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son état, ou de lui ôter les moyens de l'exer

cer.

Ces principes sont si clairs, si incontestables, qu'à peine l'université elle-même a-telle essayé de les nier. Plusieurs jugements des tribunaux les ont consacrés depuis deux ans, de sorte qu'on doit regarder aujourd'hui la jurisprudence comme fixée sur ces points importants. Avec de la fermeté on triomphera sans peine des iniques prétentions du corps enseignant. L'université ne repose sur aucune loi; elle n'est forte que des souvenirs de Buonaparte et de la terreur qu'inspiroient ses décrets.

Au moment où nous terminions cet écrit, on nous apprend que le Défenseur vient d'éprouver de nouveau les rigueurs de la censure. Elle n'a pas voulu qu'on y dit que l'Espagne semble emportée par un esprit de vertige, attendu qu'elle n'est encore emportée que par l'esprit révolutionnaire; ni qu'on y insérât un article où l'on rendoit compte du Mémoire justificatif de M. l'évêque de Gand. Ainsi, en France, il ne sera pas permis de faire connoître la justification d'un évêque catholique condamné à mort dans un pays voisin, sous un gouvernement protestant: cela seroit de mau

vais exemple, et il est évident que c'est l'évêque qui a tort, puisque enfin sa condamnation est un fait. Le comité de censure ne pourroitil pas présenter une humble requête au ministère, pour demander l'extradition de M. le prince Maurice de Broglie, comme rebelle à la doctrine de fait? Cela feroit plus tard un beau précédent en faveur de cette doctrine. On engage messieurs les censeurs à y penser.

RÉFLEXIONS

SUR LA NATURE ET L'ÉTENDUE DE LA SOUMISSION

DUE AUX LOIS DE L'ÉGLISE

EN MATIÈRE DE DISCIPLINE;

A l'occasion d'un discours prononcé par le ministre de l'intérieur, le 21 novembre 1820, lors de la pose de la première pierre du séminaire de SaintSulpice.

Sur la fin du règne de Louis XIII, un simple prêtre institua la congrégation des Sulpiciens, qui a rendu, pendant près de deux siècles, de si importants services à l'Église, et dont le primitif esprit ne s'est pas affoibli un seul instant. Elle fut, depuis son origine jusqu'à nos jours, comme le sanctuaire de toutes les vertus ecclésiastiques, de la modestie, de la piété, aussi bien que des plus pures doctrines. Unissant à l'humilité, à l'abnégation chrétienne, une science pleine de sagesse et de réserve, on l'a vue constamment fuir avec soin toute espèce d'éclat, faire le bien sans ostentation, sans y mêler aucune vue, même éloignée,

d'intérêt et de gloire humaine. On diroit au contraire que l'oubli des hommes est à ses yeux la plus douce récompense d'un zèle et d'un dévouement que, malgré sa frivolité, le monde même n'a pu s'empêcher d'admirer.

On sait que Fénélon fut élevé au séminaire de Saint-Sulpice, par M. Trouson, qui obtint toute sa tendresse, comme il avoit mérité la confiance de Bossuet; et le nom de cet homme vénérable se soutient encore près de ces grands noms, tant la vertu a de force par elle

même !

Que de saints Évêques, et de prêtres dignes de les seconder dans leurs fonctions apostoliques, la France n'a-t-elle pas dus à cette pieuse congrégation! Mais le moment vint où elle tomba avec toutes les institutions religieuses, et l'Église gallicane et la monarchie. Quand les fureurs de la révolution parurent s'être un peu calmées, un homme capable de concevoir de grands desseins et de les exécuter entreprit de faire sortir Saint-Sulpice de ses ruines, et il y réussit. Il sut trouver des coopérateurs animés du même zèle, et qui doivent partager avec lui la reconnoissance qu'inspirent aux amis de la religion des travaux chaque jour mieux appréciés. Parmi ces ecclésiastiques

respectables, que nous n'osons nommer dans la crainte d'affliger leur modestic, il en est un que ses rares talents ont porté dans une autre carrière; et il nous est permis d'indiquer au moins l'auteur de ces célèbres conférences qui attirent chaque année un si nombreux concours d'auditeurs, qu'on ne se lasse point d'entendre, et que Dieu ne se lasse point de bénir.

L'ancien séminaire de Saint-Sulpice ayant été démoli, M. Emery fut contraint d'acheter dans le voisinage une maison trop peu spacieuse pour servir long-temps de séminaire diocésain. La santé des jeunes gens entassés dans cet étroit espace souffroit tellement par le défaut d'air, qu'on a enfin reconnu la nécessité d'un local plus vaste; et le Roi, suivant en cela les glorieux exemples de ses ancêtres toujours attentifs à pourvoir aux besoins de la religion, a daigné donner des ordres pour hâter la construction d'un nouvel édifice, dont la première pierre a été posée le 21 novembre, jour de la présentation de la sainte Vierge. M. le ministre de l'intérieur, présent à cette. pieuse cérémonie, a prononcé un discours qu'il nous seroit agréable de pouvoir louer sans restriction; mais la conscience ne le souffre pas :

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