le ministère à Diarbékir, et un arménien à Césarée. Le premier élève de Saint-Louis est depuis plusieurs années chanoine à la cathédrale de Smyrne, le second s'est fait capucin et collabore à l'œuvre de la mission. Deux Latins sont à Tynos, où l'un dirige le séminaire, l'autre est chancelier de l'évêché. Deux Arméniens sont professeurs, l'un au séminaire de Bzommar dans le Liban, l'autre chez les Mékhitaristes à Trébizonde. On en trouve encore un chez les Lazaristes, et un second dans notre Ordre des Capucins. Enfin quelques-uns sont morts.

Parmi leurs externes, les capucins n'ont pas eu de moins brillants succès, eu égard au petit nombre de ces derniers. Ils ont préparé sept ou huit bacheliers. Un de leurs élèves admis à Saint-Cyr est sorti des premiers, un autre est sorti troisième de l'école polytechnique, un a été admis à l'école centrale, etc.

C'est ainsi que de Constantinople, où ils travaillent dans l'obscurité et le silence, les capucins voient leur action s'étendre et rayonner jusqu'aux extrémités du vaste empire ottoman. Ils ne sont pas assez nombreux pour être présents personnellement dans toutes les contrées à la fois, comme aux siècles passés; mais ils envoient à leur place ces élèves, ces prêtres qu'ils ont formés et animés de leur esprit.

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F. HILAIRE DE BARENTON.
O. M. C.

(Fin.)

LA

RENAISSANCE LITTÉRAIRE EN FRANCE

(Suite) (1).

DU BELLAY ET RONSARD

Nous sommes au centre de la Pléiade. Joachim Du Bellay y brille tout près de Ronsard. C'est son ami, il est clerc, et non prêtre (2), comme certains l'ont avancé. Il est né en 1522, à Liré, à douze lieues d'Angers, dans le plus riant pays du monde, et dans une fortune médiocre. Il n'est « seigneur, prince, marquis, ni comte ». Sans doute, il a un cardinal dans sa parenté, mais il n'en est pas plus fier; il tiendra tout de lui-même, et Ronsard l'appellera, pour son talent, « le divin Du Bellay! » Ronsard est prodigue d'épithètes sonores. Il insistera, en quatre vers (3):

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(1) Voir le fascicule de novembre 1901.

(2) Il faut croire, cependant, que, si la mort seule l'empêcha d'occuper le siège épiscopal de Bordeaux, il était prêtre alors ou sur le point de le devenir.

(3) Ronsard, Ode XI, 1. 1, t ш. A Joachim du Bellay. Gentil homme Angevin, poète excellent (Bibl. Elzévirienne).

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