Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

L'exposition la plus favorable aux bâtiments ruraux est absolument relative à leur destination et à la position topographique de la localité ; les vents dominants doivent être surtout consultés, en ne négligeant pas de (consulter) remarquer que les chaines de montagnes ou d'autres obstacles les brisent et les font refluer.

Les marais et les étangs les chargent de miasmes et de matières insalubres; enfin, il y a une infinité d'autres causes physiques toujours agissantes qu'on ne peut ni prévoir ni décrire.

En général, l'exposition nord et sud paraît la plus saine et par conséquent la plus favorable pour la demeure de l'homme. Cette double exposition procure à son habitation l'avantage d'être moins froide en hiver, si l'on peut supprimer en cette saison l'usage des ouvertures au nord, et celui non moins grand de pouvoir tempérer la trop vive chaleur de l'été par des courants d'air venant du nord au midi.

L'exposition principale du levant au midi est très-avantageuse aussi dans les contrées du Nord; celles du nord-ouest ou de l'ouest sont généralement regardées comme les plus malsaines pour les habitations.

Les oiseaux et insectes ne prospèrent qu'aux expositions du levant et du midi; il n'en est pas de même pour les bestiaux, et l'exposition nord est la seule qui convienne à leur demeure. Dans les climats froids, il faut cependant préférer les expositions du levant et du midi.

En principe, et sauf de rares exceptions, la

meilleure exposition pour l'homme est aussi la meilleure pour les animaux domestiques et pour la conservation des denrées. Mais comme il est difficile, sans des développements fâcheux sous d'autres rapports et notamment sous celui de la dépense, de donner à tous les bâtiments d'une ferme la même exposition, il faut poser une limite à l'application du principe et se contenter de se rapprocher, autant que possible, des expositions reconnues les plus avantageuses, dans le pays où l'on construit, pour éviter les brusques changements de température. Personne n'ignore que ces variations sont une des causes qui affectent dangereusement l'homme et les animaux, tout aussi bien que les plantes, en altérant les fonctions respiratoires.

C'est à l'art à réparer les défauts d'orientement et à les corriger par des courants d'air convenablement établis.

§ 5. De l'ordonnance et de la distribution
des bâtiments ruraux.

L'ordonnance est la distribution suivant laquelle les bâtiments doivent être placés autour de l'habitation principale. On doit l'établir d'après l'importance que le propriétaire attache, dans chaque espèce d'exploitation, à la surveillance du service de chacun de ces bâtiments; en sorte que ceux qu'il doit surveiller le plus fréquemment seront plus près de son habitation. La prudence veut aussi que les récoltes les plus susceptibles de propager ou de déterminer un incendie, soient entièrement isolées. La meilleure ordonnance sera celle qui procurera au fermier la surveillance la plus directe et le service le plus commode.

L'habitation du fermier s'accordera avec l'importance du domaine. Si la ferme est considérable, si elle représente un loyer annuel de six à dix mille franes par exemple, et, à plus forte raison, supérieur à cette somme, celui qui l'exploite devra être nécessairement dans une position aisée. --- Il lui faut un fonds de roulement de 15 à 25 mille francs. Son rôle consiste principalement à surveiller et à diriger les ouvriers et agents qu'il emploie; un travail manuel ne lui serait pas possible; en un mot, c'est un entrepreneur d'industrie. Ses relations commerciales exigent qu'il puisse recevoir convenablement les personnes avec lesquelles il fait des affaires sur les grains, sur les laines, sur les bestiaux, etc. Il est donc utile de lui attribuer un appartement en rapport avec la situation de fortune qu'on exige de lui.

On entend par distribution l'arrangement des différentes parties dont un bâtiment est composé. Le nombre de pièces, leur étendue et leur distribution intérieure dépendent de la destination de l'établissement et doivent être combinés avec goût et convenance, c'est-à-dire que leur ensemble doit présenter le coup d'œil le plus régulier et les distributions les plus commodes.

Les conditions de salubrité étant satisfaisantes, il en est d'autres auxquelles il est important de pourvoir et qu'il est ordinairement facile de concilier avec les premières. La disposition des bâtiments relativement aux terrains de la ferme est généralement considérée comme une question fort grave. -Cette position est déterminée par la condition de donner le minimum de fatigue pour le service des terres et la rentrée des produits. En supposant un domaine horizontal et dont les terres sont

En

homogènes, cette position est le centre de figure du domaine. Elle varie dans les terrains inclinés, par la considération que les poids les plus lourds sont tantôt ceux de sortie, tantôt ceux de rentrée. Dans le premier cas, l'emplacement devrait être choisi en amont du centre de la figure; dans le second cas, en aval. Cette position devrait descendre encore si, comme il arrive quelquefois, les terrains les plus élevés étaient d'un produit moindre que ceux qui occupent le bas du domaine et demandaient aussi des soins de charrois de toute nature. général, à notre avis, entre de certaines limites, la question n'a pas toute l'importance qu'on lui attribue; elle est dominée par la position des chemins ruraux, par la forme des terres qu'il est souvent nécessaire de ne pas altérer, par la possibilité de se procurer des eaux permanentes pour le service de la ferme, par la proximité de chemins publics en bon état, qui facilitent les transports et rendent moins lourde la charge de l'entretien qu'un propriétaire soigneux ne manque pas de s'imposer.

86. - De la salubrité des bâtiments.

Pour obtenir la salubrité des bâtiments, tout aussi désirable que leur solidité, comme on n'est pas toujours le maître de leur position et de leur orientement, on doit considérer que l'humidité, principal agent de leur dégradation, est aussi une cause qui affecte toujours plus ou moins dangereusement les hommes et les animaux, et le principe de quelques-unes des maladies qui abrégent leur vie. L'humidité, d'ailleurs, est l'état atmosphérique le plus favorable à la fermentation des grains et à la multiplication des insectes qui les dévorent.

Cette cause nuisible doit être pesée en raison de son importance dans le choix d'un emplacement, car elle affecte plus les animaux que ne le ferait un air impur. Quand elle est inévitable, l'art offre des ressources pour la combattre.

[ocr errors]

-

En général, il est facile de trouver dans une propriété un emplacement à l'abri de l'humidité; ces endroits sont, du reste, ceux sur lesquels on peut construire d'une manière plus économique, car les sols humides présentent des difficultés de fondations qu'on ne surmonte que par une augmentation de dépense. Ainsi, on doit éviter les fonds de tourbe ou de glaise, dont la présence cause la stagnation des eaux; on doit éviter aussi les sous-sols argileux, car leur imperméabilité entretient une humidité constante à l'endroit de leur contact avec les terrains perméables. - Nous devons observer qu'indépendamment des précautions dans le choix de l'emplacement et dans la construction, la salubrité des bâtiments dépend aussi beaucoup de la propreté avec laquelle on les tient; on ne saurait trop la recommander à leurs habitants, tant pour eux-mêmes que pour leur bestiaux et leurs denrées.

Il peut arriver, dit M. de Perthuis, que par suite de maladies contagieuses, pestilentielles ou épizootiques, il y ait du danger à faire habiter des bâtiments ruraux, soit par des hommes, soit par des animaux, avant d'avoir neutralisé les miasmes méphitiques qui pourraient compromettre leur santé.

Les sciences médico-chimiques donnent aujourd'hui les moyens prompts et certains d'assainir ces bâtiments et de les rendre aussi salubres qu'auparavant.

S'il est question de maladies pestilentielles, il

« PreviousContinue »